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Une cybercampagne contre l’homophobie au Maroc

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« Une opération de sensibilisation »

Lancée par le magazine LGBT marocain Aswat, la cybercampagne « L’amour pour tous » a débuté au début du mois de mai, en prévision de la journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, créée en 2005 à l’initiative de l’association IDAHO et de son président, Louis-Georges Tin. A travers cette campagne, les organisateurs espèrent « agir contre l’homophobie, très présente dans la société marocaine, et arabe en général, à travers une opération de sensibilisation », explique Ishaq Nouri, Directeur adjoint du magazine Aswat.

L’homosexualité, un tabou au Maroc

Considérée comme immorale dans de nombreux pays musulmans, l’homosexualité est passible d’une peine de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement et d’une amende de 120 à 1 200 dirhams au Maroc, selon l’article 489 du code pénal qui criminalise « les actes licencieux ou contre nature avec un individu du même sexe ». « L’homosexualité est à la fois une honte, un pêché aux yeux de la société et un crime aux yeux de la loi » déplore Ishaq Nouri. « C’est un grand tabou au Maroc, personne n’en parle », ajoute-t-il.

L’objectif de la campagne consiste donc à déclencher un débat médiatique sur le sujet et « démystifier les préjugés négatifs sur l’homosexualité », précise le directeur du magazine. Les organisateurs de la campagne réclament également l’abrogation de l’article 489 du code pénal marocain ainsi que la mise en place de lois et de mesures qui protègent les minorités sexuelles contre l’homophobie. 

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Dépasser les frontières virtuelles

La campagne, qui se déroulera jusqu’à la fin du mois, se limite pour l’instant aux réseaux sociaux. Victimes de menaces concernant une éventuelle manifestation des militants LGBT, le 17 mai, les organisateurs ont préféré limiter la campagne au monde virtuel. Depuis le début de l’opération, des dizaines de militants postent sur les réseaux sociaux des photos d’eux avec des pancartes dénonçant la haine et l’homophobie.

« Criminaliser l’amour »

Selon la seule base associative de la communauté LGBT marocaine, « Kifkif », crée fin 2004, environ 5000 homosexuels auraient comparu devant la justice pour avoir enfreint l’article 489, depuis l’indépendance du Maroc en 1956. Récemment, plusieurs affaires sur le sujet ont fait le tour du web. En juillet 2012, un paquebot néerlandais transportant des touristes gays s’était vu refuser l’entrée du port de Casablanca. Au début du mois de mai, deux hommes, âgés de 20 et 28 ans, ont été accusés d’homosexualité et placés en détention à la prison de Salé, près de Rabat. « Au moment où l’on parle du mariage pour tous en France, de l’autre côté de la méditerranée, nous continuons à appliquer des lois homophobes qui criminalisent l’amour », regrette Ishaq Nouri. Pour lui, « c‘est une violation des droits de l’Homme et de sa liberté sexuelle » . 

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