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Vigipirate, l’ordinaire de la lutte anti-terrorisme en France

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Les enquêteurs sont toujours à la recherche de l’auteur de la tentative de meurtre sur un soldat qui patrouillait dans le cadre d’une mission Vigipirate dans le quartier de la Défense, à Puteaux, samedi 25 mai.

Imaginer pour contrer les groupes anarchistes d’extrême-gauche

Acte de terrorisme ou geste d’un déséquilibré, toutes les pistes sont explorées pour retrouver l’auteur de ce geste qui marque une première depuis la mise en place du plan Vigipirate, il y a maintenant 30 ans.

Depuis le déploiement de ce type de patrouilles, c’est la première fois qu’un soldat français se fait agresser dans l’exercice de sa mission.

C’est en 1978, à une époque où l’Europe connait une grande vague d’attentats terroristes, provoquées par les actions de groupes tels que les anarchistes d’extrême-gauche des Brigades Rouges ou Action Directe, actions dirigées contre les intérêts et ressortissants français, sur le territoire comme à l’étranger, qu’a été imaginé le plan Vigipirate.

La guerre du Golfe active le plan Vigipirate

Les prises d’otages, homicides et agressions qui ont cours durant cette période forcent le gouvernement français à imaginer un plan qui permettrait, de protéger la population, ses infrastructures et ses institutions, mais également de réagir en cas d’acte terroriste – sur le territoire national ou sur celui de pays étrangers dans lesquels la France possède des intérêts.

Depuis sa création, le plan a subi de nombreuses modifications. La version en vigueur actuellement date de 2006.

C’est le 2 janvier 1991 que le plan est déployé pour la première fois, alors que la France est engagée dans la guerre du Golfe. Le plan Vigipirate est déclenché dans sa phase 1 et les 400 mesures qu’il comporte ne sont alors pas toutes activées.

Pourtant, quelques jours plus tard, la phase 2 est déclenchée, parallèlement aux premières frappes qui visaient à libérer le Koweït des forces irakiennes.

La France en niveau rouge depuis 2004

Suspendu à deux reprises, entre le 26 avril 1991 et le 8 septembre 1995 puis entre octobre et décembre 1996, le plan Vigipirate a sinon toujours été activé en France, selon les différents degrés qu’il comporte.

Ces quatre niveaux d’alertes ont tous été un jour activés en France. Le niveau jaune, qui implique d’accentuer «  la vigilance, face à des risques réels mais encore imprécis, par des mesures locales avec le minimum de perturbations dans l’activité normale », et qui permet de se préparer à un éventuel passage aux niveaux supérieurs, a été décidé à deux reprises en 2003 et 2004.

Dans le cadre de la guerre en Irak, le 20 mars 2003 le niveau orange est déployé sur toute la France. Ce niveau permet de « prévenir le risque d’une action terroriste considérée comme plausible, fût-ce au prix de contraintes et de perturbations modérées dans l’activité normale, et se mettre en état de passer rapidement aux postures des niveaux rouges et écarlate ».

Le niveau orange restera activé jusqu’en octobre 2003, après les attentats survenus à Casablanca, en mai de la même année. Si ce n’est une brève période de l’été 2004, la France ne connaîtra ensuite que le niveau rouge de ce plan.

La France en rouge pour les attentats en Europe

C’est lorsque le gouvernement considère qu’il y a « menace hautement probable » qu’il peut alors activer ce troisième niveau, censé « prévenir des attentats graves ».

L’objectif du niveau rouge est de « prendre les mesures nécessaires pour prévenir le risque avéré d’un ou plusieurs attentats graves, comprenant certaines mesures de protection des institutions, et mettre en place les moyens de secours et de riposte appropriés, en acceptant les contraintes imposées à l’activité sociale et économique ».

Ce niveau est activé pour la première fois en mars 2004, à la suite des attentats de Madrid qui ont fait 200 morts et 1 400 blessés dans les explosions. D’abord appliqué dans les transports terrestres, il est généralisé sur tout le territoire français en mai de la même année.

Le niveau rouge du plan Vigipirate, une habitude française

Un an plus tard, le métro de Londres est la cible d’attentats terroristes qui font 56 morts et 700 blessés. La France décide de renforcer son plan et 1 000 militaires sont déployés de nouveau en renfort des équipes déjà en place.

Cette même année, la France assiste à l’embrasement d’un grand nombre de ses banlieues. Le gouvernement décide alors de renforcer le niveau rouge du plan Vigipirate en décrétant l’état d’urgence jusqu’en janvier 2006.

Jusqu’en 2012, la France reste sous cette alerte rouge, qui sera améliorée et renforcée à de nombreuses reprises. Le 16 décembre 2008, jusqu’à 2 200 hommes supplémentaires sont déployés après la découverte d’explosifs dans l’enceinte du magasin Printemps à Paris.

En mai 2011, après l’annonce de la mort du leader d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, les 27 principales agglomérations de région parisienne  sont placées sous surveillance accrue.

Ecarlate pour Mohammed Merah

Le 19 mars 2012 marque une première dans l’histoire du plan Vigipirate. Pour la première fois, le niveau écarlate est activé à la suite des tueries de Toulouse et de Montauban qui, on le saura quelques jours plus tard, ont été fomentées par un jeune islamiste franco-algérien, Mohammed Merah. Il sera tué lors d’une opération du Raid à son domicile de Toulouse, quelques jours plus tard, le 24 mars. Ce même jour, le plan Vigipirate retrouvera sa couleur rouge qu’il n’a plus quitté depuis, si ce n’est quelques améliorations et renforcements apportés à la suite du déclenchement de l’opération Serval au Mali en janvier 2013 et des deux explosions du marathon de Boston, en avril 2013.

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