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Après la révolution de jasmin, une presse enfin libre en Tunisie?

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Deux ans après la chute du régime de Ben Ali, où en est la situation de la presse en Tunisie ? Depuis le 14 janvier 2011, des chaînes de télévision, de radios et les journaux ont émergé sur la scène médiatique tunisienne. Si la censure a été levée, la liberté d’expression acquise pendant la Révolution reste fragile comme en témoigne les pressions et les intimidations subies par les journalites et bloggeurs tunisiens.

La liberté de la presse, «seule victoire de la Révolution tunisienne» ?

Pour Nadia Khiari alias Willis from Tunis, dessinatrice de presse en Tunisie, l’une des seules réelles victoires de la révolution en Tunisie est la liberté d’expression : « la censure sur Internet est levée, les médias s’expriment, les Tunisiens parlent enfin librement sur les réseaux sociaux, blogs et dans la rue », explique la dessinatrice qui publie bénévolement chaque jour un dessin sur Facebook. Malgré ce constat, cette enseignante aux Beaux-Arts reste prudente : « Les lois de Ben Ali sont toujours là et le gouvernement actuel s’en sert pour faire taire à nouveau. Une des lois utilisée à tort est le trouble à l’ordre public » , dont a fait les frais le collectif de graffeurs « Zwewla », ou encore le rappeur Weld el 15, condamné jeudi 13 juin à deux ans de prison par le tribunal de Ben Arous.

Intimidations et pressions

Longtemps sous le joug de la censure, les journalistes doivent encore faire face aujourd’hui aux menaces et aux intimidations des autorités tunisiennes. « La société civile, les avocats, les associations sont très présentes pour défendre cette liberté d’expression. La lutte est continue. Mais on se doit de la conserver. Des Tunisiens sont morts pour cette liberté et rien que pour cela, on ne doit pas céder aux pressions », rappelle la dessinatrice.

Mobilisation des associations

Cette mobilisation des professionnels des médias pour défendre la liberté d’expression s’est récemment traduite lors de la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai dernier. A cette occasion, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a appelé les journalistes a manifester pour protester contre les actions du gouvernement pour tenter de contrôler les médias et éviter ainsi de revivre la censure exercée sous la dictature de Ben Ali. Dans le cadre du procès de Alaa Yaacoub, alias Weld El 15, le syndicat national des journalistes tunisiens a également appelé à « l’ouverture d’une enquête sérieuse sur les agressions » commises par la police tunisienne sur des journalistes venus assister au procès. 

Encore du chemin à faire

Pour Mourad Teyeb, journaliste tunisien pour Tunisia News Network, le changement de régime en Tunisie n’a pas vraiment touché le secteur de la presse. Les Tunisiens n’ont toujours pas confiance en leurs médias – souvent dominés par les journalistes corrompus en place sous Ben Ali – et préfèrent se tourner vers les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter : « Les Tunisiens regardent les journalistes d’un œil très suspect. Pour la majorité de la population, nous journalistes, nous n’avons pas changé. Il faut dire qu’il n’y a pas eu vraiment d’effort de la part des journalistes pour améliorer les choses en Tunisie, ni dans la forme, ni dans le contenu », explique-t-il. 

 

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