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Au Salvador, pas question d’avorter

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Au péril de la vie de la jeune femme, l’Etat salvadorien a tranché : pas question d’avorter. La ligne directrice de ce pays dont la population est majoritairement catholique est claire, retirer un fœtus – quelle que soit son état – du ventre de sa mère est criminel. Le cas de Beatriz (nom d’emprunt) n’a en rien dérogé à la règle. Déjà mère d’un enfant âgé d’un an, la jeune salvadorienne est à nouveau enceinte, mais, problème, les échographies ont révèlé une absence de cerveau chez ce bébé. Ce qui laissait augurer d’une mort certaine du nourisson dès la naissance.

Avorter est considéré comme un crime

Malgré un recours déposé afin d’avorter pour raisons thérapeutiques, Beatriz, qui a récemment découvert être atteinte d’un lupus, une maladie systémique auto-immune, a reçu une réponse négative ferme de la part de la chambre constitutionnelle de la Cour Suprême, au motif que « les droits de la mère ne peuvent prévaloir sur ceux de l’individu qui va naître, et vice-versa. »

L’anencéphalie du fœtus et la mise en danger de la mère n’étant pas une raison suffisante pour le gouvernement salvadorien d’alléger sa position radicale et pour le moins répressive, comme le notait le New York Times en 2006 : « [l’interruption volontaire de grossesse est] considérée ici comme un crime pour toute personne impliquée, y compris pour la femme qui a avorté. Plusieurs jeunes femmes font déjà de la prison, d’autres sont condamnées à trente ans de réclusion. »

Si certains pays ont libéralisé leur législation sur la question de l’avortement, le Salvador, tout comme les Etats-Unis – selon les états – ou encore la Russie, ont pris le chemin inverse. « L’ensemble des cas d’exception existant dans un certain nombre de pays où l’avortement est toléré – viol, inceste, malformation fœtale, risque mortel pour la mère – ne s’applique pas au Salvador. […] Il n’y a pas d’exception », insiste le journal américain.

Une césarienne à la 26e semaine de gestation

Privée du droit d’interrompre sa grossesse, la jeune femme a finalement pu accoucher par césarienne le 3 juin dernier, comme elle le voulait en solution de secours, afin de préserver sa santé face au nourrisson condamné. A six mois de grossesse, son état pouvant empirer chaque jour un peu plus, le gouvernement a laissé faire cet accouchement précipité car « cette interruption de grossesse n’était pas un avortement, [mais] un accouchement provoqué, ce qui est différent », avait indiqué la ministre de la Santé, Maria Isabel Rodriguez, à la télévision salvadorienne après l’opération.

Si la mère va mieux, le nourrisson est lui, décédé. Le cas de Beatriz a relancé un vif débat dans ce pays très attaché à la religion. L’archevêque de San Salvador, Jose Luis Escobar, avait même expressément demandé à la Cour de n’offrir aucun passe-droit à la jeune femme de 22 ans, ayant peur que cela crée une jurisprudence. Indignés, la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) et des militants féministes ont protesté contre cette loi fondamentale au Salvador, sans succès face aux responsables religieux.

Ci-dessous, des images de ces manifestations (en espagnol).

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