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Chantier des Halles : «Faire le lien entre la ville du dessus et du dessous»

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JOL Press : 30 ans après l’ouverture du site, quelle sont les raisons de cette restructuration ?
 

Dominique Hucher: Elles reposent d’abord sur une motivation technique. Lorsque le site a été crée dans les années 70, ce bâtiment n’avait pas été conçu pour l’affluence qu’il connaît aujourd’hui : cela posait des problèmes de sécurité. L’opération consiste a multiplié quasiment par deux, les sorties et les entrées du forum pour garantir la sécurité du public.

Il y a aussi des raisons architecturales et urbanistiques : le site avait beaucoup vieilli… ce qui ne donnait pas vraiment envie d’y venir. Dès 2002, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a proposé une rénovation afin de changer la physionomie du quartier. L’objectif consiste à la fois à renouveler le site et à corriger les erreurs du passé. Le projet de l’époque manquait de cohérence, il avait été changé à chaque fois qu’il y avait un nouveau président de la République, un nouveau ministre de la Culture ou un nouveau maire… Le résultat final donnait quelque chose de disparate et de peu compréhensible.

JOL Press : Comment décrieriez-vous la Canopée, le projet phare du chantier des Halles ?
 

Dominique Hucher: C’est est un symbole urbain et architectural qui permet de faire le lien entre le Ville du dessus – celle que l’on connaît tous – et la ville du dessous. Cette immense ville souterraine regroupe la plus grande gare ferroviaire d’Europe, un énorme centre commercial et une multitude d’équipement publics de la ville de Paris. La Canopée se déploiera sur deux étages. Le rez-de-chaussée comprendra des commerces qui donneront directement sur les rues. Au premier étage, le public pourra avoir accès à une série d’équipements publics : un conservatoire de musique, une bibliothèque, un équipement hip-hop très innovant ainsi qu’une maison des pratiques artistiques – un établissement à destinations des artistes musiciens amateurs des salles.

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JOL Press : On reproche souvent le côté lourd du bâtiment.  Qu’en pensez-vous ?
 

Dominique Hucher: C’est une observation dénuée de tout fondement. Lorsque l’on regarde la structure d’un immeuble, on observe avant tout la façade qui se déploie autour du bâtiment. Notre jugement esthétique se porte sur la façade et non sur la structure cachée. Pour l’instant, nous ne voyons que la structure de la Canopée qui sera bientôt cachée par de grandes façades vitrées, d’architecture contemporaine. La seule structure qui restera visible sera la verrière au-dessus de l’espace public. D’un point de vue technologique, cette verrière est un peu comme toutes les grandes verrières, comme celle du Grand Palais, qui inonde de lumière  tout l’espace en dessous. Cette structure est un enjeu de légèreté architecturale, où l’on pourra voir le ciel à 80%.
 

JOL Press : Comment a été selectionné le projet ?
 

Dominique Hucher : La démarche de la ville de Paris est avant tout une démarche urbaine. Avant de commencer l’étape de l’architecture, la ville a demandé à quatre équipes internationales de réfléchir à un projet. C’est celui proposé par l’architecte David Mangin, du cabinet Seura, qui a été retenu car il mettait en avant cette liaison entre la Ville du dessus et celle du dessous. Ce projet permettait également d’augmenter les équipements du site : il y aura environ deux fois plus de commerces et d’équipements publics en surface.  

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JOL Press:  Quels étaient les inconvénients du Jardin Lalanne ? A quoi ressemblera le prochain jardin ?
 

Dominique Hucher: Le jardin existant était extrêmement morcelé. Il était composé de plusieurs petits jardins séparés les uns des autres par des clôtures et des zones boisées. Moins de la moitié de la surface était accessible au public. Le projet du nouveau jardin sera accessible à 90% pour les passants.

Il sera composé d’une grande prairie centrale qui sera encadrée par deux lisières d’arbres. Au milieu de la prairie centrale, une allée principale se déploiera du centre de la Canopée jusqu’à la Bourse de commerce de Paris. Il s’agit d’une composition urbaine cohérente. Les deux lisières d’arbres sont le prolongement naturel de la Canopée. Si l’architecte Patrick Berger a appelé son édifice « Canopée », c’est parce qu’il s’est inspiré de la canopée végétale et a donné à la toiture des formes et des couleurs d’inspiration végétale. Quand la lisière sera plantée, nous aurons un très bel effet, où l’on verra les deux Canopées, la vraie, et l’architecturale dans le prolongement l’une de l’autre.  

JOL Press : Quel est le coût de l’opération ? Quels sont les différents partenaires ?
 

Dominique Hucher: L’opération globale représente un budget global de 802 millions d’euros hors taxes, validé par le Conseil de Paris. Pour l’instant nous nous tenons parfaitement à ce budget. Nous avons passé l’essentiel des marchés de travaux en respectant cette enveloppe financière. Les partenaires financiers de l’opération regroupent, d’une part le propriétaire du centre commercial, qui contribuera à hauteur de 230 millions d’euros, et d’autre part, la Région Ile de France et la RATP, qui contribueront à hauteur de 80 millions. Le reste est pris en charge par Paris.  

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JOL Press : Comment se passe l’échange avec les associations de riverains ?
 

Dominique Hucher: De mon point de vue, la concertation se passe très bien avec les associations… Il y a eu un long moment de concertation: la ville a multiplié les réunions avec les associations. Cette concertation colossale s’est achevée en 2010. Depuis nous sommes passés sur un autre registre de concertations davantage concentré sur le chantier. Nous discutons avec les représentants des riverains, à la fois les habitants – comme l’association Accomplir- mais avec les représentants des activités économiques, comme les commerçants, pour que le chantier les gêne le moins possible.

Même les associations opposées au projet savent faire la part des choses. Il y a eu une décision démocratique. Le temps du débat est terminé, maintenant il faut que ce projet soit réalisé du mieux possible. Toutes les associations participent très constructivement à ce dispositif de concertation de chantier. Il existe un comité de suivi qui se réunit au moins une fois par mois, afin de faire le point sur toutes les difficultés rencontrées par les riverains. On échange en permanence avec eux, pour trouver des solutions.

JOL Press : Le calendrier sera-t-il respecté ?
 

Dominique Hucher: Nous avons figé le calendrier de l’opération début 2010, au moment où le projet était à peu près stabilisé. Pour l’instant nous nous y tenons. Concernant les grandes échéances du projet, la fin du clos couvert de la Canopée – la structure mais aussi les façades, et la toiture –  sera terminé à la fin de l’année 2013. Les aménagements intérieurs seront quant eux achevés fin 2014. Il faudra en revanche attendre le début de l’année 2015 pour que les équipements publics et les commerçants puissent s’installer dans leurs nouveaux locaux. La partie ouest du jardin sera ouverte au public avant la fin de l’année.

Propos recueillis par Louise Michel D.

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