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Comment François Hollande souhaite lutter contre le FN

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« Nous aurons à tirer toutes les leçons du premier et du second tour, mais ce n’est pas le lieu même si c’est le moment », lançait François Hollande, lors d’une conférence de presse, en Jordanie, après réception des premiers résultats de Villeneuve-sur-Lot, dimanche dernier. Et dans l’avion qui le ramenait à Paris, le Chef de l’Etat a regretté devant des journalistes « une banalisation » du FN. L’élimination du candidat PS dès le premier tour inquiète François Hollande qui souhaite réagir pour limiter les dégâts aux municipales de 2014 : « La question, c’est comment la gauche agit aux municipales », a expliqué le Président. « On peut aller en commun dès le premier tour, cela dépendra des cas.»

S’adresser à l’électorat populaire

Pour le Chef de l’Etat, la solution serait avant tout de s’adresser aux abstentionnistes, très présents dans les milieux populaires. « Notre choix, c’est de nous adresser à notre électorat et aux abstentionnistes. De fait, cela dégonflera mathématiquement le vote FN », décrypte un ténor du PS, à Libération, en marge de la rencontre de François Hollande et d’associations de banlieues « et de quartiers populaires ». Le Président a « souligné l’importance d’une participation active des citoyens et des habitants à la construction et l’évaluation des politiques publiques les concernant », s’est empressé de souligner un communiqué de l’Elysée.

Un avis partagé par Matthias Fekl, député de la 2e circonscription du Lot-et-Garonne, premier secrétaire de la fédération socialiste du département et conseiller régional d’Aquitaine. « L’enjeu n’est pas de savoir si le gouvernement doit être plus ou moins à gauche », explique-t-il dans une interview au Monde. « C’est, plus prosaïquement, de répondre aux impatiences de plus en plus fortes de nos concitoyens, notamment dans les milieux populaires. »

Et d’ajouter : « Ce qui s’est joué à chacune de ces partielles doit nous inciter à déterminer d’urgence une stratégie collective pour combattre le FN. Pour cela nous devons bâtir un argumentaire solide pour démontrer concrètement les conséquences désastreuses qu’auraient ses propositions, y compris économiques. L’idéal serait d’ailleurs que ce travail se fasse au-delà du PS et qu’il réunisse toute la gauche qui pourrait, ce faisant, retrouver une dynamique pour se ressouder. »

« Le FN siphonne les voix du PS »

Selon le politologue, professeur à Sciences-Po, Dominique Reynié, « les électeurs qui grossissent les rangs du FN viennent de la gauche », explique-t-il au Parisien. « Le FN vampirise, siphonne les voix du PS et il en sera ainsi jusqu’en 2017. » Et d’ajouter : « Le FN devient le nouveau parti protestataire. Ce sont des ouvriers, des employés modestes, des ruraux qui se tournent vers lui. »

Une position que rejette en bloc Bruno Le Roux. Le chef de file des députés est en effet certain qu’ « aucun électeur de gauche n’a voté pour le Front national » et jugé, évoquant Jérôme Cahuzac, que si le PS en était là c’était « bien de sa responsabilité ». « C’est une cause principale.»

Pour Jean-Pierre Raffarin, la meilleure réponse à apporter au FN est l’unité de l’UMP. « Ce qui est quand même extraordinaire, c’est que le Front national est au second tour quand le PS est au pouvoir. Il y a une sorte de parallélisme des situations », a-t-il estimé rappelant le sort de Lionel Jospin : « Cinq ans de pouvoir, et pas de qualification au second tour » à la présidentielle. « Il est clair qu’il y a un report très important du vote socialiste sur le Front national ». « Le Parti socialiste, finalement, est coupé de ses électeurs » qui « n’écoutent pas les consignes ».

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