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Contre les émissions de CO2, la Pologne mise sur le nucléaire

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Lors d’un sommet régional qui s’est tenu dimanche 16 juin à Varsovie, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a rencontré les dirigeants du groupe de Visegrád, réunissant quatre pays d’Europe centrale – la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. Le Japon s’intéresserait de près au secteur polonais de l’énergie, celle-ci souhaitant se doter d’ici 2024 de sa première centrale nucléaire.

« Tous les tuyaux mènent à Gazprom »

Mais le Japon n’est pas le seul intéressé : lors d’une scéance au Sénat polonais la France a réitéré le 4 juin sa volonté de coopérer dans le dossier énergétique de la Pologne. « Si l’indépendance énergétique totale est une chimère, la dépendance a un coût, économique et parfois politique. Dépendre le moins possible des importations d’énergie, ou d’un petit nombre de fournisseurs est un objectif légitime de politique publique », a déclaré l’ambassadeur de France en Pologne

La Pologne dépend en effet en grande partie de l’importation du gaz russe : si le pays produit un tiers de ses besoins en gaz, la majeure partie des deux autres tiers importés viennent de Russie, et notamment de l’exploitant russe Gazprom. « En France, vous êtes à l’aise car vos fournisseurs de gaz sont diversifiés. Chez nous, tous les tuyaux mènent à Gazprom ! » avait déclaré le vice-premier ministre polonais Waldemar Pawlak en novembre dernier, lors d’une visite du président français à Varsovie.

Devant le parlement polonais, François Hollande avait alors déclaré : « Ensemble, nous devons l’être sur la question de l’énergie, où nous avons nos débats – j’imagine  ici les mêmes qu’en France – sur le nucléaire, sur le gaz, et sur tant d’autres choses. Mais faisons en sorte d’aller de l’avant ensemble, sur la transition énergétique, sur le respect de l’environnement et sur la capacité de tirer de nos ressources tout le potentiel nécessaire. »

Diversifier les ressources énergétiques

Dans le cadre du plan climat-énergie de l’Union Européenne, la Pologne s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 14% d’ici 2020. Le pays ne possède pas de centrale nucléaire et produit en effet près de 94% de son électricité à partir du charbon. Compte tenu des importantes émissions de dioxyde de carbone (CO2), le pays souhaite ainsi avoir recours à d’autres ressources énergétiques.

En plus de l’exploitation du gaz de schiste, le gouvernement polonais a adopté début 2009 une résolution qui prévoit la mise en place progressive d’une filière nucléaire en Pologne, avec comme objectif la construction de deux centrales nucléaires de 3 000 MW chacune. La première devrait être opérationnelle en 2024 ou 2025, et la deuxième en 2029.

Des entreprises françaises et japonaises intéressées

Le groupe PGE, opérateur du programme nucléaire en Pologne, qui déclarait peu après l’accident nucléaire de Fukushima que « la priorité du programme polonais de l’énergie nucléaire » restait « la sécurité », devrait relancer le processus d’appel d’offres début 2014, afin de choisir son fournisseur en 2015 au plus tard. 

Parmi les principaux conglomérats, les français EDF/Areva et les groupes américano-japonais Westinghouse Electric Company et GE Hitachi/Nuclear Energy Americas se sont montrés intéressés par le projet.

La première centrale nucléaire devrait être située sur le littoral de la Baltique, dans le nord du pays. Les villes de Zarnowiec, Choczewo et Gaski, proches de la mer, ont été pré-sélectionnées sur une centaine de propositions, rappelle le site de la Société française d’Énergie nucléaire (SFEN). Le choix définitif du site sera annoncé dans deux ans environ.

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