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Dans la «dictature américaine», les citoyens se préparent au pire

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Ceci n’est pas vrai un reportage. Bien que l’actualité soit réelle, de nombreux éléments de cet article ont été imaginés. Voici le premier volet d’une série qui examinera de près le langage qu’utilisent les journalistes pour couvrir l’actualité internationale. Et si ces mots étaient utilisés pour parler des Etats-Unis ?

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Les militants pour la défense des droits de l’Homme affirment que les révélations selon lesquelles le régime américain a élargi son programme de surveillance nationale sur les opérateurs de téléphonie privés prouvent une nouvelle fois le tournant autoritaire pris par les Etats-Unis.

Les droits de l’homme n’existent plus aux Etats-Unis

Cette semaine The Guardian, quotidien britannique, a révélé qu’une antenne de la redoutable intelligentsia du pays et l’appareil de sécurité ont ordonné aux grandes sociétés de télécommunications de lui fournir toutes leurs données sur les appels émis par des particuliers.

« Les puissants de Washington continuent de bafouer les droits humains fondamentaux », explique un activiste qui a demandé à garder l’anonymat, craignant de mettre en danger son organisation. « Si le gouvernement américain n’es pas disposé à changer de cap, il est temps pour la communauté internationale d’envisager des sanctions économiques. »

Au cours de la dernière décennie, les Etats-Unis ont adopté une série de lois accordant de vastes pouvoirs aux forces de sécurité pour lutter contre le « terrorisme ». Mais aujourd’hui, les observateurs étrangers estiment que les autorités abusent de ces lois en les utilisant contre les citoyens ordinaires.

Déception chez les partisans d’Obama

A côté du soi-disant Patriot Act, voté en 2001, et qui est peut-être la législation la plus spectaculaire adoptée pour priver les Américains de leur liberté, de nombreuses lois, moins médiatisées ont permis l’élargissement de la surveillance des agences de presse, des courriers électroniques, des réseaux sociaux et des groupes d’opposition, tels que le mouvement Occupy ou encore le Tea Party, tous deux très critiques du régime.

Le leader américain Barack Obama, premier président noir du pays élu après avoir ramené à lui une grande partie de l’électorat jeune, est arrivé au pouvoir en 2008 en promettant de nombreuses réformes. Il a été accueilli aux Etats-Unis – un pays de 300 millions d’habitants – avec optimisme. Mais depuis, il a déçu la grande majorité de ses partisans, gouvernant avec une poigne de fer et poursuivant, voir même élargissant, la politique menée par l’ancien président George W. Bush.

Surveillance maximale

Lors d’une récente visite aux Etats-Unis, des journalistes de Global Post ont eux-mêmes constaté que les signes de la présence de l’appareil sécuritaire sont visibles partout dans le pays.

Dans tous les aéroports nationaux, les passagers sont désormais contraints d’être scannés avant d’embarquer. De petites caméras sont installées à chaque coin de rue, enregistrant les moindres faits et gestes du public. Des avertissements réguliers dans les transports en commun sont diffusés afin d’encourager les passagers à dénoncer toute « activité suspecte » aux autorités.

Plusieurs villageois américains qui ont été interrogés ont affirmé que l’omniprésente campagne de communication du gouvernement appelée « Si vous voyez quelque chose, dites quelque chose », est parvenu à instaurer un climat de grande méfiance au sein de la population.

Chaque Américain est un terroriste potentiel

« J’ai supprimé mon compte Facebook, je n’utilise plus ma boite mail et je ne visite plus les sites internet qui pourraient être considérés comme anti-régime », explique un résident du nord de Boston, une ville très engagée dans la rébellion. C’est ici que les milices américaines se sont soulevées pour la première fois contre l’empire britannique. « Mais mon téléphone ? Comment puis-je arrêter de me servir de mon téléphone ? C’est allé trop loin. »

Des dissidents américains interrogés par Global Post estiment que la surveillance orchestrée par les agences de sécurité ne représente que la partie émergée de l’iceberg des efforts beaucoup plus importants que l’administration Obama a mis en œuvre pour centraliser le pouvoir.

Ces dernières années, le leader américain a personnellement approuvé l’emprisonnement – et parfois même l’exécution – de citoyens américains soupçonnés d’être impliqués dans ce que le régime appelle une « activité terroriste ».

« Que signifie exactement le terrorisme ? Ce terme est tout le temps utilisé ces temps-ci et en fait, tout le monde peut être accusé de terrorisme », explique un manifestant anti-gouvernement victime de gaz lacrymogènes et arrêté en 2011 pour avoir participé à une manifestation pacifique à New York, la plus grande ville américaine et sa capitale économique.

La loi internationale bafouée à Guantanamo Bay

Obama a également supervisé la répression des dénonciateurs, dont le plus célèbre reste le soldat Bradley Manning, actuellement emprisonné pour avoir divulgué des documents mettant en cause les actions de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan.

Le gouvernement a silencieusement emprisonné Manning durant trois ans avant de le traîner devant une cour de justice cette semaine. Il a passé les neuf premiers mois de sa détention en isolement. Obligé à dormir nu, sans oreiller ni draps, il n’a eu ni le droit de lire les journaux, ni de regarder la télévision ni de faire de l’exercice.

Les activistes critiquent également le régime américain pour avoir emprisonné sans procès des étrangers jugés menaçants pour la sécurité nationale dans un camp de prisonniers situé à Guantanamo Bay. Cette semaine, une enquête a révélé que les forces américaines de Guantanamo avaient forcé des prisonniers participant à une grève de la faim à se nourrir. L’alimentation forcée est interdite au regard de la loi internationale.

Vers une nouvelle mobilisation populaire

Pendant ce temps, les chuchotements de rue sur les prochaines actions du gouvernement se transforment en un grondement sourd. Mais après le soulèvement national de 2011, orchestré par le mouvement de gauche Occupy, qui s’est soldé par de nombreuses expulsions et arrestations, les Américains semblent hésiter à redescendre dans la rue.

La plupart des grands médias qui, aux Etats-Unis, sont financés par des entreprises et qui ont soutenu la campagne présidentielle du président Obama n’ont que très peu couvert ces sujets.

Cependant, pour de nombreux observateurs étrangers, cette récente annonce selon laquelle le pouvoir politique observerait et écouterait ses citoyens pourrait bien conduire à un nouveau soulèvement – au moins parmi les citadins, les élites des grandes villes du pays – reflétant ainsi les évènements survenus récemment en Turquie ou plus tôt dans tout le monde arabe.

L’opposition se réunit contre Barack Obama

Un homme d’affaire étranger qui travaille avec le gouvernement américain sur les questions de sécurité explique que le pouvoir d’Obama est aujourd’hui trop bien établi et trop renforcé par de puissants services de sécurité pour être fragilisé par une révolte populaire.

« Ce n’est pas la Tunisie », explique-t-il. « C’est plus comme la Chine, où les forces de sécurité sont capables de venir à bout de n’importe quel mouvement de protestation. »

L’homme d’affaires ajoute qu’Obama a été élu démocratiquement à deux reprises, ce qui, selon lui, lui donne assez de crédibilité pour résister à une opposition même sérieuse.

Dans une petite maison sans prétention près de Boston, des membres de l’opposition ne sont pas d’accord et estiment que le président a perdu « toute crédibilité ». Le groupe affirme que l’opposition continue de s’organiser et de grandir et qu’il ne s’agit désormais que d’une question de temps avant que tous les Américains ne rejoignent le mouvement.

En effet, les différentes factions commencent à se réunir sur la question de la surveillance nationale, en dépit de leurs fortes divergences.

« Ces jours-ci, nous nous rencontrons en personne pour parler de stratégie. Les téléphones et les courriers électroniques ne sont plus sûrs pour nous », explique l’un d’eux.

« Notre objectif est maintenant de dire au monde entier ce qu’il se passe ici. C’est la première étape. Nous devons expliquer comment le régime américain est parvenu à contrôler la vie des citoyens. »

Global Post / Adaptation JOL Press

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