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De la mémoire à l’Histoire: la leçon de résistance d’un Français libre

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Il est des moments privilégiés, des rencontres qui ne s’oublient pas…

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Jeudi 13 juin, Monsieur Jean-Louis Crémieux-Brilhac nous a reçus chez lui. Pendant un peu plus d’une heure, il a partagé avec nous ses souvenirs de guerre, de son évasion d’un stalag de Poméranie à son arrivée à Londres en 1941, de sa première rencontre avec le général de Gaulle à la dernière bataille dont il n’avait jamais douté qu’elle serait victorieuse.

Donner sa mémoire en partage

Il avait accepté de nous rencontrer pour nous parler, en historien, du 18-Juin, de l’Appel lancé depuis Londres par un général alors félon. Mais puisque, prisonnier, il ne l’avait pas entendu cet appel fondateur de la mythologie gaulliste, nous nous sommes laissés entrainer, bouleverser par le récit de sa guerre, toute sa guerre, à la première personne, du singulier et du pluriel. Devant nous, le fringant nonagénaire partageait ses souvenirs, nous offrait sa mémoire.

 Ce n’est pas la première fois qu’on nous parlait de « la guerre ». Petit, dans les années 70 et 80, la plupart de ceux qui m’entouraient, grands-parents, arrière-grands-parents, avaient connu « la guerre », en avait souffert et, par chance, y avaient survécu. Mais le temps a passé, il a filé bien vite et ces souvenirs se sont altérés, au fur et à mesure que ceux qui les portaient disparaissaient ou oubliaient.

Passer le témoin pour l’Histoire

Il y a quelques années s’éteignait le dernier des Poilus et, avec lui, le dernier témoin des horreurs de 14. De 1914 à 1939, à peine deux décennies, il ne tardera plus le temps où, à son tour, s’éteindra le dernier Résistant.

De la mémoire à l’Histoire, le passage est hasardeux et il appartient, sans doute, à tous ceux qui, comme nous, auront eu la chance de se voir offrir des souvenirs de première main, de veiller à ce que l’oubli ne l’emporte pas, encouragé par le temps.

Les comparaisons historiques sont hasardeuses. Si l’Histoire n’offre pas de solutions, elle avance des hypothèses, des hypothèses à confirmer ou contredire. Alors que le XXIème siècle cherche fébrilement sa voie, tandis que notre monde, proche et lointain, est confronté à une crise multiple, polymorphe – économique, sociale, politique et morale – et que, justement, en France, des acquis de la Résistance sont malmenés, pour certains démantelés, il est essentiel de ne pas oublier, de ne jamais oublier.

Au-delà, c’est le courage, la grandeur d’âme et le sacrifice de tous ces Français libres, de tous ceux et toutes celles qui ont su résister, contre l’horreur nazie et la bassesse de tous ceux qui y ont collaboré, qu’à travers Monsieur Jean-Louis Crémieux-Brilhac nous souhaitons honorer.

Le 20 août 1940, en plein Blitz, Winston Churchill lança son célèbre « Never so many owe so much to so few »… « Jamais tant de gens n’ont dû autant à si peu ». C’était indéniable alors, et cela le reste aujourd’hui.  

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