Site icon La Revue Internationale

Depuis deux ans, les étudiants chiliens battent le pavé

6011231771_8280e30064_z.jpg6011231771_8280e30064_z.jpg

[image:1,l]

Les manifestations au Chili ne font pas souvent la Une des médias, et pourtant, depuis deux ans, les étudiants n’ont jamais cessé de battre leur pavé. Menée par les syndicats étudiants, cette manifestation vieille de 24 mois demande deux choses : une éducation gratuite et une éducation de qualité.

Deux ans de manifestations au Chili

Mercredi 26 juin, ils étaient au moins 100 000 à défiler à l’appel de la Confédération des Etudiants Chiliens. Etudiants, travailleurs, autant de personnes venues d’horizons différents pour montrer au gouvernement ainsi qu’aux candidats à la présidentielle, dont les primaires se dérouleront ce dimanche 30 juin, que «  la pression sociale ne baissera pas ».

Dans la foule des manifestants, des individus cagoulés ont semé le désordre dans les rues de Santiago, la capitale.

Déterminés, ces manifestants ont lancé des cocktails Molotov sur la façade d’un commissariat de police. Des pierres ont été jetées sur des voitures tandis qu’un restaurant a été vandalisé. Lors de cette émeute, au moins 102 personnes ont été interpellées et quatre policiers ont été blessés.

Dans ce contexte de début de campagne présidentielle – dimanche 30 juin, les Chiliens seront appelés à choisir les candidats de deux coalitions pour l’élection présidentielle – les camps restent sur leurs positions.

A l’occasion d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Andres Chadwick a ainsi dénoncé les comportements de certains manifestants, qualifiés de « criminels et « d’extrémistes ».

Le président de la Fédération étudiante de l’Université du Chili s’est pour sa part positionné en faveur des manifestants. « Il n’y a aucune façon de justifier ce type d’affrontements », a déclaré Andres Fielbaum.

Des crédits sur vingt ans pour étudier

Au cœur des préoccupations ce ces Chiliens, le système éducatif du Chili. A Santiago, pour être rentable, une université doit « embaucher » le plus d’étudiants possibles.

« Les universités fonctionnent comme des entreprises », commente ainsi Marie-Laure Mathot, réalisatrice d’un web-documentaire sur les manifestations au Chili.

Interrogée par le quotidien belge La Libre, la jeune femme explique : « leur but, c’est de faire le plus d’étudiants, et donc de clients possibles, tout ça pour augmenter leurs revenus. En plus, les frais d’inscriptions sont si importants que beaucoup de jeunes doivent s’endetter. Chez nous, on s’endette pour acheter une voiture ou une maison mais au Chili, ils ont déjà des crédits sur vingt ans rien que pour pouvoir étudier ».

Ces universités qui fonctionnent comme des entreprises

Outre le prix de leurs études, c’est également l’aspect qualitatif qui mobilise les étudiants chiliens.

Une éducation moins chère et de meilleure qualité. Un duo qui n’est pas paradoxal pour Marie-Laure Mathot qui explique que les étudiants dénoncent un « système injuste qui favorise outrageusement les plus riches ».

« Ces personnes favorisées payent plus cher pour aller dans les universités les plus cotées, et réussissent plus facilement », a-t-elle constaté sur place.

« Tout simplement parce que l’université fonctionne comme une entreprise. On ne paie pas pour une formation de qualité, on paie pour un diplôme qui permet d’accéder aux postes les plus importants de la société », dénonce-t-elle encore.

Un espoir avec Michelle Bachelet ?

Ils sont désormais nombreux à espérer que l’élection présidentielle placera au pouvoir une personne capable de mettre un terme définitif à ce système éducatif. Or les primaires étant ce week-end, les manifestants ne relâchent pas la pression.

Les établissements scolaires, dans lesquels seront installés les bureaux de vote, ont été occupés par de nombreux manifestants et encore jeudi 27 juin au matin, les forces de l’ordre sont intervenues pour libérer les lieux. Dans la plupart des cas, les manifestants sont sortis dans le calme des établissements.

La candidature de Michelle Bachelet, ancienne présidente et présidente d’ONU Femmes pourraient bien redonner de l’espoir à ces étudiants. Revenue en mars dernier, la socialiste avait immédiatement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle du 17 novembre prochain. Désormais en tête dans les sondages, elle a notamment promis que si les Chiliens l’élisait, elle appliquerait la gratuité des six premières années d’étude pour tous les jeunes Chiliens.

Des espoirs vains ? Marie-Laure Mathot, qui a passé plusieurs mois auprès des étudiants chiliens reste prudente.

« Le retour de Michelle Bachelet dans le monde politique chilien est une lueur d’espoir », affirme-t-elle au nom des manifestants. Cependant, pour la réalisatrice du web-documentaire dédié au « Printemps chilien », « Bachelet a déjà été au pouvoir il y a quelques années, et elle n’avait pris que des mesures de façade, donc la prudence reste de mise ».

Quitter la version mobile