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EXCLUSIF – PSG : Laurent Blanc entraîneur, l’avis des experts

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Depuis que Carlo Ancelotti a émis le souhait de partir, la question de la nomination de son successeur était sur toutes les lèvres. Entre fantasmes de supporteurs – et de certains journalistes – et approches avortées, la gestion de ce cas a été énormément commentée. Alors que moult noms ont été avancés (« C’est l’avantage d’être un club avec beaucoup de moyens, tout le monde parle de vous. C’est aussi le moyen pour certains de renforcer leurs positions, on l’a vu avec Michael Laudrup, il n’a jamais été approché mais les rumeurs ont fait qu’il a pu avoir ce qu’il voulait de la part de son club. C’est un jeu, si l’agent de votre joueur ou entraîneur dit qu’il a été approché par le PSG ça met la pression sur le club qui doit plier aux exigences », indique Mathieu Faure), c’est finalement l’ancien sélectionneur de l’équipe de France, Laurent Blanc, qui a été intronisé à la tête de l’effectif parisien.

Une décision qui en a surpris plus d’un et a été critiquée de toute part avant même que l’heureux élu n’ait pris en main le groupe. Mais comme le tempère Daniel Riolo, « le temps n’est pas à la conclusion, mais aux questions. »

Une mauvaise gestion de la direction

Champion de France et quart de finaliste de la Ligue des Champions, le Paris Saint-Germain semblait couler des jours heureux, mais – stupéfaction dans la footosphère – l’entraîneur Carlo Ancelotti, épuisé par la pression mise sur ses épaules par ses dirigeants après une série de mauvais résultats – et mécontent du sort qui lui a été réservé – a préféré changer d’air à l’approche du club espagnol du Real Madrid.

Une nomination qui a pris quelque peu de court les Qataris à la tête du club francilien, obligés de plancher sur un remplaçant.

Si le plan initial de la direction parisienne était d’enrôler Arsène Wenger à l’aube 2014, « ce qui n’est en rien une certitude » dixit Mathieu Faure, elle comptait bien sur Ancelotti pour honorer son contrat jusqu’au bout, soit l’année prochaine.

Si des contacts ont été noués avec certains entraîneurs comme Villas-Boas, Benitez ou Capello, les retours ont vite été négatifs « à la vue de la durée du contrat proposée [deux ans], qui pour des entraîneurs de ce niveau est limite insultante », confie le journaliste de So Foot.

Un aveu de faiblesse ?

Si Arnaud Hermant est mesuré : « La nomination de Laurent Blanc n’est pas un premier choix, mais ce n’est toutefois pas un choix par défaut », Daniel Riolo est plus cru et avoue que ce choix fait un peu « dernière roue de carrosse », mettant en cause une mauvaise gestion des dirigeants.

Mathieu Faure résume la situation : « en dernier lieu la direction s’est tournée vers Laurent Blanc qui avait l’avantage d’être libre et surtout l’un des rares à accepter un contrat aussi court ».

Au Parisien on le rappelle, « déjà en mai il y avait eu une rencontre entre le coach français et Nasser Al Khelaifi […] Nasser lui avait dit : ‘Tu n’es pas notre premier choix, libre à toi d’attendre, si tu ne veux pas et que tu as d’autres propositions ailleurs nous ne te retenons pas.’ Il a failli s’engager avec l’AS Roma et ça ne s’est finalement pas fait pour une raison financière. » Le PSG s’est donc rabattu sur le technicien champion de France 2009 avec Bordeaux.

Un bon choix ?

Arnaud Hermant met en avant le palmarès de Laurent Blanc pour justifier sa nomination : « durant son passage avec Bordeaux il est tout de même champion de France en 2009, vainqueur de la Coupe de la Ligue la même année et a remporté deux Trophées des Champions. Tout cela avec un effectif moindre que celui qu’il va connaître à Paris, avec moins de grands joueurs. Il n’y a pas de raison pour qu’il échoue au PSG. Il va avoir du succès, certes pas le succès ultime qu’est la Ligue des Champions car ce ne sera pas lui l’entraîneur qui emmènera le club chercher cette compétition, mais je pense que l’an prochain il va facilement emmener l’équipe à la victoire en Ligue 1.  », Mathieu Faure précise que « c’est un bon choix premièrement parce qu’il est Français, je trouve ça bien que le club champion de France, qui plus est celui de la capitale ait un entraîneur français », n’oubliant pas d’indiquer que « c’est quand même un mec qui a été adoubé par Sir Alex Ferguson, ce qui n’est pas rien ».

Et son parcours en Equipe de France alors ? « Il fait tout de même un quart de finale de l’Euro où il se fait laminer par une équipe d’Espagne au sommet de son football, donc est-ce qu’on peut lui reprocher cette élimination ? On critique également sa gestion humaine durant cet Euro 2012, mais est-ce que quelqu’un aurait fait mieux ? », défend le journaliste de So Foot.

Arnaud Hermant ajoute également en complément une perspective sur le travail effectué par Carlo Ancelotti : « Ce qui est paradoxal avec la situation Ancelotti c’est que tout grand entraîneur qu’il soit, on le regrette aujourd’hui alors qu’il a été critiqué comme rarement au début de son mandat. Les médias l’ont allumé. On fait de lui aujourd’hui une idole, alors qu’au final il n’a gagné qu’un titre de champion de France. Je pense que Laurent Blanc le remportera également la saison prochaine, voire même agrémenté d’une Coupe et pourquoi pas d’un quart de C1. Ce n’est pas celui que l’on attendait, mais ce n’est pas pour autant un mauvais entraîneur. »

Quelles conséquences sur le recrutement estival ?

Carlo Ancelotti ayant gagné partout où il est passé, la question de la légitimé pour Laurent Blanc de lui succéder peut être posée. Le coach français n’est passé sur le banc que depuis peu d’années et il doit encore se construire une image dans ce rôle, comme en convient Mathieu Faure : « Il se relance lui et puis ça reste un nom, le club se doit de garder un grand nom sur son banc de touche, c’est toujours mieux qu’une solution interne comme Makelele ou Leonardo. Ça sera un révélateur, surtout pour lui plus que pour le club, car le PSG est déjà bien structuré, bien en place. Pour lui, soit ça lui permet de franchir une étape, de rentrer dans un carcan d’entraîneur costaud, notamment via la Ligue des Champions. Ou alors il ne réussit pas du tout et ce serait une grande traversée du désert pour lui derrière. Au moins il va très vite se fixer. »

Alors que Paris a changé de dimension et compte bien se renforcer à coups de millions cet été encore, de nombreux supporteurs sont suspicieux quant au pouvoir d’attraction du club avec le Français à sa tête. Une inquiétude vite balayée par nos experts, Laurent Blanc n’étant qu’un pion dans l’échiquier parisien. « C’est Leonardo qui fait le recrutement. Paris a l’argent, s’est fait une renommée cette année, il n’y a rien à craindre de ce côté-là », annonce Daniel Riolo, vite rejoint par ses compères : « Il y aura une concertation, mais ce n’est pas lui qui décidera, ce sera évidemment Leonardo. J’ose espérer qu’ils travailleront avec intelligence, aucun joueur ne lui sera imposé. Après est-ce que Blanc sera en position d’imposer sa volonté, ce n’est pas sûr non plus. Mais c’était la même chose avec Carlo Ancelotti : ce n’est pas du tout lui qui a empêché la venue de Beckham en 2012 et il était réticent à l’idée de recruter Van der Wiel, pourtant le club l’a fait signer », renchérit Arnaud Hermant, tandis que Mathieu Faure enchaîne, offrant d’autres arguments : « les joueurs viennent avant tout pour le projet, pas forcément pour l’entraîneur. Et puis il y a l’image de la ville de Paris qui est énorme, on dit d’ailleurs souvent dans les négociations que le poids des femmes de joueurs est important. Donc quand on te vend Paris ça impressionne. »

Aura-t-il le charisme suffisant pour mener l’effectif ?

Mathieu Faure coupe de suite sur la réputation d’un groupe parisien agité : « Au PSG il n’y a pas tant d’egos que ça, c’est un club assez apaisé, il y a beaucoup de professionnels, des mecs qui ont de l’expérience. Après c’est sûr que gérer Ibrahimovic c’est particulier, mais pour le reste il y a beaucoup de forces tranquilles, comme Thiago Silva. L’avantage de Laurent Blanc c’est en revanche qu’il va pouvoir encadrer les frustrations des joueurs français, ça va être plus facile de communiquer […] Il y aura sûrement moins de clivage que sous le temps d’Ancelotti, mais le vestiaire est plutôt facile à contrôler car les joueurs sont en auto-gestion permanente. »

Pour lui, ce sont donc les joueurs Français qui devraient profiter à plein de l’intronisation du « Président » : « Les Français doivent être boostés par cette nomination, notamment un gars comme Sakho, qui évolue au même poste où jouait Blanc et qui l’a eu durant deux ans sous ses ordres. Le club cherche d’ailleurs à le prolonger, donc il doit en profiter. Après pour les étrangers ils avaient tous du temps de jeu, donc ça doit être les Français qui doivent être contents de cette arrivée car ils pourraient être relancés. »

Quels changements tactiques ?

Adepte du beau jeu, Laurent Blanc a été formé dans de bonnes écoles, comme le souligne le journaliste de chez So Foot : « Il ne cache pas être attiré par le football espagnol, il aime avoir la possession de balle, que les passes soient redoublées. Il a tout de même côtoyé des clubs avec de fortes identités de jeu, que ce soit à Manchester ou au Barça. […] Il pourrait revenir au système de départ d’Ancelotti, le 4-3-2-1 en sapin de Noël, ou bien jouer avec un numéro 10 qui pourrait être Pastore. Il faut voir, ça va dépendre des recrues également, mais au niveau du jeu on peut espérer quelque chose de plus flamboyant, de plus constant et qu’on s’ennuie un peu moins au Parc des Princes. » Même son de cloche chez le journaliste du Parisien Arnaud Hermant : « Il est connu pour bien faire jouer ses équipes. A bordeaux, le jeu était plaisant, en Equipe de France un peu moins peut-être, mais en même temps la saison dernière sous les ordres d’Ancelotti le jeu n’était pas toujours très intéressant, ni de grande qualité. »

Des premiers retours positifs donc au vu du contexte dans lequel a été enrôlé Laurent Blanc, à qui une chance lui est donnée de montrer qu’il peut être aussi performant dans un vestiaire que lorsqu’il était sur la pelouse. Il a désormais une année pour faire taire les critiques et pourquoi pas s’installer définitivement comme un grand parmi les entraîneurs.

Propos receuillis par Nicolas Conter pour JOL Press

 

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