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Grèce: quand la crise s’injecte en intraveineuse

05.06.2013 par La Rédaction

Depuis plus de deux ans, une drogue de synthèse à base de métamphétamine, la « sisa », fait des ravages en Grèce, et notamment à Athènes, où une dose s’achète deux euros. Les six années de crise et la hausse du chômage ont eu un impact considérable sur la santé des habitants, et ont conduit certains à se tourner vers ces drogues de synthèse bon marché. Entretien avec le docteur Charalampos Poulopoulos, directeur de l’ONG KETHEA, qui lutte contre la toxicomanie et la dépendance.

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JOL Press : Quelles sont les régions particulièrement concernées par la consommation de drogue en Grèce, et pourquoi ?
 

Dr. Charalampos Poulopoulos : Le problème de la consommation de drogue touche principalement les grands centres urbains du pays. Bien sûr, le problème est plus important à Athènes, où vit près de la moitié de la population de la Grèce. Dans les grandes villes, le contrôle social n’est pas très important ; par conséquent, le trafic et la consommation de drogues sont plus faciles. Dépendance, pauvreté et exclusion sociale y sont également plus répandus, et favorisent la consommation.

JOL Press : Qui sont les plus gros consommateurs de drogue en Grèce ?
 

Dr. Charalampos Poulopoulos : Les « consommateurs problématiques » d’opiacés sont confrontés aux problèmes les plus graves. Le terme « consommateur problématique » indique l’utilisation quotidienne par voie intraveineuse, principalement de l’héroïne, mais aussi d’autres substances. Ce mode d’utilisation entraîne de graves risques pour la santé physique et mentale des consommateurs. Ils seraient, selon les estimations, entre 20 000 et 25 000 personnes.<!–jolstore–>

Il faut également compter les consommateurs occasionnels de diverses substances, et les nombreux consommateurs de cannabis.

JOL Press : Comment trouvent-ils la drogue et pourquoi la sisa est-elle si peu chère ? Existe-t-il d’autres drogues « nées » avec la crise?
 

Dr. Charalampos Poulopoulos : La crise conduit à l’usage et au trafic de drogues moins chères, comme les drogues synthétiques faites à base de substances peu coûteuses et non soumises au contrôle national ou international. Ces drogues de synthèse peuvent être facilement fabriquées chez soi, dans des laboratoires de fortune. La sisa [ou « shisha »] est l’une de ces drogues. Elle a été détectée à la fin 2010, début 2011.

Il convient de noter que l’utilisation de drogues de synthèse est devenue un sujet de préoccupation dans de nombreux pays européens. Selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 70 nouvelles substances de drogues de synthèse ont été détectées en 2012, quand on n’en comptait « que » 5 nouvelles par an entre 2000 et 2005.

JOL Press : Quels sont les risques et les effets de la sisa pour les toxicomanes ?
 

Dr. Charalampos Poulopoulos : L’ingrédient de base de la sisa est la méthamphétamine (crystal meth). Les effets sur l’utilisateur incluent insomnies, hallucinations et agressivité. On ne sait pas encore si cette dernière est produite par la méthamphétamine ou par la privation de sommeil. Plusieurs témoignages autour de décès de toxicomanes résultent de l’utilisation de la sisa. Cependant, nous ne disposons pas encore de données officielles suffisantes sur le sujet.

JOL Press : Que pensez-vous de « l’opération Thetis », lancée par la police et le ministère de la santé contre les « fauteurs de troubles » ?
 

Dr. Charalampos Poulopoulos : Depuis le début de la crise, on note une montée de la xénophobie, du racisme et de l’intolérance envers les groupes vulnérables en Grèce. Ces phénomènes peuvent être attribués à une combinaison entre la politique gouvernementale et l’augmentation des problèmes sociaux.

L’an dernier, le gouvernement a lancé « l’opération Thétis » et arrêté des femmes séropositives qui auraient travaillé illégalement comme prostituées, publiant leur nom et photographies sur le site de la police grecque. C’est une violation effroyable des droits de l’homme, des actes forts de stigmatisation. Les problèmes sociaux ne peuvent être résolus par de telles mesures administratives ou par des méthodes de suppression. Au contraire, nous devrions nous concentrer sur la prévention, l’intervention précoce et des mesures d’insertion sociale.

JOL Press : Comment le gouvernement grec lutte-t-il contre les problèmes de drogue ? Y a-t-il des initiatives alternatives ?
 

Dr. Charalampos Poulopoulos : Les centres de désintoxication ont subi de sévères coupes budgétaires au cours des trois dernières années, et sont en sous-effectif. KETHEA, par exemple, a perdu 70 membres de son personnel depuis le début de la crise, mais n’est pas autorisé à embaucher d’autres personnes à leur place, puisque cela est interdit dans le cadre des mesures d’austérité qui ont été imposées.

Les conseillers en toxicomanie ont également subi de lourdes réductions de salaires. Ils exercent donc aujourd’hui un travail difficile, dans des conditions précaires, avec très peu d’argent. Pendant la crise, les centres de désintoxication, ainsi que le système de soins de santé et les services sociaux publics en général, devraient être soutenus, afin d’être en mesure de répondre aux nouveaux besoins d’une société en crise. Dans le domaine de la dépendance (drogue, alcool…), des programmes de terrain, dans la rue, dans les prisons et dans les communautés sont nécessaires.

Le gouvernement grec devrait adopter une stratégie visant à l’intégration des personnes toxicomanes dans la société grecque, et non à leur marginalisation ou à leur incarcération. Cela suppose l’appui de la sécurité sociale et du système de santé, et la réduction des pratiques punitives.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

Le magazine Vice a récemment enquêté sur la sisa, rebaptisée « cocaïne du pauvre » :

La Rédaction


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