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La génération Y en entreprise: l’avis des recruteurs

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JOL Press : Les jeunes de la génération Y sont-ils de bons candidats lors des entretiens d’embauche ?
 

Agnès De La Bourdonnaye : On ne peut pas faire de généralisation, ce serait une grave erreur. De tout temps, il y a eu des bons candidats et des mauvais candidats, l’important est de tester l’adéquation du profil avec l’entreprise. En ce sens la génération Y n’est pas meilleure ou pire que les générations précédentes.

JOL Press : Quelles sont les principales caractéristiques de cette génération ?
 

Agnès De La Bourdonnaye : La principale opposition avec les générations précédentes se joue, à mon sens, sur les valeurs. Dans la génération X, on constatait un réel sens de l’effort. Faire évoluer sa carrière, son salaire, ses responsabilités était la priorité, et cela s’acquérait après plusieurs années passées dans l’entreprise.

Aujourd’hui, ce sens de l’effort est devenu très relatif, et plus ponctuel. La plupart des jeunes de la génération Y savent donner un coup de collier au dernier moment, travailler avec des dead-lines. Ils sont bien plus opérationnels et efficaces dans l’urgence. S’ils ne sont pas boostés en permanence, ils se relâchent facilement, se dispersent sur plusieurs dossiers, décrochent vers les outils technologiques de communication, qu’ils maîtrisent parfaitement.

JOL Pres : Cette façon de travailler est-elle un atout ?
 

Agnès De La Bourdonnaye : En partie. L’excessive agilité des jeunes avec les outils Internet est un réel avantage : ces jeunes peuvent recueillir une somme d’information formidable en très peu de temps, ils maîtrisent parfaitement l’accès à la connaissance. Ce qui leur manque peut-être, c’est une capacité de discernement et de tri dans cette masse d’informations.

Outre cette capacité à changer de sujet rapidement et à générer un stresse positif, la génération Y ne s’embarrasse plus du paraître. Par « paraître » j’entends ici la volonté de jouer un rôle individuel dans l’entreprise, de progresser en terme de titres, de hiérarchie, de pouvoir…

JOL Press : Cela signifie-t-il qu’ils n’ont pas d’ambition ?
 

Agnès De La Bourdonnaye : Non, c’est simplement que pour eux, jouer un rôle important, c’est autre chose. Ces jeunes sont davantage dans le travail d’équipe. Avec les générations précédentes, le pouvoir résidait dans la rétention de l’information : aujourd’hui, il est dans sa diffusion, dans le partage.

JOL Press : Les jeunes de la génération Y ont-ils des faiblesses ?
 

Agnès De La Bourdonnaye : Ils ont généralement besoin de ce travail en équipe ; tout seul, ils ne rendent pas grand-chose. On peut aussi mentionner, parfois, un manque de respect pour la hiérarchie.

La nouvelle génération ne reconnaît ses supérieurs que s’ils les jugent compétents, que s’ils font preuve de qualités dans leur management, leur encadrement. Autrement dit, elle a besoin d’avoir de l’estime pour sa hiérarchie. Ce n’est pas tout à fait une faiblesse en soi, mais plutôt une différence qui oblige les générations précédentes à se remettre en question.

C’est plutôt l’attitude qui peut jouer des tours à la génération Y. Ils adoptent parfois un style négligent, nonchalant, qui peut nuire à leur image. Lors d’un entretien, les 20 premières secondes sont décisives pour le recruteur, et le non-verbal – l’apparence physique, le comportement – joue à 75 % dans sa décision. Ensuite, peu importe le style vestimentaire, le tout est qu’il soit soigné et élégant.

JOL Press : Finalement, les recruteurs aiment plutôt bien la génération Y…
 

Agnès De La Bourdonnaye : C’est une génération très intéressante, ils sont les pionniers d’un nouveau monde dans l’entreprise. Les nombreux repères qu’ils inversent dans leur façon de travailler et de s’intégrer obligent la génération X et les séniors à se remettre en question.

Pour eux, cela ne va pas être confortable, difficile même, mais à terme, cela sera excellent, et on a besoin de cette impulsion. La seule consigne à respecter est qu’il faut leur faut un encadrement serré, et de qualité.

Propos recueillis par Antonin Marot pour JOL Press

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