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La gomme arabique, ce précieux ingrédient qui fait plier l’Amérique

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Egalement connu sous l’appellation E414, ce précieux de l’industrie agro-alimentaire a deux principales fonctions : c’est un gélifiant, que l’on retrouve dans les confiseries ou dans les médicaments, mais c’est surtout un émulsifiant. Cette dernière caractéristique est intéressante pour comprendre ce qui lie les Etats-Unis au Soudan, de manière très anonyme.

De la résine d’acacia que vous buvez et mangez chaque jour

La gomme arabique est extraite de l’acacia nilotica, cet arbre que l’on retrouve principalement au Soudan. Cet exsudat de sève est ensuite séché puis réduit en poudre pour obtenir l’émulsifiant. L’additif alimentaire est notamment utilisé dans les boissons gazeuses, afin que le sucre ne s’agglomère pas. Les deux grands groupes américains Coca-Cola et Pepsi seraient ainsi les principaux importateurs de cet ingrédient essentiel.

Objet de fierté nationale, ce produit ne poserait aucun problème si l’on omettait que son principal exportateur était un pays mis au ban du monde et décrié pour les massacres perpétrés contre son peuple. Déjà en 1997, le Congrès américain avait imposé des restrictions commerciales drastiques entre les deux pays, car Oussama Ben Laden avait trouvé refuge au Soudan. Le pays aurait été à l’agonie.

La politique soudanaise inquiète les grandes compagnies américaines de soda

Seulement voilà, des lobbyistes avaient fait le forcing pour que l’embargo épargne cette fameuse gomme arabique, et ils ont finalement été entendus. En 2007, le gouvernement Bush a également souhaité sanctionner le Soudan pour son conflit ethnique au Darfour, mais de nouvelles pressions ont été exercées pour que cette résine si primordiale soit une exception aux mesures prises. Un spécialiste américain du Soudan, interrogé par le Monde Diplomatique, résume la situation de manière très claire : « Nous avons une morale, mais ne nous privez pas de notre Coca-Cola ! »

Si les firmes rétorquent se fournir dans cette région du Sahel –paroles démenties sous couvert d’anonymat– les conflits actuels entre les rebelles et le gouvernement de Khartoum dans le Kordofan du Nord, à une centaine de kilomètres de la principale ville fournisseuse d’El-Obeïd, ne rassurent pas les directions de ces compagnies.

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