Site icon La Revue Internationale

La «jeunesse sans futur» d’une Espagne en crise

530180_512471678789217_1366266613_n.jpg530180_512471678789217_1366266613_n.jpg

[image:1,l]

JOL Press : Comment est née la campagne « No nos vamos, nos echan » ? Quel est son but ?

Jesús Gil Molina : Nous nous sommes rendu compte que de plus en plus de gens autour de nous s’en allaient. A travers la campagne « No nos vamos, nos echan », nous avons voulu mettre l’accent sur ce phénomène, déconstruire le mythe du jeune entrepreneur et parler d’exil : on ne s’en va pas parce qu’on le veut, mais bien parce que l’on n’a pas le choix.

JOL Press : Le collectif Jeunesse sans futur a récolté des milliers de témoignages. Quelle est la situation des jeunes espagnols aujourd’hui ? Espèrent-ils encore une amélioration de la situation ?

Jesús Gil Molina : Nous n’avons plus d’espoir. C’est dur, mais c’est comme cela. Nous savons que nous devons lutter, parce que ceux qui nous gouvernent ne vont rien changer. La situation ne va pas s’améliorer d’elle-même, c’est à nous de faire quelque chose. Comme beaucoup, j’ai fait le choix de partir, parce qu’ici, on n’a pas le droit à la santé, à l’éducation, au travail… A la vie ! C’est un « exil économique ». Je ne sais pas si je suis capable de retourner en Espagne, car si j’y retourne, puisque je n’ai pas cotisé, ma retraite sera inexistante.

[image:2,l]

JOL Press : Dans quelle mesure «Jeunesse Sans Futur» lutte-t-il contre la précarité ?

Jesús Gil Molina : Nous dénonçons la précarité des jeunes et nous montrons qu’il faut lutter pour obtenir un changement. Nous avons également ouvert un « Bureau de la précarité », où les travailleurs précaires peuvent procéder à des consultations légales qu’ils ne pourraient pas avoir auprès des syndicats parce qu’ils ne sont pas affiliés. Nous avons aussi gagné notre premier procès : une fille avait été licenciée après avoir fait grève. Elle nous a contacté. Un des avocats qui travaille au Bureau Précaire s’est occupé de son cas. Résultat, la société est sur le point de la réintégrer dans son équipe.

[image:3,l]

JOL Press : La situation des autres pays européens est-elle meilleure ? 

Jesús Gil Molina: Les témoignages que nous recevons chaque jour montrent une réalité : la précarité est partout. La situation dans les autres pays peut être meilleure sur le plan macroéconomique mais pas dans la rue. La majorité des Espagnols qui partent sont diplômés des chercheurs, des universitaires etc. Généralement, ces jeunes acceptent les petits boulots dans les restaurants ou les boutiques.

JOL Press : A l’arrivée… La désillusion ?

Jesús Gil MolinaPour l’instant, beaucoup pensent qu’il est préférable de rester à l’étranger, sans famille ni amis plutôt que de revenir en Espagne. Bien sûr il y a beaucoup de désillusion à l’arrivée, mais d’un autre côté, il suffit d’ouvrir un journal pour se rendre compte de la situation : en Espagne, plus rien n’est possible dès lors que vous êtes jeune. 

Propos recueillis par Louise Michel D.

Quitter la version mobile