Les députés russes ont adopté mardi 11 juin deux lois punissant tout acte de «propagande» homosexuelle devant mineur et réprimant les «offenses aux sentiments religieux». Une décision de la Douma vivement critiquée par l’ONG Human Rights Watch qui la considère comme discriminatoire. Le second texte tend à sanctionner les actes «antireligieux» – comme ceux des Pussy Riots.
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On apprenait fin avril que le président russe Vladimir Poutine souhaitait réviser ses accords concernant l’adoption d’enfants russes par les pays autorisant le mariage gay. « J’estime que nous sommes en droit d’introduire des changements. Nous devons réagir à ce qui se passe autour de nous », affirmait-il, faisant valoir les « traditions culturelles et les normes éthiques » de la Russie. Aujourd’hui, c’est la Douma qui a fait le choix d’adopter deux lois punissant tout acte de « propagande» homosexuelle devant mineur et réprimant les « offenses aux sentiments religieux ».
Unanimité chez les députés sur l’homosexualité
La loi contre la « propagande homosexuelle auprès des mineurs » a été adoptée par 436 députés. Un seul s’est abstenu et aucun n’a voté contre. Les sanctions pourront désormais atteindre 4 000 roubles (environ 100 euros) voire même 1 million de roubles (23 000 euros) si cette « propagande » émanait d’entités juridiques. Les étrangers risquent, pour leur part, une amende pouvant aller jusqu’à 100 000 roubles, la détention ou l’expulsion. Lors de la dernière lecture du texte à la Douma, le terme « homosexuel » a été remplacé par celui de « relations sexuelles non traditionnelles ».
« Les relations sexuelles traditionnelles sont des relations entre un homme et une femme », avait estimé Elena Mizoulina – députée du parti de centre-gauche, à l’origine de la proposition de loi – lors de l’introduction des débats mardi. « Quels que soient les termes employés dans la loi, il n’en reste pas moins qu’il s’agit de discrimination et de violation des droits » des LGBT (Lesbiennes, Gay, Bi et Trans), a dénoncé l’ONG Human Rights Watch, dans un communiqué.
Alors que les députés étaient en train de voter, des militants homosexuels ont organisé un « kiss-in » devant la Douma. La contre-manifestation a été immédiate et s’est accompagnée de jets d’œufs et de slogans du type : « La Russie n’est pas Sodome ». La police a interpellé une vingtaine de manifestants homosexuels. Selon un sondage de l’institut Vtsiom, 88% des Russes soutiennent l’interdiction de la propagande homosexuelle et 54% de la population pense qu’il faut punir l’homosexualité.
Interdire toute action semblable à celle des Pussy Riots
Le second texte adopté par l’assemblée législative Russe ce mardi 11 juin souhaite sanctionner tout acte considéré comme « antireligieux », comme ceux orchestrés par les Pussy Riots. Le texte prévoit une amende maximale de 500 000 roubles (11 600 euros) ou un an de prison aux personnes « menant une action publique qui témoigne d’un évident manque de respect envers la société dans le but d’offenser les sentiments religieux des croyants. » Un acte « antireligieux » posé dans une église pourra être sanctionné de trois ans de prison ferme.
Par ailleurs les « profanations intentionnelles de littérature religieuse et d’objets de culte » ou le fait « d’empêcher illégalement l’activité religieuse » sera également puni par la loi d’une amende pouvant aller jusqu’à 7 000 euros. Pour l’ex-dissidente soviétique Lioudmila Alexeeva, « toutes ces lois draconiennes adoptées par la Douma sont adoptées pour être appliquées de façon ciblée à l’encontre de tous ceux que le pouvoir juge indésirables. »