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La Russie durcit le ton sur la question de l’homosexualité et du blasphème

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On apprenait fin avril que le président russe Vladimir Poutine souhaitait réviser ses accords concernant l’adoption d’enfants russes par les pays autorisant le mariage gay. « J’estime que nous sommes en droit d’introduire des changements. Nous devons réagir à ce qui se passe autour de nous », affirmait-il, faisant valoir les « traditions culturelles et les normes éthiques » de la Russie. Aujourd’hui, c’est la Douma qui a fait le choix d’adopter deux lois punissant tout acte de « propagande» homosexuelle devant mineur et réprimant les « offenses aux sentiments religieux ».

Unanimité chez les députés sur l’homosexualité

La loi contre la « propagande homosexuelle auprès des mineurs » a été adoptée par 436 députés. Un seul s’est abstenu et aucun n’a voté contre. Les sanctions pourront désormais atteindre 4 000 roubles (environ 100 euros) voire même 1 million de roubles (23 000 euros) si cette « propagande » émanait d’entités juridiques. Les étrangers risquent, pour leur part, une amende pouvant aller jusqu’à 100 000 roubles, la détention ou l’expulsion. Lors de la dernière lecture du texte à la Douma, le terme « homosexuel » a été remplacé par celui de « relations sexuelles non traditionnelles ».

« Les relations sexuelles traditionnelles sont des relations entre un homme et une femme », avait estimé Elena Mizoulina – députée du parti de centre-gauche, à l’origine de la proposition de loi – lors de l’introduction des débats mardi. « Quels que soient les termes employés dans la loi, il n’en reste pas moins qu’il s’agit de discrimination et de violation des droits » des LGBT (Lesbiennes, Gay, Bi et Trans), a dénoncé l’ONG Human Rights Watch, dans un communiqué.

Alors que les députés étaient en train de voter, des militants homosexuels ont organisé un « kiss-in » devant la Douma. La contre-manifestation a été immédiate et s’est accompagnée de jets d’œufs et de slogans du type : « La Russie n’est pas Sodome ». La police a interpellé une vingtaine de manifestants homosexuels. Selon un sondage de l’institut Vtsiom, 88% des Russes soutiennent l’interdiction de la propagande homosexuelle et 54% de la population pense qu’il faut punir l’homosexualité.

Interdire toute action semblable à celle des Pussy Riots

Le second texte adopté par l’assemblée législative Russe ce mardi 11 juin souhaite sanctionner tout acte considéré comme « antireligieux », comme ceux orchestrés par les Pussy Riots. Le texte prévoit une amende maximale de 500 000 roubles (11 600 euros) ou un an de prison aux personnes « menant une action publique qui témoigne d’un évident manque de respect envers la société dans le but d’offenser les sentiments religieux des croyants. » Un acte « antireligieux » posé dans une église pourra être sanctionné de trois ans de prison ferme.

Par ailleurs les « profanations intentionnelles de littérature religieuse et d’objets de culte » ou le fait « d’empêcher illégalement l’activité religieuse » sera également puni par la loi d’une amende pouvant aller jusqu’à 7 000 euros. Pour l’ex-dissidente soviétique Lioudmila Alexeeva, « toutes ces lois draconiennes adoptées par la Douma sont adoptées pour être appliquées de façon ciblée à l’encontre de tous ceux que le pouvoir juge indésirables. »

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