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L’appel d’un jeune Tunisien à ses responsables politiques

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La violence empêche la Tunisie d’avancer sur les plans économique et démocratique et devrait être le sujet sur lequel tous les partis politiques acceptent de collaborer. La violence au nom de la défense de la révolution est désormais courante. Prenons par exemple l’assassinat à Tatouine, en octobre dernier, de Lufti Al-Naqdh, un représentant du parti Nida Tounes qui fait parti de la coalition d’opposition et celui de Chokri Belaid en février dernier, une des principales figures de l’opposition de gauche. Ces affaires n’ont pas encore été résolues et témoignent de la violence que la Tunisie connaît depuis la révolution.

En tant que jeune militant de la société civile, je pense qu’il est possible de mettre fin à la violence politique si les partis dépassent leurs différends et limitent les intérêts partisans. Tous sont d’accord sur le fait qu’ils ne veulent pas de retour à la dictature. Toutefois, la sécurité doit prévaloir pour instaurer une vraie démocratie.

Une transition démocratique éprouvante

La Tunisie connaît une période difficile, une transition démocratique éprouvante pleine de bouleversements entre la coalition au pouvoir dirigée par Ennahda (parti islamique) et les partis d’opposition, dont la plupart préconisent une séparation de la religion et de l’Etat. Bien qu’Ennahda déclare soutenir sans réserve le caractère civil de l’Etat, beaucoup de ses représentants du Conseil fondateur préfèrent ne pas séparer la religion et l’Etat.

Néanmoins, c’est le troisième parti présent sur la scène politique, Ansar Al-Sharia, qui est à l’origine du conflit armé. En effet, les sympathisants de ce groupe n’hésitent pas à recourir à la violence pour atteindre leurs objectifs. En mars dernier, le président d’Ennahda, Rached Ghannouchi, avait condamné la violence et invité tous les groupes politiques, y compris Ansar Al-Sharia, au dialogue. A ce jour, ce parti n’a pas répondu à l’invitation. 

Tout le monde devrait être libre de répandre ses idées, de promouvoir ses croyances et de pratiquer ses rites mais la violence et le discours incitant à la violence constituent une limite qui ne devrait en aucun cas être franchie. Cette règle devrait s’appliquer à tout le monde indépendemment de ses appartenances. Transgresser cette règle devrait être considéré comme un crime et ne saurait être justifié par la défense des valeurs de la révolution.

Dangers du terrorisme et de l’extrémisme religieux

Les partis politiques n’ont pas d’autre choix que d’accepter de faire face aux dangers du terrorisme et de l’extrémisme religieux. La sécurité ne peut prévaloir tant qu’un certain nombre de conditions ne sont pas réunies, la plus importante étant la création d’un appareil sécuritaire de l’Etat et d’une culture capables de surmonter les luttes politiques. Une telle institution devra également prendre des mesures visant à empêcher que les établissements religieux soient utilisés par des groupes extrémistes pour appeler à la violence et à la haine ou pour qualifier d’infidèle toute personne en désaccord avec leurs croyances.

Un grand nombre de Tunisiens espèrent que le dialogue national débouchera sur un consensus entre tous les partis politiques qui permettra d’inclure dans la prochaine constitution un texte soulignant l’importance de la liberté de conscience et la criminalisation de l’acte consistant à déclarer autrui infidèle. L’accent mis sur ces points permettra de construire un système politique démocratique garantissant les droits civils et empêchant ainsi la résurgence d’une nouvelle dictature.

S’unir dans l’intérêt supérieur du pays

En matière de sécurité nationale, tous les partis devraient mettre de côté les intérêts partisans et mettre fin à cette violence sans fin. Les membres d’Ansar Al-Sharia sont aussi des Tunisiens, aussi doivent-ils s’associer au dialogue. Les organisateurs, en particulier l’autorité souveraine, devraient continuer de les inviter à participer au dialogue. La Tunisie doit être construite par tous les citoyens, quelles que soient leurs appartenances et leurs idées politiques.

La violence envahissante affecte tous les membres de la société quelles que soient leurs convictions politiques. L’heure est venue de s’unir dans l’intérêt supérieur du pays. Mettons fin à la violence afin de ramener l’investissement économique, de réduire le chômage et de poursuivre la construction pacifique de notre Etat démocratique.

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Mohamed Messai est membre du Conseil des responsables de la jeunesse à Sousse, en Tunisie. Article écrit pour Service de Presse de Common Ground (CGNews).

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