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Les 27 sur l’emploi des jeunes: les incantations ne suffiront plus…

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La métaphore prérévolutionnaire a le vent en poupe et les Marie-Antoinette sont légion. En attendant de revendiquer la paix et la liberté, les Européens veulent continuer à avoir du pain et les jeunes Européens veulent des emplois…

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Au sein de l’Union européenne, 26 millions de jeunes sont au chômage et 5,6 millions d’entre eux ont moins de 25 ans. Il y a urgence, urgence à apporter des réponses à cette situation, des réponses durables pour éviter les répercussions redoutables qu’aurait la mise à l’écart du monde du travail – et de la société tout court – de toute une génération.

Une situation alarmante

Conscients du rôle qui leur incombe dans la recherche de solutions face à une situation aussi alarmante, et inquiets du coût politique de leur éventuelle incompétence, les chefs d’État et de gouvernement des 27 ont choisi de consacrer l’essentiel de la première journée du Sommet européen des 27 et 28 juin au chômage des jeunes.

Un an après son lancement, l’Union bancaire a peu progressé, le renforcement de la zone euro devra attendre la fin de l’année et probablement le début de 2014 – élections générales en Allemagne oblige… Débattre de la question du chômage des jeunes, tenter de donner l’impression qu’ils traitent le problème, c’est essayer de rassurer une opinion publique de plus en plus touché – intimement – par les effets du mal, c’est aussi prendre le risque d’échouer… Ont-ils seulement le choix ?

La crise a bon dos… Si la conjoncture économique explique pour une large part la difficulté des jeunes à s’insérer dans le monde professionnel, le problème est tout autant structurel que conjoncturel. Les emplois se raréfient et les plus jeunes – sans expérience et sans diplôme – sont les premiers sacrifiés. Face à l’ampleur du défi, on peut craindre que les initiatives avancées soient nettement insuffisantes…

La tentation de l’écran de fumée

Plein de ressources, les technocrates bruxellois ont imaginé une « Garantie pour la jeunesse » en vertu de laquelle tous les jeunes devraient se voir proposer un emploi ou une formation dans les quatre mois qui suivent la sortie d’études ou la perte d’un emploi. Le «  droit au travail », quel curieux concept… Quel travail ? Un emploi aidé, subventionné, à durée déterminée… Pourquoi ne pas, carrément, (ré)instaurer un service militaire – ou civique – obligatoire et le décider de longue durée ? Reculer pour mieux sauter…

Une lueur d’espoir, un soupçon d’intelligence. En réalité, cette « Garantie » s’appuierait sur les Fonds sociaux européens (FSE) ou/et la Banque européenne d’investissement (BEI). Elle aurait aussi pour objectif d’augmenter la capacité de prêt de ces deux outils et diriger ces prêts vers les PME et TPE. S’il s’agit de faciliter l’embauche des jeunes dans des emplois stables – ou d’une durée suffisamment longue – et de compenser pour l’entreprise le manque d’expérience et de formation par des avantages financiers. Pourquoi pas ? Mais encore faudra-t-il que le dispositif soit souple et aisément actionnable…

Les politiques sociales sont du ressort des États, mais les Européens vont y réfléchir à 27. Ils devraient promettre aussi de dépenser en deux ans l’enveloppe de 6 milliards d’euros affectée à la politique de l’emploi dans le budget communautaire 2014-2020. En espérant que, d’ici deux ans, les efforts aient porté leur fruit ou qu’un retournement de la conjoncture vienne inverser une tendance mortifère.

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