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Les «Poussins» auto-entrepreneurs veulent faire entendre leur voix

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JOL Press : Après le mouvement des Pigeons, celui  des  « Poussins » a été lancé sur le web, pour défendre les auto-entrepreneurs. Pensez-vous que ce mouvement aura la même force ?
 

Jean-David Chamboredon : Le rythme de signature de la pétition est assez bon en tous cas.  Plus de 60 000 personnes ont déjà signé la pétition en ligne : ce sont des chiffres comparables à ceux des Pigeons, même s’il faut préciser que la communauté des pigeons est plus petite que celle des auto-entrepreneurs  (il y a beaucoup moins de patrons de start-up et de PME que d’auto-entrepreneurs). En utilisant à peu près les même recettes que nous, les Poussins arrivent à une mobilisation similaire. Tant mieux pour eux.

JOL Press : Vous avez signé la pétition en ligne des « Poussins » qui annonce  « la mise à mort programmée des auto-entrepreneurs ». Quelles sont les objections principales des signataires ?
 

Jean-David Chamboredon : Un certain nombre de personnes ont profité du statut d’ato-entrepreneur pour démarrer une activité : ils en vivent très modestement puisque les plafonds fixés sur les chiffres d’affaires empêchent de faire un gros business. Sylvia Pinel, la ministre de l’Artisanat, du commerce et du tourisme, envisage de baisser les plafonds. Ainsi, les gens qui vivaient déjà très modestement, vivront encore plus modestement.

En outre, la ministre veut, dans la durée, empêcher ce statut de perdurer pour quelqu’un qui en ferait son activité principale : c’est-à-dire de le faire entrer dans le modèle classique de l’entreprise individuelle. Ces mesures impliquent une charge administrative d’une autre nature : des charges sociales que l’on devra payer qu’on fasse du chiffre d’affaire ou pas… Je pense que l’entrepreneur se prendra les pieds dans ce modèle.

JOL Press : Quelles sont les revendications claires du mouvement des Poussins ?
 

Jean-David Chamboredon : Les Poussins estiment qu’il existe un modèle qui fonctionne, alors qu’il faut le laisser tel qu’il est. C’est vraiment idiot d’entraver un modèle qui rencontre du succès. Il y a éventuellement des espaces de discussion et de négociation possibles, comme par exemple sur des problématiques de formation ou de diplômes pour exercer telle ou telle activité.

JOL Press : Les réseaux sociaux sont-ils des médiums efficaces pour faire pression sur les pouvoirs publics selon vous ?
 

Jean-David Chamboredon : Les réseaux sociaux sont un levier pour mobiliser une communauté sur une cause précise et légitime. Twitter, Facebook sont des plateformes extraordinaires pour mobiliser une communauté derrière une cause précise et vérifier qu’il y a une adhésion derrière cette cause. Si cela ne touchait que deux trois personnes à la marge, il n’y aurait pas 60 000 signatures, ni autant d’échos sur les réseaux sociaux. Cela permet de vérifier et de valider que cette cause est juste et qu’il y a une vraie mobilisation. 

JOL Press : Cette présence  sur les réseaux sociaux est-elle suffisante ?
 

Jean-David Chamboredon : Si vous vous contentez de faire du bruit sur Facebook et Twitter, vous n’entrerez pas dans un dialogue avec les pouvoirs publics, et donc vous n’irez nulle part. La ministre Sylvia Pinel a déclaré qu’elle recevrait les associations auto-entrepreneurs jeudi prochain : j’espère que le dialogue va s’établir… Je pense que la médiatisation s’arrêtera à ce moment-là, comme cela avait été le cas pour les Pigeons. Et peut-être que dans quelques semaines, nous verrons sortir un projet de loi qui tiendra compte de cette mobilisation. C’est en tous cas ce que je souhaite aux Poussins.

Propos recueillis par Louise Michel D.

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