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Majorité : le PS a tant à perdre à provoquer les Verts…

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A Villeneuve-sur-Lot, dans la 3ème circonscription du Lot et Garonne, l’ancien fief de Jérôme Cahuzac, le Parti socialiste a essuyé une 8ème défaite aux élections législatives partielles. Avec 23,69 %, Bernard Barral (PS) arrive derrière les candidats du FN, Étienne Bousquet-Cassagne (26,04 %), et de l’UMP, Jean-Louis Costes (28,71 %). Cette semaine l’heure est aux règlements de compte, les socialistes cherchant à tout prix à trouver des explications à cet échec sans remettre un seul instant en question la politique du gouvernement.

La faute aux écolos ?

Dans la ligne de mire des socialistes : le parti écologiste qui a préféré présenter un candidat plutôt que de faire alliance avec le PS. Le candidat Lionel Feuillas (EELV) ayant obtenu 2,78% des suffrages, cette alliance aurait en effet pu permettre – de justesse – au PS de se qualifier pour le second tour. « C’est une faute politique de ne pas se rassembler au premier tour quand on est ensemble et qu’on doit assumer ensemble le bilan de la majorité », s’est emporté Bruno Le Roux, le patron du groupe PS à l’Assemblée. Et de juger « anormal, incompréhensible et inexcusable » que « la majorité présidentielle ne soit pas rassemblée » aux élections partielles.

Mais les Verts n’entendent pas se faire dicter leur conduite et se défendent en pointant du doigt la politique du gouvernement : « Les gens en ont assez de voir qu’on ne met pas en œuvre ce pour quoi on a été élus », a déclaré Pascal Durand, secrétaire national d’EELV. « Le président de la République dit ‘je vais faire une loi et je serai intraitable sur la transparence’ et derrière, ses propres députés disent ‘on le fait pas’. Sur la question des retraites, on dit qu’il va y avoir un vrai débat et qu’on s’aperçoit que ce débat est ambigu dans sa portée, tous ces sujets-là font que les gens se demandent pourquoi ils votent pour tel ou tel représentant dès lors que rien ne change ou ça ne change pas dans le sens où on l’attendait. »

La faute à Cahuzac…

«C’est misérable de reporter la responsabilité sur les écologistes », a, de son côté, lancé la ministre du Logement, Cécile Duflot. « Si on n’est pas capable de s’interroger sur les causes de cet échec, on risque de reproduire les mêmes erreurs.» Et il semblerait bien être là le vrai problème. Personne au gouvernement ni au sein du groupe PS ne semble vouloir se remettre en question.

Le président de la République lui-même a préféré y voir les conséquences de l’affaire Cahuzac : « Lorsqu’il y a des scandales, en l’occurrence l’affaire Cahuzac en était un, il y a toujours la tentation de l’extrême droite, quel que soit d’ailleurs le comportement de cette extrême droite », a-t-il déclaré sur le plateau de Capital, dimanche soir. « Il reste toujours une séquelle, nous en avons une séquelle aujourd’hui dans cette législative partielle », a-t-il ajouté.

Même son de cloche du côté de Najat-Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement : « Je crois que ce qui l’a emporté dans le choix des électeurs (…) c’est le mensonge de Jérôme Cahuzac, c’est le sentiment d’avoir été trompé par un homme et que cette tromperie éclabousse le camp de cet homme. C’est pour ça que le Parti socialiste, malheureusement, en fait les frais », a-t-elle déclaré sur Radio Classique et Public Sénat, ce mardi 18 juin.

Rejet de la politique du gouvernement ?

« Ce qui est en cause, c’est l’échec de la politique du gouvernement. Il faut que le PS se ressaisisse », explique le président du groupe EELV au Sénat, Jean-Vincent Placé. « Si dans le prochain budget il n’y a pas de fiscalité écologique, nous quitterons le gouvernement », avait-il menacé sur RMC, le 14 juin dernier. Cette majorité parlementaire est donc extrêmement fragile à l’heure où elle ne dispose plus que de 292 sièges quand la majorité absolue à l’Assemblée nationale est atteinte à 289 sièges.

Mais le gouvernement est-il prêt à faire des concessions du côté des Verts ? En janvier dernier, Pascal Durand, secrétaire national d’EELV, avait assuré que les ministres écologistes ne pourraient plus rester au gouvernement « si le gouvernement ne s’engage pas, en juin ou en juillet, sur une puissante initiative en faveur de la fiscalité écologique. » Au vu des résultats de l’élection à Villeneuve-sur-Lot, le gouvernement n’aurait-il pas tout intérêt à prendre ces menaces au sérieux ? La majorité ne tient qu’à trois sièges… 

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