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Nathalie Kosciusko-Morizet dans le marigot de la droite parisienne

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Les électeurs parisiens, encartés à l’UMP ou non, avaient jusqu’à 18 heures pour s’inscrire sur le site de la primaire, et jusqu’à 19 heures pour départager, par vote électronique uniquement, les quatre candidats : l’ancienne ministre et députée de l’Essonne, Nathalie Kosciusko-Morizet (40 ans), le maire du Ier arrondissement Jean-François Legaret (60 ans), le conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel (35 ans), et le conseiller régional Franck Margain (51 ans), vice-président du Parti chrétien-démocrate (associé à l’UMP). Le suspens est resté entier jusqu’à l’annonce des résultats. 

Entretien avec Olivier Faye qui prépare un livre Nathalie Kosciusko-Morizet – NKM l’ambition parisienne, à paraître chez Jacob Duvernet le 14 août. 

JOL Press : Quelle est la force de Nathalie Kosciusko-Morizet ? En quoi peut-elle incarner la droite parisienne ?
 

Olivier Faye : Nathalie Kosciusko-Morizet a ses chances dans la mesure où le bilan de Bertrand Delanoë est contesté, son équipe arrive en fin de cycle et Anne Hidalgo représente cette équipe au pouvoir à Paris depuis 2001. Nathalie Kosciusko-Morizet peut représenter la force du changement dans une période où la popularité du président François Hollande est en berne. On peut aussi supposer qu’au moment de l’élection municipale sa cote de popularité n’aura pas trop grimpé.

Sur un plan plus personnel, Nathalie Kosciusko-Morizet a l’avantage d’être une femme qui dépasse les clivages, qui, de par ses positions, est un peu iconoclaste. Elle dit souvent  qu’elle a horreur qu’on classe les gens selon les étiquettes et qu’on lui colle à elle aussi une étiquette sur le front. C’est pour cette raison que, dans son parti, on lui reproche souvent d’avoir des positions trop « de gauche » et de brouiller le message et la ligne du parti. Ce positionnement est positif pour Paris car le profil politique des Parisiens est plutôt libéral.

JOL Press : Le principal défaut de la droite à Paris n’est-il pas son incapacité à s’unir ? Et donc à gagner à Paris où le mode de scrutin, extrêmement complexe, exige de faire des alliances ?
 

Olivier Faye : C’est le choix de l’arrondissement où elle va se représenter qui sera déterminant, après il faudra voir si elle arrive à fédérer derrière elle toutes les forces de droite pendant sa campagne parce qu’elle va en avoir besoin. Or la droite à Paris a montré pendant de longues années qu’elle savait se montrer très divisée et qu’elle savait se torpiller elle-même. La campagne pour la primaire a par ailleurs montré les différentes divisions qui existaient au sein-même du parti.

A cause du mode de scrutin, Nathalie Kosciusko-Morizet va devoir se concentrer sur les arrondissements clés que sont par exemple le XIIe et le XIVe. Tout peut se jouer sur ces deux arrondissements.

JOL Press : Mais arrivera-t-elle justement à fédérer derrière elle ? On a vu les opposants au Mariage pour tous menacer la candidate de tout faire pour la faire perdre.
 

Olivier Faye : On ne peut pas encore savoir si les opposants au mariage homosexuel seront aussi virulents dans un an mais je pense pour ma part que d’ici les municipales les ardeurs se seront apaisées. Certes le mouvement de contestation est aujourd’hui très fort mais, en politique, tout va très vite et je ne serais pas étonné que ces mouvements se soient calmés d’ici un an. La droite est empreinte de tradition légitimiste : une fois le chef choisi, on se range derrière lui. Il y aura, selon moi, assez peu de dissensions au sein du parti, si ce n’est peut-être du côté de Pierre Charon (XVe arrondissement) ou Jean Tiberi (Ve arrondissement), mais ce serait vraiment à la marge.

JOL Press : NKM n’est pas parisienne. Croyez-vous que cela puisse lui porter préjudice ?
 

Olivier Faye : Jacques Chirac n’était pas parisien et il a été élu en 1977. Paris est une ville de provinciaux, les Parisiens « de souche » sont de plus en plus noyés dans la masse, donc je ne pense pas que cela change quoique ce soit pour elle, d’autant plus qu’elle vient de région parisienne : elle a effectué sa scolarité au lycée Jean-Pierre-Vernant de Sèvres, puis au lycée privé catholique Madeleine-Daniélou de Rueil-Malmaison et effectué deux années de classes préparatoires au lycée Louis-le-Grand à Paris. Ce ne sera donc certainement pas rédhibitoire pour elle.

JOL Press : Quels pourraient être les thèmes de campagne forts qu’elle pourrait porter et qui seraient à même de séduire les Parisiens ?
 

Olivier Faye : Pendant la campagne pour la primaire Nathalie Kosciusko-Morizet a beaucoup parlé de la sécurité, car elle souhaite faire le plein de voix à droite. Les thèmes qui risquent de s’imposer sont ceux dont on a déjà entendu parler comme la circulation, avec la question de la fermeture des voies sur berges et la réduction ou pas des voitures dans la capitale, et le logement, question particulièrement préoccupante à Paris. Sur ces thèmes, NKM a l’avantage de la supposée compétence dans la mesure où elle a été ministre des Transports et du Logement.

Face à elle, Anne Hidalgo fera valoir qu’elle connaît les dossiers et le terrain mais pour moi NKM a l’avantage car peut jouer de sa stature nationale, bien que ce soit une posture très difficile à jouer : on se souvient de l’échec de de Philippe Séguin en 2001. Il y a un entre-deux à trouver, une ligne de crête sur laquelle elle va devoir s’aventurer.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

Olivier Faye est journaliste politique, il prépare un livre Nathalie Kosciusko-Morizet – NKM l’ambition parisienne, à paraître aux éditions Jacob Duvernet (14 août 2013).

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