Site icon La Revue Internationale

Noah-Tsonga, si proches et si différents

[image:1,l]

La comparaison entre les deux tennismen est évidente, trop peut-être. Tous deux sont les leaders de leur génération. L’un a porté son sport dans une autre dimension dans l’Hexagone, tandis que l’autre tente de le dominer. Et même s’ils sont originaires d’Afrique Noire et plein de charisme, on ne peut transposer leurs images si facilement. Sur le court les deux sont des guerriers physiques, en revanche, leurs styles sont bien différents et – en-dehors du terrain – les caractères diffèrent.  

Noah, plus qu’un sportif

Véritable conscience nationale, Yannick Noah a transporté son image au-delà du simple aspect sportif, s’engageant dans des voies citoyennes et artistiques. Rebelle à la gouaille assumée, le vainqueur des Internationaux de France 1983 est plus flambeur qu’un Jo-Wilfried Tsonga, plus sage. Mais Guy Forget soulignait justement dans L’Equipe, que les deux hommes se rejoignaient « dans ce mélange de douceur et de force de caractère. C’est ça qui est très frappant, en même temps qu’un timbre de voix très doux et très posé. Et, sur le terrain, tout d’un coup ils ont cette capacité à être extraverti. »

Ancrés dans des époques diamétralement opposées, Noah a été un précurseur et a dû faire face à une soudaine notoriété.  Si la pression extérieure était importante sur ses épaules, il n’a jamais oublié de sourire. Il suffit de voir les images de la victoire en finale de Roland-Garros : lorsqu’il se précipite dans les bras de son père nous comprenons c’était un personnage très communicatif qui sait transmettre ses émotions.

Tsonga est un tennisman plus complet

Tout aussi déterminé que Noah, le natif du Mans possède aussi un mental d’acier et est capable d’imposer sa volonté à l’adversaire. Une présence sur le court que le public apprécie et qui le lui rend bien. Comme Noah, il sait aller puiser l’énergie dans les gradins pour se montrer encore plus performant. Sur ce point-là, la ressemblance ne peut être troublée d’aucune contestation, même si le père du pivot des Chicago Bulls en NBA, Joakim Noah, était tout de même plus provocateur dans son attitude.

En revanche, dans leurs styles de jeu, on ne peut faire le rapprochement, comme l’indiquait un expert en la matière, Patrice Hagelauer, dans L’Equipe : « Yannick était un attaquant très orienté vers le filet. Jo peut y aller, mais c’est plus un attaquant de fond de court […] Jo possède un énorme coup droit, que n’avait absolument pas Yannick. Il a un revers à deux mains, celui de Yannick était coupé et lui servait souvent à faire des approches. Enfin, Yannick était un grand volleyeur, presque impassable. Il attirait la balle à lui. » Et à Henri Leconte de rajouter : « Jo, c’est solide partout sur tous les terrains. »

Une relation de « grand frère »

Désormais âgé de 28 ans, il ne manque qu’un titre du Grand Chelem au numéro 8 mondial (classement ATP) pour entrer dans les cœurs des Français comme Noah a pu le faire. Finaliste en 2008 à Wimbledon, gagner « à domicile » aurait pour lui une saveur particulière. Si la densité actuelle du tableau masculin peut faire douter d’une victoire en finale, jamais Tsonga n’a été aussi loin Porte d’Auteuil. L’espoir reste permis.

Pour cela, il compte sur les conseils de l’homme aux dreadlocks : « Quand je l’appelle, c’est comme si j’appelais mon grand frère. Quand il me parle, j’ai l’impression qu’il connaît ma vie par cœur. Parce que tout ce que je suis en train de vivre, il l’a déjà vécu. Il est déjà passé par là. Il a les mots pour me parler de ça », expliquait Tsonga au quotidien sportif. A lui désormais d’écrire sa propre histoire, mais pas sûr qu’en cas de victoire il retrouve ce calme qu’il affectionne tant hors du terrain.

Quitter la version mobile