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Chaque année à la même époque, lorsque les dirigeants des huit pays les plus industrialisés du monde se réunissent, la question demeure la même : quelle sera la facture définitive de ces deux jours de discussions au sommet ?
Edition 2013 en Irlande du Nord
Chaque année, des budgets sont votés, souvent dépassés, et la population du pays d’accueil regarde, éberluée, quelques dizaines de millions d’euros, de dollars ou de livres sterling dépensées en un éclair.
Pour cette édition 2013, c’est en Irlande du Nord que se réunira le groupe des huit. Les 17 et 18 juin, Barack Obama, Angela Merkel, David Cameron, François Hollande et les autres se retrouveront au Lough Erne golf resort pour aborder les grandes questions qui animent l’actualité mondiale.
Outre le logement de ces personnalités et de leurs délégations, l’organisation d’un G8 comprend également les vastes mesures de sécurité mises en place pour la sécurité du sommet, l’accueil de plusieurs milliers de journalistes ainsi que la mise à disposition de tous les outils qui leur seront nécessaires pour couvrir le sommet. Et tant d’autres dépenses.
Les Britanniques envoient une facture aux invités
Les autorités britanniques l’ont d’ores et déjà annoncé, l’organisation de cette réunion devrait avoisiner les 60 millions d’euros. Une facture que se partageront les autorités d’Irlande du Nord, à hauteur de 7 millions d’euros, tandis que l’exécutif de Westminster se chargera du reste.
Une somme conséquente, alourdie notamment par la vaste opération de sécurité déployée autour de la ville de Lough Erne.
Mais en pleine crise économique, les milliards se comptent et pour cette édition, les Britanniques ont décidé d’innover et de mettre les délégations devant leurs responsabilités et leur nombre.
Bien avant leur arrivée, les secrétariats des chefs d’Etat ont reçu la facture de l’hébergement de leurs accompagnateurs. Ainsi, chaque personne, hormis le chef de file de la délégation et un conseiller en chef, devra régler le coût de son logement estimé à 1 175€ par chambre et par nuit.
Une démarche qui n’est pas passée inaperçue auprès des dites délégations. Une grande première, qui a indigné les autres membres du G8.
Face à ce vent de contestations, les Britanniques ont affirmé que cette démarche n’était absolument pas nouvelle et que chaque pays d’accueil avait toujours fonctionné ainsi.
L’histoire ne dit pas, pour le moment, si les Britanniques insisteront ou non pour se faire régler cette facture par leurs invités.
La folie des grandeurs canadienne
Il faut dire qu’en termes de communication, économiser sur les frais d’un G8 est plutôt de rigueur compte tenu de certains excès survenus les années précédentes.
Les Canadiens se souviennent encore de leurs mirobolants G8 et G20 de 2010. Cette année-là, les autorités avaient dépensé pas moins de 720 millions d’euros pour l’organisation des deux sommets au mois de juin.
Cette dépense avait scandalisé la population, tant par la somme dépensée que par les infrastructures construites spécialement à cette occasion.
Les journalistes avaient particulièrement été gâtés cette année-là. Dans le Centre des médias officiels de Toronto, les organisateurs des sommets avaient imaginé recréer tous les univers géographiques du Canada, et ce afin de faire la promotion du tourisme auprès des médias internationaux. Un lac artificiel a même été creusé pour l’occasion.
A Deauville, un G8 à 31 millions d’euros
L’année suivante c’est à Deauville que le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, accueillait ses homologues.
Pour héberger 8 000 participants, 17 chefs d’Etats et de gouvernement, 4 000 journalistes, la ville du Calvados avait été entièrement mobilisée pour la somme de 20 millions d’euros.
Les trois quarts de ce montant devait, à l’origine, concerner l’aménagement et notamment la création d’un centre de presse couvert sur l’hippodrome de la ville.
Certains hôtels du front de mer avaient alors été réquisitionnés et 720 chambres ont été louées par l’Etat. En tout, près de 50 000 repas ont été servis en deux jours.
Quelques mois plus tard, l’Assemblée Nationale qui avait voté le budget initial a annoncé que la facture totale du G8 s’était finalement élevée à 31 millions d’euros.
Pourquoi tant de dépenses ?
Se pose alors la question de l’utilité de tant de dépenses au regard de ce qui se déroule réellement pendant un G8. Une question que s’est posée, en 2010, le site Owni.
« Depuis que Giscard a réuni ses homologues à Rambouillet en 1975, les grands de ce monde se sont réunis 38 fois, entre les G6, G7, G8 et G20. 38 déclarations que vous ne pourrez pas retrouver sur le site web du G8. Et pour cause : il n’y en a pas ! », écrivait alors Nicolas Kayser-Bril.
« En effet, ces rendez-vous ne disposent d’aucune forme juridique permettant de les institutionnaliser », ajoutait-il encore avant de citer Jean Quatremer, spécialiste des négociations entre Etats : « sans mécanismes pour transformer des intentions en textes juridiques contraignants, ça ne sert pas à grand-chose. »
Un vaste théâtre d’opérations policières et militaires
Pourtant, le site Owni concédait alors un avantage de taille à l’organisation coûteuse de ces sommets.
« Les sommets sont aussi l’occasion d’essayer de nouvelles tactiques. Celui d’Evian, en 2003, a permis de tester le dispositif de ‘zone d’interdiction [de survol] temporaire’, ou bulle de protection, inventé en 2001 pour protéger la France des terroristes en avion de tourisme », écrivait encore Nicolas Kayser-Bril. « A Pittsburgh, en 2009, les docteurs Folamour du G20 ont testé les canons acoustiques sur les manifestants. Utilisé à la base contre les terroristes et les pirates, ce haut-parleur est tellement puissant qu’il peut faire provoquer des hémorragies internes par rupture des tympans dans un rayon de 10 mètres. »
Et de conclure, « Les cyniques diront peut-être que le véritable intérêt des sommets est bien là : ils permettent aux policiers et aux militaires de tester leurs nouveaux gadgets sécuritaires lors d’affrontements prévisibles et peu dangereux. »