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Paris: 1 000 tournages par an, et un organisateur

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JOL Press : Combien de films sont tournés chaque année à Paris ?

Michel Gomez : Paris accueille près de 1 000 tournages de film par an, ce qui représente environ 10 tournages par jour. Ce sont des longs-métrages, français ou étrangers, des séries télé, des films publicitaires, des documentaires et des courts-métrages. L’ensemble compte entre 3 000 et 4 000 journées de tournage.

JOL Press : Selon vous pourquoi cet engouement pour la capitale ?

Michel Gomez : Il y a plusieurs raisons à cela : d’une part la variété des décors dont on dispose à Paris. Nous possédons des éléments très emblématiques, très parisiens, appréciés en général par les réalisateurs étrangers. Nous tournons aussi beaucoup dans des quartiers moins connus, comme les 18e, le 19e, le 20e, le 13e arrondissements. Ils fournissent une variété de décors très importante.

D’autre part, en France, l’activité cinématographique et audiovisuelle est très concentrée à Paris et dans sa région.

JOL Press : Que fait la Mission Cinéma de la Ville de Paris pour attirer les réalisateurs ?

Michel Gomez : En matière de tournage, nous sommes passés d’une logique purement administrative se limitant à autoriser ou non les tournages, à une logique beaucoup plus proactive, consitant à ouvrir aux tournages tous les lieux qui dépendent de la ville : musées, parcs et jardins, piscines et même l’Hôtel de ville.<!–jolstore–>

Cette nouvelle logique permet de développer des outils de travail avec la profession. Nous fonctionnons désormais sur les films d’amont en aval, de la préparation des tournages à l’organisation de parcours cinéma qui relient tous les lieux de tournage de la ville.

JOL Press : Que rapportent les tournages à la ville de Paris ?

Michel Gomez : Dans des lieux qui dépendent de la ville, nous avons un système de redevance qui rapporte entre 500 000 et 700 000 euros par an. Mais cela engendre principalement de l’activité et de l’emploi. Près de 80 % des professionnels, des techniciens ou loueurs de matériel, sont installés à Paris et en Île-de-France. Accueillir des tournages, c’est donc produire de l’emploi.

Autre élément notable, ce sont les retombées économiques, notamment dues aux tournages étrangers. Cela profite donc à l’hôtellerie, au tourisme, etc… Et finalement, cela dore l’image de Paris à l’international.

JOL Press : Vous est-il arrivé de refuser des tournages s’ils nuisaient à l’image de la ville ?

Michel Gomez : Avant tout, notre but est de tout mettre en oeuvre pour que les gens puissent tourner. Il peut nous arriver par exemple de leur conseiller de tourner telle ou telle scène plutôt le matin entre 5h et 7h qu’en pleine journée.

Certains bâtiments sont interdits de filmer, comme les prisons, l’ambassade des États-Unis ou l’Élysée ; il s’agit surtout de sécurité publique.

Mais par définition, les demandes concernant le cinéma sortent toujours des clous : nous recevons des demandes comme « Est-il possible de mettre un fourgon blindé sur un pont et faire une attaque du fourgon ? », ou « Peut-on faire une course poursuite dans les rues de Paris, avec une voiture qui descend un escalier ? »

Sophie Boudon-Vanhille : Il faut aussi respecter la vie des commerçants et des riverains. C’est pour nous un exercice toujours assez complexe de faire en sorte que ces activités se développent tout en à ne pas perturber le quotidien des habitants.

On peut aussi refuser pour des raisons techniques : par exemple, s’il y a des poids trop lourds pour la chaussée, on refuse et on essaye de trouver des solutions.

JOL Press : Quels sont les lieux les plus demandés par les réalisateurs ?

Sophie Boudon-Vanhille : Justement, ces dernières années, nous essayons de leur montrer la diversité des décors. Bien sûr il y a toujours des lieux emblématiques, très demandés par les réalisateurs étrangers notamment, comme le 18e arrondissement, le Trocadéro, la Tour Eiffel, Notre-Dame, les ponts sur la Seine…

Mais souvent, les réalisateurs veulent aussi se démarquer par rapport aux images qu’ils ont pu déjà voir, et découvrir de nouveaux endroits. C’est aussi notre vocation de proposer des lieux moins connus pour montrer la diversité de la capitale. Les réalisateurs s’intéressent de plus en plus à ce Paris différent.

JOL Press : Qui sont les réalisateurs étrangers qui viennent le plus filmer Paris ?

Sophie Boudon-Vanhille : Nous avons toujours eu des relations très fortes avec les Américains, mais aujourd’hui ce sont des pays qui nous semblaient lointains – Inde, Chone, Indonésie – qui viennent poser leurs caméras en France. Nous avons aussi reçu quelques réalisateurs de courts-métrages iraniens.

Propos recueillis par Antonin Marot pour JOL Press

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