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Paris, source d’inspiration pour les jeunes réalisateurs?

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JOL Press : Quelle ambiance règne-t-il au sein de la Cité du Cinéma ?

Paul Prache : L’idée de départ était de créer une sorte de pool du cinéma, avec tous les professionnels sur place, et d’organiser de nombreux tournages. Cela est en train de se dévelloper actuellement autour d’Europacorp, qui possède plusieurs studios sur place.

Cependant, depuis longtemps et encore aujourd’hui, il y a un vrai déficit dans l’implantation des entreprise. L’effervescence se fait plutôt au niveau de la location de l’espace central de la Cité du Cinéma : la Nef. C’est une ancienne usine EDF réhabilitée pour l’occasion et louée à de grosses entreprises pour des conférences, ou des salons de l’automobile, de l’électroménager, etc.

Mais sur le côté « le cinéma français se rencontre », nous n’y sommes pas encore parvenu il me semble.

JOL Press : Participez-vous à des tournages ?

Paul Prache : En tant qu’élève de l’Ecole nationale supérieur Louis-Lumière je participe à des tournages à des fins pédagogiques. Par contre, nous ne sommes pas conviés aux gros tournages, comme ceux d’Europacorp. Les milieux professionnels et universitaires sont encore très cloisonnés. C’est dommage ! Luc Besson lui-même est assez accessible, on le croise régulièrement à la cantine, mais au-delà de ça nous ne pouvons pas encore participer à leurs tournages. 

JOL Press : Paris est-elle une source d’inspiration pour les étudiants ?

Paul Prache : En tant que sujet je ne crois pas que la capitale soit une réelle source d’inspiration. Le thème de la ville sans doute davantage, mais Paris en particulier je n’en suis pas sûr. C’est davantage les réalités quotidiennes, avec ses habitudes ou ses transports par exemple, qui nous inspirent. L’école nous encourage à tourner à proximité de Paris. En revanche, pour les nombreux étudiants qui viennent de province ou qui habitent en banlieue, Paris est peut-être une source d’inspiration. 

JOL Press : Une fois sorti de l’école, envisagez-vous de réaliser votre premier film à Paris ?

Paul Prache : En région parisienne certainement. Mais essentiellement parce que les opportunités de production et d’offre y sont plus importantes. En ce qui me concerne, ce n’est pas pour des raisons esthétiques, car je veux m’orienter vers la science-fiction.

JOL Press : Vous avez aussi fait des études d’architecture : selon vous, qu’est-ce qui fait de Paris un décor idéal ?

Paul Prache : D’abord c’est une ville musée. D’un point de vue d’architecte ou d’urbaniste, c’est une ville qui capitalise sur son image touristique. Ceci implique des chantiers d’entretiens de façades permanents pour maintenir une image propre et adéquate à l’idée que s’en font les étrangers. Malgré cela, je dirais que Paris, c’est de l’haussmannien copié-collé, avec des plans d’urbanisme très précis et de nombreux d’interdits.

Je suis allé en Syrie en 2008, et j’ai été frappé de voir comme l’attention était portée sur l’intérieur des maisons. C’est-à-dire que les rues étaient complètement pouilleuses, boueuse, les parpaing apparent… Mais dès que l’on rentrait dans une maison, même si le propriétaire n’avait pas d’imortants moyens, j’étais étonné des nombreuses petites trouvailles : l’eau, les plantes, une cour avec patio, etc. Paris suit exactement la logique inverse : les façades très propres, mais derrière des cages d’escaliers sont vétustes, il n’y a pas d’ascenseur… On sauve les apparences !

JOL Press : Faisons un petit jeu : je vais vous citer des endroits de Paris, et vous devrez me dire quelle scène vous y tourneriez. La butte Montmartre.

Paul Prache : Montmartre ça m’évoque la scène d’une rencontre amoureuse à la française, un peu le cliché d’Audrey Tautou et Romain Duris, il l’a bouscule dans les escaliers, elle se retourne, ils se rencontrent. Moi, ces lieux, j’ai envie de les détourner, donc pour Montmartre, je verrais une scène de Paris sous loi martiale, avec un dictateur qui fait un discours et le Sacré-Cœur en arrière plan. André Dussolier en dictateur avec une veste à col Mao, ce serait parfait.

JOL Press : Le jardin des Tuileries ?

Paul Prache : Avec le Louvre derrière, pour le coup, ça donne envie de faire un film historique. D’autant plus que je suis un grand fan des mousquetaires, donc avec le Palais Royal, je vois tout de suite D’Artagnan.

JOL Press : La rue Mouffetard ?

Paul Prache : J’y vois aussi le cliché Amélie Poulain, mais il y a un marché sur la place Monge, donc peut-être une scène de marché, quelque chose d’assez vif, peut-être un peu inquiétant, assez rapide, avec des gros balèzes qui portent des cajots de tomates, quelque chose d’assez brutal mais d’assez sympa finalement, d’exubérant.

JOL Press : Le quartier de la Défense ?

Paul Prache : J’y ai justement vu une scène très jolie, avec un petit orchestre de musique de chambre qui jouait du Mozart, et tout autour, tous les jeunes cadres dynamiques ne s’arrêtaient absolument pas, ce qui faisait un contraste assez particulièr. Et après je suis allé prendre un café-croissant à 8 euros 50…

JOL Press : Et la pointe de l’île de la Cité ?

Paul Prache : C’est un lieu très joli, avec les saules pleureurs. Là, j’y ferais sans doute une scène de rencontre amoureuse justement, il y a moins d’images de déjà-vu à cet endroit-là.

JOL Press : Si vous deviez choisir un endroit dans Paris pour y tourner un film, où iriez-vous ?

Paul Prache : Certainement le quartier de la Butte aux Cailles, derrière la place d’Italie. Il y a trois-quatre rues avec des bars très sympas, c’est très vivant, et en même temps complètement éclectique, assez dépaysant, on ne se sent pas du tout à Paris. Il y une sorte d’étrangeté dans l’ambiance, donc j’y tournerai une scène nocturne, un peu inquiétante mais aussi un peu villageoise.

Propos recueillis par Antonin Marot pour JOL Press

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