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Peut-on encore croire qu’un G8 a une utilité?

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Peut-on encore croire que les vieilles démocraties industrielles qui composent actuellement le G8 ont encore leur place dans le nouvel ordre mondial ? La question se pose chaque année, tout comme celle de l’utilité d’une telle réunion dans la mesure où les membres qui composent cette réunion informelle n’ont, dans les faits, aucun pouvoir décisionnel.

Pourtant, pour Philippe Moreau Defarges, spécialiste des questions internationales et chercheur à l’Institut français des relations internationales, si une autre forme de réunion serait envisageable afin de favoriser la représentativité du monde actuel, les acteurs historiques du G8 partagent certaines valeurs, et c’est ensemble qu’ils doivent les défendre. 

Aujourd’hui, à quoi sert le G8 ?
 

Philippe Moreau DefargesLa légitimité de cette réunion et de la composition du G8 est souvent remise en cause. Malgré tout, le Groupe des Huit reste aujourd’hui un évènement annuel qui témoigne de la solidarité occidentale.

Il s’agit précisément de la réunion des principaux pays anciennement riches, Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie.

Ces pays représentent les vieilles démocraties industrielles et tout simplement des pays occidentaux.

Seule la Russie ne fait en cela pas partie du lot, et pourtant elle a sa place dans le G8. C’est pour cela qu’on parle plus souvent du G7+1.

La mondialisation a impliqué la montée de nouveaux acteurs sur la scène internationale. Des acteurs qui sont devenus importants aujourd’hui. Finalement, le G20 n’est-il pas plus représentatif du monde du XXIème siècle ?
 

Philippe Moreau Defarges : Bien entendu, le G20 est beaucoup plus représentatif du monde d’aujourd’hui car il réunit tous les plus grands pays du monde, ce qui n’est pas le cas du G7, ni du G8.

Le G8 a été conçu ainsi, en 1975, de manière à représenter les grandes démocraties occidentales.

Il serait tout à fait possible d’imaginer un nouveau mode de réunion, encore plus représentatif de l’état actuel du monde. Il n’y aurait alors qu’un représentant pour l’Europe, un seul pour l’Amérique du Nord et un pour le Japon.

Certains pays disparaîtraient alors. En Europe, on pourrait imaginer que l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie cèdent leur place pour un représentant unique. Le Canada aussi pourrait laisser son siège au profit des Etats-Unis.

Je ne suis simplement pas sûr que ces dits-pays acceptent cette forme de représentativité. Le G8 a un aspect historique qui demeure gravé. Ces pays sont ceux qui, dans les années 70 et alors que le monde se transformait à toute vitesse, représentaient les économies les plus importantes au monde.

Sur les grands dossiers internationaux tels que les guerres en Syrie ou au Mali mais également la crise économique européenne, le G8 a-t-il un rôle à jouer ?
 

Philippe Moreau DefargesLe G7 ou le G7+1 n’ont absolument aucun rôle, ni aucune fonction sur ces dossiers. En revanche, ils ont une double utilité très importante.

Tout d’abord, cette réunion permet à tous les pays occidentaux de se retrouver une fois par an, de se rencontrer et d’aborder les grands sujets qui les préoccupent tous ensemble.

Et puis c’est également une réunion où siègent les Russes, ce qui en fait une opportunité privilégiée pour rencontrer la Russie. Sur certains dossiers sensibles qui opposent la Russie à certains de ces pays occidentaux, c’est une bonne occasion de discuter. Le dossier syrien fait partie de ces sujets qui sont sans aucun doute au cœur des conversations.

Vous parlez de « réunion des pays occidentaux ». Mais aujourd’hui et dans un contexte de grande mondialisation, peut-on vraiment encore croire à la suprématie des puissances occidentales ?
 

Philippe Moreau DefargesL’Occident a, encore aujourd’hui, une très forte influence. On ne peut pas le nier et il ne disparaîtra pas au profit des nouvelles puissances en croissance.

Les plus vieux pays industrialisés ont des intérêts en commun et doivent se serrer les coudes pour conserver un niveau décent sur la scène mondiale. Face à ces nouveaux pays émergents, les pays occidentaux cherchent à entretenir leur solidarité.

Pour finir, il ne faut pas oublier que le G7 se retrouve également autour des valeurs de démocratie qu’il cherche à défendre autour du monde.

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