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Peut-on se montrer optimiste sur l’avenir de la Libye?

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L’affrontement entre des manifestants et la milice à Benghazi le 8 juin dernier s’est soldé par la mort d’au moins trente personnes. En conséquence, le Chef d’Etat-Major de l’Armée, Youssef al-Mangoush a démissioné. Le gouvernement central semble impuissant face aux opérations des milices.

Cependant, en dépit de la violence, une grande partie de la nouvelle génération se bat encore pour façonner de leurs mains le pays dont ils ont toujours rêvé. Nous, la jeunesse libyenne, sommes présents et travaillons à la réalisation de ce rêve.

Le poids de la société civile

Aujourd’hui, deux ans plus tard, des milliers d’organisations de la société civile libyenne ont vu le jour dans de nombreuses villes grâce à l’investissement et à la détermination de la jeunesse.

L’ancien régime militaire en avait supprimé beaucoup, faisant douter bien des observateurs de la capacité des Libyens à développer la culture de l’engagement civique. Pourtant, les jeunes de Libye, hommes et femmes confondus, ont montré au monde entier qu’ils étaient capables de travailler à la construction de la paix, qu’ils étaient capables de satisfaire les exigences de la justice sociale et d’améliorer leur vie et celle de leurs communautés.

Lorsque, dans certaines régions du pays, les partisans de l’ancien régime et les différentes milices se livraient à un combat armé en septembre 2011, la jeunesse libyenne, elle, s’empressait de réagir. Leurs initiatives consistaient essentiellement à venir en aide aux populations touchées par les attaques en fournissant ravitaillements et nourriture, mais aussi à rejeter la violence en se concentrant sur le dialogue et la résolution des problèmes. Par exemple, un groupe de jeunes Libyens a créé la National Reconciliation Inititative (initiative pour la réconciliation nationale), qui vise la réconciliation entre les partisans de l’ancien régime et le reste de la population. Des comités ont également été formés en septembre 2011. Leur but : apaiser le conflit dans la ville de Bani Al-Waleed. Bien que ces comités n’aient pas atteint les objectifs qu’ils s’étaient fixés en raison de conseils locaux qui auraient refusé de coopérer – monnaie courante dans toute campagne –, ils avançaient dans la bonne direction.

Le rôle de la jeunesse

Aussi, alors que les médias se focalisaient sur la violence qui progressait sur le terrain, la jeunesse s’attaquait à des questions qu’elle n’avait pas pu aborder par le passé, comme la santé, l’éducation et l’environnement.

En octobre 2012, la Ligue libyenne contre le cancer a organisé une campagne de sensibilisation dans des écoles secondaires de plusieurs régions, dont Benghazi, Tripoli et Zliten. Um Sanad, une des participantes à cette campagne a affirmé : « Parler du cancer du sein était un sujet tabou en Libye. Nous ne savions rien à ce sujet et, grâce à cette campagne, les femmes savent désormais comment le cancer peut être dépisté. » La campagne a mis en avant en prise de conscience de la maladie et a encouragé un dépistage rapide, dissipant ainsi la culture de la honte et de la crainte.

Les organisations de la jeunesse se sont par ailleurs montrées très actives dans le domaine de la protection de l’environnement, après que de tels groupes aient été considérablement limités, et leurs activités entravées durant des décennies. Un jeune militant et membre de la Oxygen Society for Environmental Protection (société Oxygène pour la protection de l’environnement) a soutenu : « la jeunesse libyenne est très engagée dans le domaine de l’environnement, et des campagnes de sensibilisation visant à changer le comportement des gens envers l’environnement commencent à avoir lieu. »

En ce qui concerne la Oxygen Society for Environmental Protection, elle a lancé nouvelle campagne en Libye, visant à rendre le public attentif aux risques de pollution causée par les sacs en plastique. 

Tant de progrès, malgré tout…

La création de tels groupes contribue à une amélioration de la situation et porte ses fruits chaque jour, malgré les obstacles. Par exemple, grâce à leur travail, les autorités du pays réprimandent aujourd’hui les personnes qui coupent des arbres.

La jeunesse libyenne a incité son pays à prendre part, dans une moindre mesure, à Earth Hour (une heure pour la planète) à la fin du mois de mars 2012. En 2013, la participation s’est étendue dans toute la Lybie et des bâtiments de Tripoli, de Benghazi, de Beida et de Gharyan ont éteint leurs lumières. Les jeunes Libyens qui menaient une campagne ont demandé au ministère de l’Electricité de participer à cet événement, en soulignant les dangers du réchauffement planétaire et en encourageant l’utilisation d’énergies renouvelables.

La violence constante est décourageante pour beaucoup et certaines organisations se plaignent des conseils qui ne coopèrent pas avec la jeunesse ou qui ne soutiennent pas leurs idées. Mais en dépit de tous ces obstacles, la jeunesse continue de déployer ses efforts, et est parvenue à attirer de nombreux partisans de la société libyenne qui croient en leurs objectifs et en leurs intentions.

La force de la jeunesse réside dans la persistance. Leur objectif : construire une nation et croire en un avenir meilleur.

*Najwa Bin Wahibah est une journaliste libyenne et une militante dans les domaines de la protection de l’environnement et de l’action civile.

Article écrit pour Common Ground News Service (CGNews).
 

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