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Porto: La guerre aux graffitis est déclarée

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Depuis le 21 mai dernier, le maire de Porto, Rui Rio, s’est lancé dans une vaste opération de nettoyage à travers la ville afin de la rendre plus accueillante. Des « brigades anti-graffitis » ont été mobilisées pour recouvrir les œuvres d’art urbain d’un coup de peinture jaune, désormais rebaptisée le « jaune Rui Rio ». Eclairages d’Hazul Luzah, célèbre graffeur portugais, qui a vu l’une de ses fresques murales disparaitre dans le cadre de ce projet très critiqué. 

JOL Press : Comment le conflit a-t-il commencé entre la mairie et les artistes à Porto?
 

Hazul Luzah: Tout a commencé le 21 mai dernier, lorsque la municipalité a mis en place une brigade anti-graffiti pour mener une « opération de nettoyage » à travers la ville. Ces brigades ont supprimé une partie des œuvres : de nombreuses peintures sur des murs abandonnés ainsi que sur des murs privés. La tension entre les graffeurs et la mairie est montée d’un cran lorsqu’un célèbre mur situé dans le centre de la ville a été recouvert de peinture jaune :  cela a suscité une vive polémique et le sujet a été abordé au Conseil municipal.

Il arrive parfois qu’après le passage des brigades anti-graffitis, les rues soient encore plus laides qu’avant le nettoyage. Je ne comprends pas l’objectif de la mairie. Il y a d’autres moyens pour améliorer l’image de Porto… 

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JOL Press : Le travail des graffeurs est-il reconnu à Porto ?
 

Hazul Luzah: A Porto, il n’y aucun espace où les artistes urbains peuvent s’exprimer légalement. C’est difficile de travailler dans ces conditions. La majorité des murs se situent dans des usines abandonnées, ou dans des endroits cachés. Les seules œuvres qui se trouvent dans le centre sont menacées par la Brigade anti-graffiti. La plupart des citoyens ne connaissent pas les artistes. 

JOL Press: Est-ce qu’une mobilisation s’organise parmi les artistes pour sauver ces œuvres murales ?
 

Hazul Luzah: Il n’y a aucune mobilisation pour le moment. Les graffeurs dessinent des tags par ci par là, d’autres réalisent des peintures, les autres attendent de voir comment la situation évolue.

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JOL Press: L’art de rue à Porto est-il menacé selon-vous ?  
 

Hazul Luzah: Ce nettoyage est fait de façon aveugle, sans prendre en considération la valeur des graffitis. La municipalité peut supprimer les œuvres, mais pas les artistes. Les graffeurs auront toujours de l’imagination pour trouver de nouvelles manières d’exprimer leur art. 

JOL Press: Qu’est-ce que vous suggérez ?
 

Hazul Luzah: Je comprends que la mairie veuille procéder à un assainissement de la ville afin de la rendre plus hospitalière ; de nombreuses places se sont considérablement détériorées depuis une quinzaine années. Mais en tant que graffeur, je souhaiterais que la municipalité nous accorde des espaces de création pour que l’on puisse peindre en toute légalité. Il faudrait également qu’elle laisse les artistes peindre dans des places abandonnées, et obtenir des licences pour s’exprimer sur des murs privés. 

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JOL Press: Comment définiriez-vous le street art ?
 

Hazul Luzah: Je compare souvent le street art à une chanmbre à coucher. A la manière d’une chambre que vous pouvez décorez comme bon vous semble, ou afficher votre poster favori, accrocher une peinture, le street art est une sorte d’immense chambre à partager. C’est un art qui permet d’approcher les gens et de les emmener dans son univers. 

Propos recueillis par Louise Michel D.

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