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«Pro Publica»: vers un financement participatif de la presse?

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Paul Steiger quitte la direction du Wall Street Journal en 2007

Il y a sept ans, Marion et Herb Sandler, deux milliardaires originaires de San Francisco, contactent Paul Steiger, l’ancien rédacteur en chef du Wall Street Journal. Le couple de septuagénaires souhaite lancer un site d’investigation, financé principalement par des subventions et des dons.

Philanthropes, Marion et Herb Sandler décident alors de consacrer chaque année 10 millions de dollars à ce projet dit « d’intérêt public ». Le reste du financement est assuré par d’autres fondations. 

Baptisé Pro Publica, ce site à but non lucratif nait en 2008. La rédaction américaine indépendante compte aujourd’hui 35 personnes et représente l’quipe de journaliste d’investigation la plus importante équipe aux Etats-Unis. Elle est composée de rédacteurs et de reporters mais aussi des jeunes journalistes peu expérimentés recrutés pour être former au journalisme d’investigation.

Prix Pulitzer

En 2010, Pro Publica, reçoit le prestigieux prix Pulitzer – une première aux Etats-Unis –  pour une enquête centrée sur les conséquences du cyclone Katrina en Louisiane. Cet article a coûté près de 300 000 euros… Une somme que peu de médias sont aujourd’hui prêts à consacrer à un unique projet.

Et si le mécénat subventionnait la presse ?

A l’heure où les budgets des rédactions sont fortement revus à la baisse et où les journalistes ont de moins en moins le temps et les moyens de faire des analyses et des enquêtes sur le long terme, Pro Publica se présente ainsi comme un média alternatif, permettant de livrer des sujets fouillés, présentés ensuite à différents médias. Le tout gratuitement.

« Les enquêtes d’investigation n’ont jamais apporté de lecteurs supplémentaires aux grands quotidiens », explique Stephen Engelberg, rédacteur en chef de Pro Publica« Elles étaient importantes pour les annonceurs, qui souhaitaient associer leur marque à un média haut-de-gamme. L’essor d’Internet a détruit ce modèle en rendant l’information disponible gratuitement. La majorité des enquêtes réalisées aujourd’hui le sont encore par les grands médias, comme les quotidiens, mais ils en font moins. Nous voulons remédier à ce manque. Aux Etats-Unis, le mécénat subventionne des musées, des orchestres, des ballets, des universités. Pourquoi pas la presse ? » poursuit-il dans Le Monde.

Un financement collaboratif

Et si l’avenir du journalisme d’investigation reposait sur un financement participatif ? Ce modèle a en tout cas déjà séduit plusieurs médias aux Etats-Unis, comme voiceofsandiego.org ou, plus connu, le site Spot us. Créé en 2008 par David Cohn, un étudiant en journalisme, ce dernier fonctionne sur la base du« crowdfunding ». Des journalistes proposent un pitch (un résumé de leur article) : s’ils le jugent pertinent, les internautes peuvent faire un don pour financer le projet. 

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