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«Refaire un D-Day aujourd’hui? Personne n’oserait»

06.06.2013 par La Rédaction
«Refaire un D-Day aujourd’hui? Personne n’oserait»

Le 6 juin 1944, sur les plages de Normandie, s’est déroulé le plus important débarquement de l’histoire militaire. Une opération inégalée depuis. Il serait quasiment impossible de monter une opération de cette envergure aujourd’hui. Explications du Capitaine de frégate Emmanuel Boulard.

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Et si le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie se déroulait aujourd’hui ? Avec les moyens de communication modernes, les armées du XXIème siècle et les diplomaties fondées sur la base de l’après-guerre.Une fiction difficile à imaginer tant, en quelques sept décennies, le monde s’est transformé.

Eclairages du Capitaine de frégate Emmanuel Boulard, chargé du domaine amphibie au sein du Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations (CICDE).

Lorsque les Américains débarquent sur les plages de Normandie, en ce 6 juin 1944, les forces allemandes sont surprises par l’arrivée de 300 000 alliés engagés pour libérer la France. Aujourd’hui, dans une guerre du XXIème siècle avec tous les moyens de communication et d’imagerie satellitaire qui sont déployés, serait-il possible de garder un tel niveau de secret ?
 

Emmanuel Boulard : Le débarquement du 6 juin 1944 n’était pas une surprise à proprement parler.

Les Allemands savaient que les Alliés ouvriraient un nouveau front, c’est pour cela qu’ils avaient entrepris la fortification des plages de Normandie. En revanche, ils ne connaissaient ni l’heure, ni l’endroit exact. Cette surprise tactique a été permise grâce au secret qui, jusqu’au bout, a entouré le projet de débarquement.

L’Opération Fortitude a participé au maintien de ce secret. Diverses opérations de désinformation ont été échafaudées pour faire croire aux Allemands que le débarquement se déroulerait ailleurs, en Norvège ou dans le Pas de Calais.

Aujourd’hui, un tel maintien du secret autour d’une opération amphibie et aérienne est beaucoup plus difficile tant les moyens de communication et d’imagerie satellitaire sont développés. Néanmoins, si les grandes puissances militaires du monde sont désormais capables d’observer le monde par satellite, les 9/10ème de la planète restent quant à eux presque aveugles sur ce plan et très peu de nations peuvent observer, en temps quasi-réel, les bateaux sur les océans. Cela permet encore aujourd’hui de conserver un certain niveau de surprise.

Techniquement, le débarquement a demandé le déploiement d’une logistique considérable. Les défenses actuelles, bien que plus modernes, en sont-elles capables ?
 

Emmanuel Boulard : Le débarquement de Normandie, comptait entre 5 000 et 7 000 bateaux, 10 000 avions, 300 000 hommes dont 200 000 hommes de troupes. A la fin du mois de juin 1944, 1,5 millions de soldats alliés étaient présents sur le territoire français, transportés par plus de 200 000 véhicules.

Il faut d’ailleurs également bien garder en tête que si ces renforts n’avaient pas suivi le 6 juin 44, les hommes du débarquement seraient quasiment restés sur la plage et auraient peut-être dû refluer. L’important n’est pas tant le D-Day que ce qui a suivi.

Remettons-nous dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. En 1944, les Américains ont entamé leur troisième année de guerre tandis que l’Europe est entrée dans ce conflit depuis 4 ans.

Les industries nationales tournent alors très essentiellement pour fournir le matériel nécessaire au conflit et, cette année-là, plus de 50% du PIB américain est consacré à l’effort de guerre. L’Allemagne y consacre quant à elle 65% de son PNB.

Actuellement, les budgets de défense des pays européens représentent entre 1 et 2% du PIB national et environ 4% du PIB américain.

Même avec des équipements modernes plus efficaces qu’autrefois – tant pour l’attaquant que pour le défenseur – la quantité resterait incontournable.

Ces chiffres doivent témoigner d’une chose : en 1944, les pays belligérants ont déjà trois années de production de guerre derrière eux. Trois ans qui ont permis à un débarquement de s’organiser en quelques mois. Une logistique qui serait absolument inenvisageable aujourd’hui sans une très longue montée en puissance préalable. Il faut également savoir que la date du D-Day a été décalée à plusieurs reprises, notamment parce que l’industrie américaine, qui tournait pourtant à plein régime, n’avait pas encore fourni assez de chalands. Si le débarquement de Provence est survenu plus tard, ce n’était pas voulu, mais il fallait simplement avoir le temps de déplacer les bateaux du nord au sud de la France, car malgré tous les moyens déployés, personne ne pouvait fournir autant de matériel.

Ces ordres de grandeur n’ont plus rien à voir avec nos situations actuelles. Les nations se battaient pour leur survie et ce à plein régime depuis de nombreux mois. Rendez-vous compte, pour atteindre ce niveau de préparation, il faudrait durablement multiplier notre budget militaire par 25 ! Inimaginable en temps de paix !

Les défenses modernes pourraient-elles mobiliser autant d’hommes en si peu de temps ?
 

Emmanuel Boulard : Le débarquement a causé de nombreuses pertes. On compte 10 000 personnes hors de combat de chaque côté. Parmi ces personnes, il y a les blessés graves, les disparus et les morts. 4 000 Alliés seraient morts sur les plages du débarquement, les Allemands en ont perdu légèrement moins.

Ce sont des chiffres qui reflètent une guerre totale comme il n’en n’existe plus aujourd’hui.

Le contexte a changé. Les populations occidentales ont grandi d’environ 50% et les PIB ont été multipliés par 5. Cela signifie que si la France se retrouvait dans une guerre totale, il n’y aurait pas d’impossibilité à déployer les moyens nécessaires pour contribuer à une telle entreprise.

Ainsi, si techniquement, avec des pays plus riches et plus peuplés, une telle opération est physiquement possible, cela reste, dans les faits, fort peu probable.

Dans nos guerres modernes, les dirigeants prendraient-ils encore la décision d’envoyer des hommes sur une opération si risquée ?
 

Emmanuel Boulard : Lorsqu’ils ont débarqué, les Américains avaient 60 000 Allemands en face d’eux, sur des plages choisies car incomplètement fortifiées. Aujourd’hui encore, on chercherait bien entendu à attaquer là où il y a le moins de défenses, en évitant au maximum les plages fortifiées.

En termes de stratégie militaire, un débarquement est une opération particulièrement dangereuse. Les marins savent se battre sur un bateau et les soldats savent se battre à terre. Mais se battre les pieds dans l’eau fait courir un grand danger aux forces armées qui sont alors particulièrement vulnérables.

En 1944, les chefs militaires alliés ont pris toutes les précautions qu’ils pouvaient, mais le risque n’en n’était pas moins grand et nous ne savons d’ailleurs pas ce qui serait survenu si les Allemands avaient réagi plus promptement.

Un débarquement reste une opération risquée à laquelle on a recourt lorsqu’il n’y a pas d’autre option plus simple.

Des options que nous possédons aujourd’hui ?
 

Emmanuel Boulard : Aujourd’hui, il faudrait d’abord trouver une raison qui justifie une telle opération. Dans le cas français, des enjeux extérieurs majeurs ont déjà été mis en cause mais depuis les années 60, la vision que l’on a de la Défense a changé et le concept de dissuasion nucléaire a durablement bouleversé notre manière de nous défendre.

Concrètement, la dissuasion consiste à persuader un pays adverse qu’il perdra plus qu’il ne peut espérer gagner s’il nous attaque, et donc à le convaincre de n’en rien faire. Ceci pour éviter d’en arriver à de telles extrémités.

En outre, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le « concert des nations » est organisé afin de toujours privilégier une alternative à la guerre totale et ouverte. C’est la raison d’être d’instances comme les Nations Unies.

Mais en 1944, il était clairement impossible de négocier avec le IIIème Reich. Le seul moyen était donc d’attaquer. Aucun débarquement n’avait jamais été aussi important que celui du 6 juin 1944 et aujourd’hui, sans l’improbable retour d’un contexte de guerre totale, personne n’en serait capable.

La Rédaction


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