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Robot électrique, Mai 68, X, Internet: quelle est votre génération?

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Qu’est-ce qu’une génération ?
 

Pascale Hébel : Avant tout, il y a plusieurs approches. Les premiers travaux sur les générations remontent à Ronald Inglehart dans les années 80. Par tranche de trente ans, il avait défini plusieurs générations sur des critères sociologiques. Lorsque l’on parle de génération X ou Y, c’est selon cette classification sociologique.

Au Crédoc, on considère que pour montrer des différences, un créneau de 30 ans est beaucoup trop large : il y a trop de phénomènes importants, trop d’innovations, trop de différences dans la consommation.

C’est pourquoi nous découpons la société par tranches de 10 ans. Mais le problème n’est pas tant la segmentation que le moment où l’on considère qu’il y a rupture. Pour ce faire, il faut observer les phénomènes marquants des sociétés, et qui vont influer sur la consommation.

Quelles sont les grandes générations du XXe siècle ?
 

Pascale Hébel : Si l’on considère les évènements observés par les individus lorsqu’ils ont 20 ans, alors l’une des générations les plus importantes est celle de Mai 68, que nous appelons génération « hypermarchés ». Cela correspond aux personnes nées entre 1946-47 et 1956.

Cette génération a été marquante principalement parce qu’elle a amené un bouleversement dans les valeurs. Dans la plupart des familles, on constate alors une différence profonde entre l’éducation reçue et l’éducation donnée.

Alors que les relations familiales étaient fondées sur l’autoritarisme et la hiérarchie paternaliste, la génération Mai 68 est celle de la tolérance, du soft management. C’est aussi la génération Dolto : l’éducation donnée par ceux qui avaient 20 ans en 1968 est plus souple, et davantage fondée sur la relation affective que sur l’obéissance.

On peut aussi mentionner la génération « livraison à domicile », qui a eu 20 ans entre 1957 et 1966, et a vu arriver l’eau en bouteilles, la nourriture en sachets, la lessive liquide, le code-barres, la cafetière électrique, les ouvertures faciles…

Comment le Crédoc caractérise-t-il la génération actuelle ?
 

Pascale Hébel : Nous appelons la dernière génération en date la génération « nomade », ou génération « Internet ». Ce sont ceux qui ont aujourd’hui entre 20 et 30 ans, qui pour beaucoup n’ont jamais connu la menace atomique de la guerre froide, mais sont nés avec la crise et les nouvelles technologies de communication.

D’une manière générale, la nouvelle génération « Internet » prend ses distances avec toutes les institutions (église, école, État, partis, entreprise). Elle préfère tenter de résoudre elle-même les problèmes qui se posent dans son environnement.

Et la prochaine ?
 

Pascale Hébel : On ne sait pas encore. On pourra commencer à la définir lorsque les jeunes adolescents d’aujourd’hui seront pleinement entrés dans la consommation et qu’ils auront leur propre argent à dépenser.

Propos recueillis par Antonin Marot pour JOL Press

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