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Spielberg et Lucas prédisent « l’implosion » du cinéma

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Tous deux issus de la University of South California (USC) où ils s’y sont côtoyés à la fin des années 1960, Steven Spielberg et Georges Lucas étaient de retour sur les bancs de la faculté pour répondre aux questions des étudiants du département cinéma. Lors de cette conférence, le 12 juin dernier, les deux mastodontes du box-office ont confessé leurs inquiétudes quant au futur de l’industrie.

Ironie du sort, sont pointés du doigt les blockbusters sur lesquels misent de plus en plus les studios hollywoodiens. Si ces films à gros budgets ont fait la renommée des deux géants du cinéma, avec notamment des franchises comme « Star Wars »« Jurassic Park » ou encore « Indiana Jones », ils regrettent la frilosité des producteurs, seulement attirés par l’argent et mettant de côté les œuvres indépendantes.

Au cinéma comme dans un stade

Le site américain Variety, relayé par Rue89, rapporte les déclarations des réalisateurs : «Tout ce qui les motive, c’est l’argent. Ça ne tiendra pas indéfiniment. Ils se crispent de plus en plus sur leur quête de profit. Les gens finiront par se lasser. Et les studios ne sauront rien faire d’autre. Il y aura une implosion le jour où trois, quatre, voire une demi-douzaine de ces films au budget démesuré vont se planter au box-office. Le modèle qu’on connaît aujourd’hui va changer », prévient ainsi Spielberg, qui voit le marché s’effriter au profit de superproductions dont les spectateurs finiront par être de moins en moins friands.

Une analyse que partage Georges Lucas, qui voit une conséquence directe pour le spectateur – en plus de la qualité parfois critiquable de ces superproductions : « Vous allez vous retrouver au final avec moins de salles de cinéma, de plus en plus grosses avec beaucoup de belles choses. Aller au cinéma coutera 50, 100 voire 150 dollars, comme un ticket pour Broadway ou un match de foot. Ce sera une chose chère… Les films resteront à l’affiche un an, comme les shows à Broadway. Et on appellera ça l’industrie du cinéma. »

La vidéo à la demande comme seule alternative

Quel avenir donc pour le cinéma alternatif ? Si l’on en croit leurs prédictions, il faudra lorgner du côté d’Internet, avec des plateformes comme Netflix, qui permet de regarder peu de temps après leurs sorties des films ou des séries depuis son écran d’ordinateur pour des prix largement abordables. Un septième art plus friable face à des séries TV qui ont de plus en plus de moyens, comme le rappelle Lucas : « La télévision est beaucoup plus audacieuse que le cinéma. […] Ce qui était autrefois l’industrie du cinéma, dans laquelle j’inclus la télévision et le cinéma, passera du côté de la télévision sur Internet. »

Une situation d’autant plus pessimiste que mêmes eux, ces grands noms hollywoodiens, voient leurs idées contestées : « On est quand même en train de parler de Steven Spielberg et George Lucas qui n’arrivent pas à faire sortir leurs films en salle ! », peste pour conclure le récent producteur du film « Red Tails », dont il a évoqué les difficultés pour le finaliser, tout comme Spielberg avec son « Lincoln », pourtant nominé quelques semaines plus tard aux Oscars.

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