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Transparence : Pécresse veut savoir qui embauche qui

Dans le cadre du débat en cours à l’Assemblée sur la transparence et la moralisation de la vie politique française, la députée des Yvelines, Valérie Pécresse, a déposé plusieurs amendements dont un projet d’obligation de rendre publics les liens familiaux entre les élus des collectivités locales et les personnes à qui ces collectivités reversent de l’argent (salariés, prestataires…).

A l’heure où l’affaire Cahuzac est encore dans toutes les têtes et où les gouvernants cherchent les moyens de redonner confiance aux Français en la politique et en les politiciens, la question du clientélisme doit être réglée de toute urgence. Les Français n’acceptent plus qu’un élu local puisse utiliser les deniers publics pour offrir un emploi à un membre de sa famille ou à un ami.

Les dérives clientélistes du système politique français

Il peut paraitre aberrant qu’un élu de la république puisse nommer un membre de sa famille au sein de l’institution dans laquelle il a été élu, ou lui confier un contrat public. Pourtant, cette pratique bien française, qui a connu son paroxysme avec l’affaire des emplois fictifs de la mairie Paris, est monnaie courante dans notre pays.
Nombreux sont les élus qui s’entourent de membres de leurs familles avec l’argent du contribuable.

Entre les emplois à pourvoir dans les différents services de la fonction public, les contrats de prestations de services et l’embauche de « collaborateurs », le moindre président de conseil départemental ou même maire de petite ville dispose du pouvoir de se créer des amis et des réseaux de fidèles, trop attachés aux avantages en nature qu’ils tirent de ces arrangements.

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si c’est Valérie Pécresse qui propose cette réforme, elle qui siège au conseil régional d’Île-de-France, présidé par Jean-Paul Huchon.

Le système Huchon : symbole de pratiques ambiguës

Les moeurs politiques de Jean-Paul Huhon illustrent à merveille cette dérive du système français. En effet, l’actuel président de région est connu pour ses pratiques généreuses avec l’argent public. Dans un article intitulé, « Enquête sur le système Huchon en Ile-de-France », Le Monde avait déjà démonté le système clientéliste du président de région.

Le journaliste nous y expliquait que « la région Ile-de-France détient la palme des organismes satellites. Depuis son élection à la présidence de la région, en 1998, M.Huchon a choisi de multiplier les structures parapubliques qui gravitent autour de la collectivité. D’une quinzaine, elles sont passées à trente. »

Pire, alors qu’il avait été condamné par la justice à une peine de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêts, les électeurs lui ont redonné leur confiance en 2010 et il a pu être réélu sans problème, après sa condamnation, comme si de rien n’était. Il lui était « reproché d’avoir poussé le Conseil régional qu’il dirige à passer contrat avec trois sociétés de communication qui employaient sa femme », selon Libération.

Comment éviter ces méthodes inacceptables ?

Les propositions de Valérie Pécresse vont dans le bon sens mais elles ne seront sans doute pas suffisantes. On pourrait imaginer que les membres de la famille des élus soient limités dans leur staff. On devrait surtout assortir toute condamnation judiciaire pour des abus dans le cadre des fonctions d’élus, de peines d’inéligibilité à vie.

Enfin, plus consensuelle, la limitation des mandats locaux semble nécessaire (un élu local ne pourrait pas faire plus de deux mandats).

En tant qu’observatrice de la vie politique africaine, je suis effarée de voir comment les pratiques démocratiques des Français sont si semblables à celles des républiques bananières africaines. Pourtant, les Français ne cessent de donner des leçons de démocratie et de toiser les politiciens africains qui sont semblent-ils au même niveau en termes de clientélisme…

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