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Turquie: une démocratie en pleine maturation

22.06.2013 par La Rédaction

Lors des élections du 22 juillet, les partis rivaux en présence ont tout fait pour présenter ce scrutin comme un affrontement entre islamisme et laïcité. Une rhétorique d’ailleurs venue à point nommé pour conforter la position de ceux qui, en Europe, voudraient aussi réduire à ce concept toute la politique mondiale, y compris l’adhésion de la Turquie à l’UE. Malgré tous ces grands discours, les Turcs s’intéressent avant tout à la démocratisation, à la croissance et à la stabilité.

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Le Parti conservateur Justice et développement (AKP) s’est attaqué à des problèmes qui hantent depuis des décennies les dossiers de la Turquie. La croissance économique est sans précédent. De nombreux facteurs se sont conjugués pour mettre en train le cercle vertueux dans lequel le pays s’est engagé. Aucune considération idéologique ne peut expliquer pourquoi les citoyens en ont redemandé, un électeur sur deux, pratiquement, optant à nouveau pour l’AKP. Aucune considération romantique n’explique non plus la popularité de l’AKP. Il s’agit d’un “gouvernement de majorité”, pragmatique avant tout, qui fait feu de tout bois, sur la scène internationale comme en politique intérieure.

De l’importance de l’hypothèse européenne

L’ancrage à l’UE a permis d’améliorer considérablement la prévisibilité de sa gestion et, par conséquent, la confiance des milieux d’affaires. L’élargissement des libertés, couplé à l’affirmation d’une orientation bien définie, a eu un effet motivateur et rassurant, les incidences politiques, sociales et économiques se renforçant mutuellement. Un cercle vertueux a été amorcé, grâce aux attentes positives engendrées par le processus d’intégration à l’UE et par les changements structurels qu’il doit amener. 

Bien sûr, il y a les complications tenant à l’affaire chypriote. De plus, en voyant que les hommes politiques qui fondent leur campagne sur le sentiment anti-turc parviennent au pouvoir un par un dans les pays européens, les Turcs finissent par se démotiver. Malgré tout, les partis d’opposition ont eu tort de tout miser sur l’euro-scepticisme. Surfant sur la vague du nationalisme montant, les rivaux de l’AKP ont accusé en choeur le gouvernement de “livrer” le pays à la “merci” de Bruxelles, aux dépens de sa souveraineté, de son unité et de sa sécurité. Au vu du résultat des élections, ce style de populisme ne semble guère avoir de prise sur l’électorat. Les électeurs ont tourné la page et la classe politique doit maintenant les rattraper.

Les défaillances de l’opposition

L’opposition politique n’a pas abordé les vrais problèmes. Plutôt que de s’attaquer, par exemple, à une réforme constitutionnelle bien nécessaire, à la réforme de l’administration publique ou aux lacunes en matière de liberté d’expression, l’opposition a provoqué le sentiment nationaliste, a pris des engagements absurdes, notamment sur la fixation du prix du mazout si elle arrivait au pouvoir, et a suscité la controverse sur des sujets tels que le port du foulard par les épouses des notables de l’AKP. Lorsque l’armée s’est dite prête à intervenir si les grands dogmes de la république continuaient d’être menacés par l’AKP, cette prise de position s’est retournée contre elle, renforçant le soutien qu’apportaient les citoyens à l’AKP au nom des principes du régime civil.

Non que le problème soit celui de l’intégrisme. Les partisans de l’AKP se recrutent parmi une classe moyenne montante, des hommes d’affaires désireux de protéger leurs investissements, des Kurdes en quête de leurs droits, des citoyens moyens qui attendent un meilleur fonctionnement des institutions publiques, des milieux de gauche qu’inquiète le repli réactionnaire, des jeunes qui se sentent infantilisés par l’establishment et des musulmans pieux qui se sentent exclus par tous les autres.

Réformer, réformer… une lourde tâche

Pour consolider le changement et pérenniser les avancées obtenues par ce scrutin, il faudra réformer tant la loi électorale que la loi du parti. Dans leur état actuel, celles-ci créent des structures politiques hiérarchisées et renforcent les rapports de clientélisme. Ce système ne correspond pas aux exigences d’une société de mieux en mieux informée et de plus en plus participative. De plus, la large immunité dont jouissent les parlementaires, qui porte atteinte au sens de justice et de responsabilité du corps social, doit être reconsidérée d’urgence. 

La Turquie n’en a pas encore fini de ses problèmes. L’AKP devra travailler dur pour affronter les nouveaux défis. Il devra à la fois rapprocher les exigences des nationalistes kurdes de la tendance intransigeante et assurer les milieux de gauche que leur mode de vie ne sera pas compromis par l’arrivée au pouvoir des conservateurs. Le parlement nouvellement élu aura le pouvoir soit de combler les lignes de faille sociale, soit d’aggraver les antagonismes.

De plus, les autres partis devront faire le point et se refonder pour répondre à l’attente des électeurs. Pour contrebalancer l’AKP, la Turquie a besoin d’un parti d’opposition fort, doté de mentalités et de visages nouveaux, contraint de proposer une vision nouvelle et de concurrencer l’AKP sur les problèmes de fond.

Depuis quelques années, la démocratie turque s’est affirmée. L’Europe a besoin d’un prisme plus précis pour analyser les transformations en cours dans ce pays. S’il faut en juger d’après les erreurs de calcul de l’opposition, les Turcs eux-mêmes auraient besoin d’un même prisme.

* Nigar Göksel, est analyste fondatrice à l’ESI (Initiative Européenne pour la Stabilité) et rédacteur du Turkish Policy Quarterly.

Article distribué par le Service de Presse de Common Ground (CGNews), accessible sur www.commongroundnews.org

La Rédaction


AKP Démocratie Europe Recep Tayyip Erdogan UE Union européenne
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