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Un Mondial 2014 écologique: entre intentions et réalité

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Si les Brésiliens sont quotidiennement gênés par les grands travaux en cours, redoutant même le mois de compétition, la FIFA est également inquiète des avancées des constructions. Il faut dire que le pays organisateur a de grandes ambitions pour la réalisation des lieux d’accueil des meilleurs footballeurs de la planète en juin et juillet 2014.

Des stades labélisés LEED

C’est dans le cadre de la conférence de l’ONU Rio+20, l’année dernière, que le comité organisateur local a présenté sa stratégie afin d’organiser une compétition « durable ». Des normes de construction doivent ainsi être respectées afin d’implanter au mieux ce tournoi planétaire dans des critères écologiques modernes. Ces stades verts abritent des systèmes permettant d’économiser l’eau et l’énergie, tout en faisant usage de matériaux recyclés, comme le béton issu des précédentes structures. Un pari que s’impose le Brésil et la FIFA et une nécessité pour obtenir la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design).

Ce label international de construction verte est présent dans 127 pays. C’est l’US Green Building Council (USGBC) qui a créé ce système reposant sur le principe des 3R : réduction des déchets et des ressources utilisées, réutilisation des matériaux et recyclage des matériaux. Le principe étant de créer le moins d’impact possible sur l’environnement. Des panneaux solaires sont ainsi installés, tandis que l’eau de pluie doit pouvoir être récupérable pour les vestiaires ou l’arrosage de la pelouse. Le système engage également à réduire la production de gaz à effet de serre durant les travaux.

Des investissements massifs dans les installations sportives

« L’objectif principal est de faire un événement qui utilise toutes les ressources avec intelligence, en créant l’équilibre entre aspect économique, développement social et protection de l’environnement », a ainsi déclaré le directeur de responsabilité sociale de la FIFA, l’Argentin Federico Addiechi, lors de la conférence. Plus qu’un objectif, c’est surtout une nécessité pour le Brésil, dont les financements publics, parmi lesquels la Banque de développement économique et sociale (BNDES), n’ont été accordés qu’en échange du respect de ces exigences environnementales.

L’un des meilleurs exemples de ces procédés est le stade du Mineirão, à Belo Horizonte, la sixième ville en terme de population du pays avec ses 2,5 millions d’habitants. Le stade, pourvu de panneaux photovoltaïques installés sur son toit, produira sa propre énergie et approvisionnera  près de 1 500 domiciles dans les alentours. Une véritable usine solaire à près de cinq millions d’euros, d’une durée de vie d’environ vingt-cinq ans.

Avoir des ambitions, c’est bien, les réaliser, c’est mieux

Organiser la Coupe du Monde la plus « écolo » possible ne peut être que salué. Le plus souvent le géant sud-américain est connu pour sa triste destruction de la fôret amazonienne. Encore faut-il pouvoir assumer cette prise de conscience. Car un effort considérable doit encore être fourni durant cette dernière année, afin de livrer dans les délais impartis ces stades flamboyants. Alors que la Coupe des Confédérations débute cette semaine, de nombreux retards sont à déplorer, engendrant de vives tensions entre la FIFA et les autorités brésiliennes.

Le financement des quinze milliards d’euros nécessaires pour la construction de cet énorme projet a été difficile à réunir, tandis que les histoires de corruption, fréquentes dans le pays, ont ralenti le processus. Le cas le plus préoccupant se trouve à São Paulo où, entre grèves, litiges administratifs, mauvaise évaluation des coûts, ou encore accusations de corruption, le stade de l’Itaquerao – censé accueillir le match d’ouverture – fait face à un sérieux retard.

« Tudo bem »

Un autre lieu a sérieusement écorné le crédit des organisateurs. Le mythique stade Maracaña de Rio, où sera jouée la finale. Le temple du ballon rond a officiellement réouvert ses portes le 2 juin dernier lors d’une confrontation entre la Seleção – le surnom de l’équipe nationale brésilienne – et l’équipe d’Angleterre, trois ans après le début des rénovations. Si à l’intérieur, les 80 000 personnes (l’ancienne version pouvait compter jusqu’à 200 000 spectateurs, mais pour des raisons de sécurités la capacité a été réduite) ont pu vibrer, les alentours du stade faisaient peine à voir, avec des bâches et des grillages qui montraient un chantier encore en cours, alors que celui-ci était censé être terminé. 

Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA, déclarait l’an dernier : « je ressens, non pas une angoisse, mais une inquiétude quotidienne. Ils ont beaucoup, beaucoup de travail à faire. Le Brésil n’est pas prêt pour organiser la Coupe du monde demain matin, mais il le sera en 2014 ». Aujourd’hui son discours est plus conventionnel et il salue l’accélération des travaux, sans pour autant oublier de rappeler que toutes les enceintes doivent être prêtes pour le 31 décembre et que la FIFA pourait « tout changer » avant le 1er août – date de la première commercialisation des billets – si elle estime le retard d’un stade irrattrapable. A bon entendeur…

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