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Université du Nebraska: un laboratoire de «Drone Journalisme»

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JOL Press : Quels sont les enjeux de ce nouvel outil multimédia ?
 

Matt Waite : Il est courant de surestimer l’impact des drones ou de toute autre nouvelle  technologie quand il s’agit de l’avenir du journalisme. Grâce à cet outil les journalistes pourront recueillir certains types de photos et vidéos, et ce à un coût considérablement réduit. L’usage civil des drones implique certains risques, concernant notamment, la vie privée, la sécurité, les risques juridiques, mais je crois que ces risques peuvent être facilement surmontés.

JOL Press: Selon-vous, l’usage civil des drones pose-t-il un problème éthique ?
 

Matt Waite : Bien sûr, les drones peuvent poser des problèmes éthiques et avoir une incidence sur la vie privée, mais c’est aussi le cas des appareils photos sur les téléphones. Face au développement des caméras sur les téléphones, les gens se sont alarmés, pensant que les gens seraient photographiés à leur insu dans les vestiaires ou dans leur salle de bain. Comme les autres technologies, il peut y avoir un abus de l’utilisation des drones. Mais ces engins volants peuvent également être utilisés à bon escient, à des fins utiles.

Certains types de drones à usage civil sont capables de rester en l’air pendant environ 15-20 minutes. Peut-on violer la vie privée de quelqu’un avec cette durée de vol limitée ? Oui, mais on ne peut en revanche modifier fondamentalement la vie privée dans la société.

L’impact des drones sur la vie privée devrait être minime. Peu de gens accepteront que des drones de type militaire les survolent dans les airs et les espionnent à longueur de journée. Dans une démocratie, cela ne devrait pas arriver : des lois seront mises en place pour empêcher qu’il y ait une violation de la vie privée.

JOL Press: Y-a-t-il une restriction de l’utilisation civile des drones aux Etats-Unis ?
 

Matt Waite : Aux Etats-Unis, l’utilisation des drones est interdite, au moins à des fins commerciales. Les seuls drones autorisés à voler sont les engins utilisés dans le cadre de la recherche. Pour l’instant, les médias et les entreprises ne peuvent pas les utiliser. Les amateurs peuvent, pour leur propre loisir, les utiliser, uniquement dans certaines conditions, mais l’utilisation commerciale de drones ne sera pas autorisée avant 2015.

JOL Press:  Quels types d’images un drone permet-il de capturer?  
 

Matt Waite : Dans le cadre du journalisme, je pense que les drones permettront de filmer des évènements avec une plus grande étendue spatiale, comme les catastrophes, les incendies, les inondations, les tempêtes. Cet outil multimédia permettra de prendre des photos ou des vidéos dans des zones habituellement difficiles d’accès. En Australie – où la législation autorise l’utilisation commerciale des drones – des diffuseurs les utilisent déjà pour filmer les matchs de cricket.

JOL Press: Quels exercices effectuez-vous dans le laboratoire de «Drone Journalisme» ?
 

Matt Waite : En réalité, nous ne proposons pas de « classe » à proprement parler. L’année dernière année, trois étudiants ont travaillé avec moi dans le cadre d’une activité de subvention de recherche. L’un d’entre eux était particulièrement à l’aise avec ces machines volantes – il est d’ailleurs meilleur que moi. Nous avons construit deux hélicoptères multi-rotor dans le laboratoire pour expérimenter et nous nous sommes penchés sur les modifications de la loi sur l’utilisation de ces machines.

JOL Press: Pensez-vous que les drones peuvent améliorer la qualité de l’information ?

Matt Waite : Oui, dans certains cas, les images capturées par les drones peuvent donner au journaliste une meilleure perspective sur un événement. La matière récoltée par les drones leur permet d’améliorer leur compréhension de l’ampleur d’un événement. Et cette compréhension peut être ensuite transmise aux lecteurs. Par exemple, les lecteurs et les téléspectateurs aux États-Unis ne comprennent pas l’ampleur d’un désastre de l’ouragan Katrina. Ce sont les images prises depuis les airs qui a fait prendre conscience de l’ampleur  et de l’étendue de la catastrophe. Cette nouvelle technologie permettra aux journalistes de prendre de la hauteur et d’élargir leur vision d’un fait d’actualité.

 

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