La cinquième cérémonie des « Y’a bon awards », récompensant chaque année des personnalités publiques pour les « meilleurs » propos racistes, s’est déroulée lundi 10 juin au Cabaret Sauvage à Paris. Véronique Genest et Jean-François Copé font partie des grands vainqueurs.
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Organisée par l’association antiraciste Les Indivisibles, la cinquième cérémonie des « Y’a bons awards » s’est tenue lundi soir dans le XIXème arrondissement de Paris, au Cabaret Sauvage, devant une salle comble. Après une minute de silence en hommage à Clément Méric, militant antifasciste mort mercredi dernier après une rixe avec de jeunes skinheads, la cérémonie parodique a commencé.
« Le racisme n’a pas de couleur politique »
« Pour la première année de présidence normale sous un gouvernement de gauche, le racisme, toujours normal, n’a pas de couleur… politique ! » ont rappelé les organisateurs en ouvrant la cérémonie. Cette année, le jury était notamment composé de l’acteur et animateur Laurent Baffie, du musicien Marco Prince, de l’humanitaire Rony Brauman, des Djs Cut Killer et Pone, des journalistes Nadir Dendoune et Denis Robert, de Mireille Fanon-Mendes-France, présidente de la Fondation Frantz-Fanon, ou encore de Toumi Djaidja, initiateur de la Marche pour l’Égalité en 1983.
Les récompenses – des peaux de bananes dorées – ont été remises dans six catégories différentes à six personnalités ayant marqué l’année par leur propos racistes. Aucun de nominés n’était présent lors de la cérémonie, excepté Christophe Barbier, le directeur de la rédaction de L’Express, venu chercher deux « Y’a bon » gagnés en 2010 et 2012.
Dans la catégorie « Super patriote »
L’actrice Véronique Genest a reçu le premier prix pour avoir déclaré : « Alors tout de suite : ‘Islamophobe ! Raciste !’, alors moi j’ai réfléchi. J’ai réfléchi et je me suis dit : « Islamophobe. Islamophobe ça veut dire c’est la phobie c’est la peur. C’est bien ça ? Alors effectivement peut-être je suis islamophobe. Ce soir je fais mon coming out : oui probablement que je suis, comme beaucoup de Français, islamophobe. »
Dans la catégorie « Retourne chez ta mère »
Le chroniqueur à RMC Franck Tanguy a remporté le deuxième prix, pour avoir dit : « Très franchement, quand je vois un barbu en djellaba qui traverse au feu rouge, j’ai envie d’accélérer. »
Dans la catégorie « Territoires perdus de la République »
Dans cette catégorie, le grand gagnant est Jean-François Copé, président de l’UMP, et ses désormais célèbres pains au chocolat… « Il est des quartiers où je peux comprendre l’exaspération de certains de nos compatriotes, pères et mères de famille rentrant du travail le soir, apprenant que leur fils s’est fait arracher son pain au chocolat à la sortie du collège par des voyous qui lui expliquent qu’on ne mange pas pendant le ramadan. »
Dans la catégorie « Au bon vieux temps des colonies »
Le prix revient à Jean Sébastien Vialatte, député UMP, pour son tweet après les débordements de la fête de victoire du PSG : « Les casseurs sont sûrement des descendants d’esclaves #Taubira va leur donner des compensations. »
Dans la catégorie « Racisme à peine voilé »
Elisabeth Badinter, philosophe féministe et femme d’affaires, a enfin reçu un « Y’a bon » pour une phrase prononcée dans Elle : « D’un côté, on commémore les victimes de Mohamed Merah et veut combattre l’islamisme radical, et de l’autre on laisse faire l’entrisme de ces islamistes dans des crèches de quartier. Il faut absolument réagir très vite. »
Dans la catégorie « Pour l’ensemble de son œuvre »
La journaliste Elisabeth Levy s’est notamment fait remarquer pour avoir dit que « quiconque a déjà voyagé dans une rame, entouré de gens vêtus de boubous ou de djellabas devrait avoir l’honnêteté de partager ce constat. Il est évidemment permis − voire vivement conseillé − d’apprécier bruyamment cet exotisme à domicile » (dans Causeur, 2013)
