Site icon La Revue Internationale

Calcul astronomique ou calendrier lunaire pour définir les dates du ramadan?

[image:1,l]

Le 9 mai, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a fixé la date de début du ramadan au 9 juillet. Traditionnellement, les musulmans se réfèrent au verset coranique instaurant la prescription du jeûne du mois de Ramadan au 9e mois lunaire : « Le mois de Ramadan est celui au cours duquel le Coran a été révélé pour guider les hommes dans la bonne direction et leur permettre de distinguer la Vérité de l’erreur. Quiconque parmi vous aura pris connaissance de ce mois devra commencer le jeûne… » (Coran 2.185).

Calcul astronomique…

Seulement la méthode pour déterminer les débuts des mois lunaires n’est pas explicitement exposée dans le coran. D’où le conflit entre les partisans de l’observation traditionnelle du croissant de lune et ceux du calcul astronomique. Cette année, le Conseil français du culte musulman a préféré trancher et a fixé la date du début du mois de jeûne au 9 juillet, suivant ainsi le calendrier astronomique.

« Pour qu’un calendrier puisse permettre de situer les différents événements dans le temps et servir de moyen d’organisation et de planification des différentes activités, il doit pouvoir répondre à trois exigences : associer une date spécifique à chacun des jours d’une semaine, d’un mois ou d’une année donnée ; la correspondance entre les dates et les jours doit être univoque : à une date doit correspondre un seul jour et le calendrier doit être simple dans sa construction, dans son utilisation et à la portée des états et des communautés musulmanes. Il doit servir à unir et à rassembler les musulmans et non à les diviser », explique le CFCM.

Et de conclure : « Il se trouve que, dans l’état actuel des choses, le calendrier lunaire basé sur l’observation mensuelle ne répond pas à ces exigences, contrairement au calendrier lunaire basé sur le calcul. » Mais cette méthode ne convainc pas tous les musulmans : certains scruteront la lune la veille ou attendront le verdict de pays musulmans pour savoir quand commencer le jeûne.

Vs calendrier lunaire 

Certains musulmans attendront, en effet, la nuit du doute pour affirmer quel jour correspondra au premier jour de ramadan. La nuit du doute est, dans le calendrier musulman, la nuit du 29e jour du mois de Cha’bân, au cours de laquelle le ciel est observé pour apercevoir le fin croissant lunaire (« hilal ») qui suit la nouvelle lune. Si le croissant est visible, le mois de Ramadan débute le lendemain matin. Si le croissant n’est pas visible, le mois de Cha’bân dure un trentième jour, après lequel débute le mois de Ramadan.

Fateh Kimouche, créateur et l’animateur du site Al-Kanz, la décision par le CFCM, « qui touche directement la vie des musulmans, aurait dû être le résultat d’une large concertation et non prise dans des salons feutrés entre deux télégrammes d’ambassades étrangères ». Selon lui, depuis des siècles, la détermination du début du mois de ramadan suscite des désaccords, ce qui ne justifiait pas pour autant cette « décision brutale et unilatérale qui a semé confusion et pagaille dans les mosquées et la communauté musulmane »

Inquiétudes de certaines mosquées

Le site TrouveTaMosquée.fr écrit, en effet, recueillir les inquiétudes et les interrogations de nombreuses mosquées de France, peu convaincues par la décision du CFCM : « Pourquoi avoir privilégié le calcul astronomique à l’observation qui a toujours été utilisée en France ? Pourquoi cette décision a été prise unilatéralement par le CFCM ? Les associations musulmanes qui gèrent les mosquées de France s’interrogent. Il y a ceux qui ont déjà choisi le 9 juillet, d’autres attendent l’observation de la lune et il y a ceux qui ne savent pas. »

« Certaines mosquées voudront avoir l’avis de l’Arabie Saoudite mais je pense que les musulmans de France, très majoritairement, prendront la date déterminée par les savants de l’islam, qui est scientifiquement irréfutable », a préféré considérer Dalil Boubakeur, le nouveau président du CFCM. Selon une enquête de l’Ifop pour La Croix, réalisée en 2011, sur les musulmans en France, près des trois quarts (71 %) des personnes se déclarant de religion musulmane jeûnent durant tout le mois.

Quitter la version mobile