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Ce que proposent l’UMP et le PS pour lutter contre la montée du FN

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Dans le baromètre TNS Sofres du mois de juillet, la présidente du Front national gagne 3 points auprès des sympathisants de gauche et du Parti socialiste et 6 points auprès des sympathisants UMP. Un taux de popularité record : 31% des Français souhaitent en effet lui voir jouer un rôle important au cours des mois et des années à venir. Si l’élection partielle de Villeneuve-sur-Lot avait déjà été interprétée comme un signe avant-coureur du rejet des partis traditionnels par les Français, rien ne pouvait prédire une telle ascension.

Attaquer le FN sur son programme

« L’UMP est désormais la seule force électorale de résistance au Front National », elle « a maintenant la responsabilité de mener le combat contre » lui, affirme Alain Juppé sur son blog. « Responsabilité lourde si l’on considère, comme c’est mon cas depuis toujours, que l’arrivée du FN au pouvoir serait une catastrophe pour la France ». Pour lui, dire aux électeurs du FN que « leur vote est une manifestation compréhensible d’exaspération, irrationnelle et vouée à l’échec car le FN n’est pas un parti de gouvernement » est une méthode qui « ne marche pas ».

Que faire alors ? « Il faut porter la controverse sur le terrain des programmes respectifs », explique l’ancien Premier ministre. « Le programme économique et social du FN précipiterait la France dans la spirale du déclin », car il représente « la dé-construction pure et simple de l’Union Européenne ».

Un « contre-argumentaire économique, social, extrêmement précis »

Un avis partagé par le député PS Matthias Fekl qui explique qu’il « faut garder à l’esprit que le FN n’est pas un parti comme les autres. La façade a été rénovée mais l’arrière-boutique reste très peu fréquentable et reluisante. Mais cette analyse-là n’est plus suffisante ». Que faire alors ? « Il faut la compléter par un contre-argumentaire économique, social, extrêmement précis », détaille le député. « Il veut être un parti du gouvernement et bien démontrons qu’au gouvernement tout ce qu’il ferait serait absolument désastreux. »

« Ce qui doit avant tout interroger et ce sur quoi il faut travailler c’est la montée du vote Front National dans les classes populaires, notamment en milieu rural. C’est l’une des raisons pour lesquelles le président nous fixe comme objectif d’inverser la courbe du chômage en 2013 », a expliqué de son côté le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon.

Rétablir la confiance

Pour Julien Aubert, député (UMP) du Vaucluse, « ceux qui votent FN sont pour beaucoup d’anciens RPR ou des UMP déçus, qui trouvent que notre mouvement, qu’ils voient comme fédéraliste, européen et libéral, n’est pas assez à droite », explique-t-il dans Libération. « Ils ne font plus confiance aux hommes politiques. Je passe une grande partie de mon temps à lutter contre la défiance ! » Et d’ajouter : « L’UMP étant en crise, ils se disent que l’avenir, c’est le Front national. On est loin du débat d’idées… »

Que faire alors ? « Je reste moi-même, en me disant que les gens vont voter pour moi, davantage que pour un parti », explique le jeune élu de 35 ans. « J’explique que je ne suis pas responsable de tout ce qui se passe à l’UMP, que j’agis au sein du parti avec mes idées »… Pas sûr que l’argument parvienne à convaincre les électeurs du Vaucluse qui ont voté à 42,09 %, au second tour des législatives.  

Défendre l’intérêt des peuples européens

Le 23 juin dernier, Arnaud Montebourg attribuait la montée du front national à l’incapacité des institutions européennes à défendre l’intérêt des peuples européens : « Monsieur Barroso est le carburant du Front national, voilà la vérité ! » a-t-il expliqué lors de l’émission « Tous politiques » avec  France Inter, Le Monde et l’AFP. Le ministre du Redressement productif a plus largement critiqué « toute cette classe dirigeante européenne, qui ne voit pas que l’Union européenne est la seule région du monde qui a organisé en quelque sorte sa propre récession, alors que partout dans le monde c’est la croissance ! »

L’incapacité des institutions européennes à défendre l’intérêt des peuples européens expliquerait-elle la montée des souverainismes ? C’est aussi ce que semble penser Delphine Batho, l’ancienne ministre de l’Ecologie, qui n’a pas hésité à expliquer, lors d’une conférence de presse, le 4 juillet que « la politique d’austérité en Europe » et « l’absence d’espoir » faisaient le lit du Front national.

Pour le commissaire européen au Marché Intérieur et aux Services, Michel Barnier, « c’est la responsabilité des ministres et en particulier celle de M. Montebourg de lutter contre le chômage, de lutter pour la compétitivité des entreprises, de ne pas refermer les frontières, de faire des réformes en France ça c’est le boulot qui est le leur », a déclaré l’ancien ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy. A se renvoyer la balle, il en est une qui ne se sent pas du tout menacée et qui continue à monter…

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