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Ce qui a poussé Kristina Rady, l’ex-épouse de Bertrand Cantat au suicide

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Le 1er août, transportée à Paris, Marie Trintignant meurt. Le leader du groupe Noir Désir est incarcéré, en Lituanie puis en France. Il est libéré pour bonne conduite en 2007. Pour restituer les faits, Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard évoquent la relation quasi fusionnelle du couple, la personnalité de Marie Trintignant et de sa mère, Nadine, et les rebondissements du dossier : la dissolution du groupe, les suicides de Kristina Rady (2010) et d’Olivier Metzner (2013), épouse et avocat de Bertrand Cantat.

Ils ont eu accès aux pièces du dossier – comptes rendus d’auditions et interrogatoires des témoins clés -, se sont appuyés sur des témoignages recueillis tant en France qu’;en Lituanie – proches, magistrats, avocats… -; ainsi que sur les enquêtes de la police lituanienne et de la brigade criminelle de Paris pour reconstituer l’enchaînement fatal.

Extraits de Marie Trintignant – Bertrand Cantat : l’amour à mort de Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard (Archipel).

Le récit de François Saubadu, qui relate des propos tenus en 2009, doit être considéré avec prudence. Cependant, les similitudes avec le comportement de Bertrand Cantat vis-à-vis de Marie Trintignant à Vilnius sont troublantes. Et la suite des événements va tragiquement confirmer cette impression.

Fin mai 2009, François Saubadu doit partir un mois en voyage professionnel à l’étranger. Il en profite pour mettre un peu de distance entre lui et Kristina. Leur histoire ne cesse de se compliquer, Kristina passe de plus en plus de temps avec ses enfants et Bertrand. À son retour en France, le 24 juin, l’amant éconduit la retrouve pourtant à Paris. Ils prennent ensemble un TGV pour Bordeaux. La jeune femme lui apparaît perdue, terriblement angoissée. Alors que le train approche de son terminus, elle demande à son ami de changer de wagon, craignant que Cantat ne l’attende à la gare et ne lui fasse une nouvelle scène de jalousie !

Une semaine plus tard, le téléphone de François Saubadu sonne. Il entend la voix bouleversée de Kristina lui expliquer qu’elle a eu, la veille, une violente dispute avec Bertrand Cantat et qu’elle s’est enfuie de leur domicile avec sa fille Alice. Son fils Milo se trouve alors en vacances à Munich, chez la sœur de Kristina. François Saubadu, qui n’est pas à Bordeaux, appelle un de ses amis bordelais, lui demandant d’aller chercher d’urgence Kristina et Alice et de les héberger provisoirement chez lui.

[image:2,s]Tout se passe comme prévu. Arrivée chez cet ami, Kristina Rady, en larmes, s’isole dans le jardin et compose le numéro de téléphone de ses parents, à Budapest. Mais Ferenc et Csilla Rady sont partis pour leur résidence secondaire, sur les bords du lac Balaton, au sud-ouest de la capitale hongroise. La messagerie se déclenche, puis le bip. Kristina se lance alors dans un long monologue en hongrois. L’enregistrement dure exactement sept minutes et trente-trois secondes. Parce qu’il jette un éclairage cru et précis sur la personnalité de Bertrand Cantat et sur le couple autodestructeur qu’il forme alors avec Kristina, le voici retranscrit dans son intégralité brute.

« Allô, salut maman, salut papa, c’est Cini [le diminutif de Kristina] qui parle… Ici beaucoup de choses se sont passées et des pas bonnes, c’est pourquoi je ne savais vraiment plus quoi vous dire, et donc je ne vous appelais pas, et après ça faisait si longtemps que je ne vous avais pas appelés que je n’osais même plus vous rappeler sans savoir que dire, comment vous expliquer la raison pour laquelle je ne vous avais pas appelés, le cercle vicieux, même quand on a quarante ans… Hélas, je n’ai pas grand-chose de bon à vous offrir, et pourtant il aurait semblé que quelque chose de très bon m’arrive, mais en l’espace de quelques secondes Bertrand l’a empêché et l’a transformé en un vrai cauchemar qu’il appelle amour. Et j’en suis maintenant au point – alors que j’avais du travail pour tout ce mois-ci, ce qu’il ne supporte pas – qu’hier j’ai failli y laisser une dent, tellement cette chose que je ne sais comment nommer ne va pas du tout [mot inaudible], mon télé- phone, mes lunettes, il m’a jeté quelque chose, de telle façon que mon coude est complètement tuméfié et malheureusement un cartilage s’est même cassé, mais ça n’a pas d’importance tant que je pourrai encore en parler…»

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Stéphane Bouchet, reporter au Parisien en 2003, fut le premier journaliste français présent à Vilnius au lendemain des faits. Frédéric Vézard, également reporter au Parisien à l’époque, a couvert l’affaire, assistant notamment au procès de Cantat en Lituanie.

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