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Ces vacances de ministres qui ont fait scandale…

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« Dire que les ministres n’ont pas droit à la détente, ce ne serait pas sincère vis-à-vis des Français. Ils ont droit de se reposer quelques jours. Mais dans des périodes de crise, l’idée même de prendre deux semaines de vacances ne va pas de soi… » aurait confié François Hollande, selon des propos rapportés par Le Monde.

Ce que le chef de l’Etat veut à tout prix éviter ce sont les scandales qui, à l’heure où sa cote de popularité est au plus bas, pourraient encore plus altérer son image et celle de son gouvernement. Les ministres ont, par ailleurs, été priés de « rester disponibles » et « doivent pouvoir rentrer rapidement à Paris en cas de nécessité », souligne Matignon.

Selon Europe 1, en cas d’escapades hors Union européenne, les ministres devront en informer le secrétaire général du gouvernement, qui vérifiera, en liaison avec le Quai d’Orsay, « la compatibilité de la destination choisie avec la politique de la France ». Cette année les membres du gouvernement n’ont pas le droit à l’erreur. Pas question de reproduire les erreurs passées. Retour sur les vacances des ministres les plus critiqués…

Aurélie Filipetti, partie en vacances à l’île Maurice

L’affaire avait fait grand bruit. En décembre dernier, Aurélie Filipetti s’était envolée à l’île Maurice pour les fêtes de Noël. « Je considérais que ce séjour relevait de la vie privée », s’était défendue la ministre de la culture. « Quand le président de la République demande aux ministres de rester à deux heures de Paris, ce n’est plus de la vie privée », avait alors attaqué le journaliste Jean-Jacques Bourdin. « Ce voyage m’a été offert par mon compagnon », avait-elle répondu au Lab d’Europe 1, précisant : « Dès que j’ai connu la teneur de ce cadeau, j’en ai averti le président de la République qui m’a autorisée à partir. »

Une  série de clichés publiée par le site Internet de Voici avait accompagné cette polémique, on y voyait la ministre sur le sable chaud ou se baignant dans une eau turquoise. Si la politique est avant tout une question de bonne communication, il est certain que ces photos n’ont pas été une bonne publicité pour l’image d’un gouvernement proche des Français.

Les vacances de Michèle Alliot-Marie qui ont conduit à sa démission

En pleine révolution tunisienne, deux jours avant la chute du régime de Ben Ali, le 12 janvier 2011, la ministre des Affaires étrangères déclarait à l’Assemblée, sur le rôle que la France joue en Algérie et en Tunisie : « On ne doit pas s’ériger en donneurs de leçons » face à une situation « complexe ». Accusée de complaisance avec le gouvernement tunisien, MAM se retrouvait alors plongée au cœur d’un scandale qui allait la conduire à démissionner.

Quelques jours plus tard, Le Canard enchaîné révélait en effet que la ministre, accompagnée de son compagnon Patrick Ollier, ministre des relations avec le Parlement, et de ses parents, avait profité d’un jet privé appartenant à Aziz Miled, homme d’affaires proche du clan Ben Ali-Trabelsi, et Belhassen Trabelsi, beau-frère du président déchu. Si la ministre affirmera avoir « payé ses vacances », elle ne résistera pas à la pression médiatique et politique. « Bien qu’ayant le sentiment de n’avoir commis aucun manquement, j’ai (…) décidé de quitter mes fonctions de ministre des Affaires étrangères et européennes », écrira-t-elle.

François Fillon en Egypte

Dans le même registre et à la même époque, Matignon annonçait qu’à la fin de l’année 2010, le premier ministre avait utilisé un avion « de la flotte gouvernementale égyptienne » pour se rendre d’Assouan à Abou-Simbel, confirmant des informations du Canard Enchaîné. Hosni Moubarak a connu d’importantes manifestations hostiles à son pouvoir en Égypte à partir du 25 janvier 2011. Mais depuis plusieurs mois son impopularité était manifeste. Cette invitation est donc apparue pour beaucoup comme scandaleuse.

La dirigeante du PS Martine Aubry s’était alors dite « consternée » par ces informations : « J’apprends avec consternation que les vacances privées du Premier ministre en Egypte ont été financées par le président Moubarak ; décidément, on voit jour après jour combien le gouvernement a perdu le sens de l’esprit public ». Le 11 février 2011, Hosni Moubarak quittait la capitale égyptienne pour s’installer à Charm el-Cheikh avec sa famille.

Le fameux yacht de Vincent Bolloré

Les premières vacances de Nicolas Sarkozy en tant que président de la République, en mai 2007, avait fait la une de tous les journaux de l’époque et imprimé, pour toute la durée de son quinquennat, un caractère « bing-bling » à la présidence. Le chef de l’Etat avait en effet accepté de passer quelques jours à bord du Paloma, le yacht de 60 mètres de Vincent Bolloré. « Je n’ai pas l’intention de me cacher, je n’ai pas l’intention de mentir, je n’ai pas l’intention de m’excuser », avait justifié Nicolas Sarozy. « Je sais que les Français sont des gens très lucides et qui raisonnent (…) et qui savent faire la part des choses entre la polémique politicienne, la politique et la réalité ».

« Forme d’arrogance et même d’insulte », « faute de goût », « loisirs sponsorisés », « vacances de milliardaire » : les critiques avaient cependant abondées. « Ce qui pose un problème, c’est le style de ces vacances, le fait qu’il soit sur le bateau d’un riche homme d’affaires et qu’on ne sache pas aujourd’hui si c’est la République qui assure le défraiement de ce déplacement », s’était indigné François Hollande.

Manque de réactivité face à la canicule de 2003

En 2003, selon les chiffres du ministère de la Santé, 11 435 décès avaient été causés par la canicule pour la seule période du 1er au 15 août. Une violente polémique avait alors éclaté. Etait reproché aux ministres, partis en vacances sur cette période, un manque de réactivité. Jean-François Mattei, le ministre de la Santé de l’époque, avait dû plusieurs fois se justifier de ne pas démissionner : « Un médecin ne démissionne jamais face à ses malades », avait-il lancé au JDD. Jean-Pierre Raffarin avait alors proposé de prendre des mesures, à commencer par la suppression d’un jour férié.

« L’idée a l’apparence de la générosité (…) mais elle apparaît surtout comme un cadeau au patronat. Surtout, elle est un prélèvement sur les seuls salariés, au moment où des baisses d’impôts sont consenties aux plus favorisés », avait déclaré François Hollande, alors premier secrétaire du PS. Face à ces pressions, le gouvernement avait affiché une détermination sans faille à « mettre en place une politique qui donne enfin à nos aînés la place qui leur revient dans notre société ». Un scandale de ce genre n’est depuis jamais plus survenu.

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