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Chili: le cas d’une fillette violée et enceinte relance le débat sur l’IVG

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«Ce sera comme une poupée que je tiendrai dans mes bras»

L’histoire de la petite Belen – nom d’emprunt – a été révélée le 4 juillet dernier et relance depuis le débat sur l’avortement au Chili. C’est la grand-mère de la fillette qui a alerté la police la semaine dernière lorsqu’elle a découvert que la petite âgée de 11 ans avait été violée par son beau-père, et qu’elle était enceinte de trois mois. Dans une interview à la chaîne de télévision Canal 13, diffusée mardi 9 juillet, Belen a déclaré qu’elle était prête à garder l’enfant : « Ce sera comme une poupée que je tiendrai dans mes bras. Je vais l’aimer beaucoup même si elle est de cet homme qui m’a fait du mal, cela ne fait rien, je vais l’aimer » a-t-elle expliqué. 

Une législation restrictive

Comme dans six autres pays en Amérique latine – Salvador, Honduras, République dominicaine, Suriname et Nicaragua – l’avortement est illégal au Chili. Autorisé en 1931, l’avortement thérapeutique fut interdit en 1989 sous la dictature d’Augusto Pinochet.

Dans l’un des pays les plus conservateurs du continent – où le divorce est devenu légal en 2005 – environ 12% des adolescents entre 15 et 19 ans seraient parents, rapporte le quotidien espagnol El Pais qui rappelle également que le Chili figure au 16e rang des pays d’Amérique latine où le taux de grossesse chez les adolescentes est le plus élevé.  

Le poids de l’Eglise catholique

En 2012, la question de la dépenalisation avait été discutée au Congrès, mais le Parlement avait finalement mis fin au débat devant l’absence de consensus entre les parties. Depuis vingt ans, pas un seul projet de loi n’a ainsi été proposé afin de rétablir l’avortement thérapeutique, en raison notamment du poids de l’Eglise catholique sur l’éxécutif.

« Le gouvernement est contre tout type d’avortement », a déclaré le ministre de la Santé Jaime Mañalich sur CNN Chili. « Touché » par les déclarations de la fillette,  le président chilien Sebastian Pinera a quant à lui mis en avant les dangers que comportait une telle grossesse, du fait du jeune âge de la petite, estimant que si un accouchement prématuré avait lieu, la vie de la mère devait être la priorité. 

Mobilisation des organisations féministes

Des organisations féministes chiliennes telles que « Corporación Humanas », « Observatorio Género »  et « Miles Chile » ont appelé les politiques à rouvrir le débat sur la dépénalisation de l’avortement. Le candidat à la présidentielle Marco Enriquez Ominami, du Parti progressiste candidat à la présidentielle, a par exemple  appelé ses adversaires à se prononcer sur la question. L’ancienne directrice d’ONU Femmes Michelle Bachelet, candidate socialiste à l’élection présidentielle, a également manifesté en faveur de la légalisation de l’avortement en cas de viol ou de risques pour la mère. 

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