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Chute de cheveux, pilosité… Quels sont les conséquences de la pilule?

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Plus de cinq millions de Françaises prennent la pilule. Mais fin 2012, une polémique enfle, et ce moyen de contraception est accusé de leur faire courir un risque mortel : embolie pulmonaire, accident vasculaire cérébral… Face à l’afflux de questions des patientes, les gynécologues s’avouent souvent mal informés et les femmes s’inquiètent.

Extraits de La vérité sur la pilule, du docteur Henri Rozenbaum (Librio)

Y a-t-il ou non un risque ? De quel ordre serait-il ? Quels sont les profils concernés ? Quelles précautions doivent absolument être prises ? Bref, quelles sont les règles à respecter pour prendre la pilule sans courir de risque ? Le docteur Rozenbaum répond à toutes ces questions.

La pilule fait-elle pousser les poils ?
 

Certaines pilules lourdement dosées en progestatif ont pu, dans le passé, augmenter la pilosité de femmes sensibles. Heureusement, ces pilules ne sont pratiquement plus utilisées aujourd’hui. Avec les pilules actuelles, faiblement dosées, le risque d’hyperpilosité est presque nul. Toutefois, de même que certaines ont de l’acné, certaines personnes ont tendance à l’hyperpilosité, ce qui devrait les inciter à utiliser une pilule de troisième ou quatrième génération. Si cette tendance provient d’un dérèglement hormonal ovarien, ces pilules constitueront un excellent traitement.

La prise de la pilule peut-elle entraîner une chute de cheveux ?
 

Après un accouchement, il arrive à certaines femmes de perdre des cheveux plus que de coutume à cause d’une hyperséborrhée du cuir chevelu. Les pilules de première ou de deuxième génération, toujours parce qu’elles contiennent un progestatif se fixant légèrement sur le récepteur de l’hormone mâle, peuvent accentuer ce désagrément, surtout si vous êtes très sensible et spontanément sujette à la séborrhée. Très rarement, cela peut favoriser la chute des cheveux. Je vous invite alors à utiliser une pilule de troisième ou de quatrième génération.

La pilule peut-elle faire apparaître une pigmentation du visage, identique à un masque de grossesse ?
 

Cette légère affection, appelée chloasma, est constatée, en effet, dans 0,5 à 1 % des cas. Elle est fréquemment observée avec les produits lourdement dosés en progestatifs de synthèse. Mais certains chercheurs ont remarqué qu’elle était aussi liée à une carence en vitamines du groupe B. Si cela vous arrive, je vous conseille d’arrêter la pilule et d’éviter de vous exposer au soleil, qui aggrave la pigmentation cutanée. La régression de cette pigmentation a lieu naturellement mais elle peut demander plusieurs mois.

Les pilules ont-elles une influence sur la libido ?
 

Une diminution de la libido, en général temporaire, peut survenir après un accouchement. Votre libido peut être stimulée par la prise de la pilule si celle-ci supprime la crainte d’une grossesse. Mais elle peut aussi se comporter comme le révélateur d’un problème psychologique sous-jacent, ou d’une situation conflictuelle. Les composants du désir sont trop complexes pour pouvoir être traités ici en quelques lignes. Si vous avez l’impression que votre libido diminue sous pilule, n’hésitez pas à en parler à votre médecin. Un changement de pilule pourra parfois suffire, voire un changement de procédé contraceptif. Ce sera du reste un test : si le symptôme persiste, la pilule n’y était pour rien. Mais parlezen franchement avec votre médecin : vous avez peut-être besoin d’une psychothérapie de soutien.

[image:2,s]La prise de la pilule peut-elle déprimer ?
 

Là encore, il s’agit d’une question difficile à effleurer en quelques lignes. La progestérone, à hautes doses, a des propriétés sédatives sur le système nerveux central, puisqu’il est possible d’endormir un animal en lui en injectant de fortes doses. Les pilules actuelles, faiblement dosées, sont donc peu susceptibles d’être un facteur de dépression. Des syndromes dépressifs, ce que l’on appelle le « baby blues », surviennent parfois dans les suites de couches. Si ce phénomène apparaît avec la pilule, essayez une autre marque. En cas de syndrome persistant, adoptez une autre méthode de contraception. Si vous êtes toujours déprimée, vous avez peut-être besoin, là aussi, d’une psychothérapie.

Peut-il arriver que les règles ne réapparaissent plus après l’arrêt de la pilule ?
 

Cette éventualité est rarissime. Elle signifie que l’ovulation ne recommence pas à l’arrêt de la pilule. Cet incident peut notamment se produire si vos règles étaient irrégulières avant que vous preniez la pilule. Dans la pratique, assurez-vous que vous n’êtes pas enceinte, et faites au besoin un test de grossesse. Si vous n’êtes pas enceinte, patientez quelques mois. Vos règles finiront par réapparaître. Sinon, consultez votre médecin afin de déterminer la cause de cette absence. Le plus souvent, cela se fait par un dosage hormonal qui permet de choisir le traitement approprié. La pilule n’a jamais été une cause de stérilité.

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Le docteur Henri Rozenbaum est gynécologue et endocrinologue. Ancien chef de clinique à la faculté de médecine de Paris, il est président de l’Association française pour l’étude de la ménopause (AFEM), ancien président de l’European Menopause Society et créateur du premier centre de traitement de la ménopause en France. Il est également rédacteur en chef d’une revue médicale et auteur de nombreux ouvrages faisant autorité sur la ménopause et la gynécologie. Il est invité à donner et à présider de nombreuses conférences en France et à l’étranger.

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