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Croissance: la Chine ralentit plus rapidement que prévu

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Le ministre chinois des Finances, Lou Jiwei, a indiqué jeudi 11 juillet que la croissance chinoise en 2013 atteindrait 7% du PIB. Une annonce surprenante puisque l’objectif officiel du gouvernement chinois, annoncé en mars dernier, a été fixé à 7,5% lors de la réunion annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP).

Le second semestre chinois en dessous des 7,7%

« Le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) attendu cette année est de 7% », a ainsi déclaré le ministre des Finances en s’adressant à la presse à l’occasion d’une visite à Washington.

2012, comme les deux années précédentes, avait déjà été une année de freinage pour la Chine qui avait enregistré une croissance de 7,8%. Une année noire en ce qu’elle représentait la pire performance de la Chine depuis 13 ans.

Au premier trimestre de cette année, la croissance a suivi sa courbe descendante pour atteindre le taux de 7,7% du PIB, et si les chiffres du deuxième trimestre n’ont pas encore été annoncés, de nombreux spécialistes s’accordent pour croire qu’ils seront tout aussi mauvais.

« Pour l’ensemble du premier semestre, les chiffres seront publiés dans quelques jours (lundi 15 juillet, ndlr) et nous pensons que le taux sera légèrement en dessous des 7,7% (taux enregistré au premier trimestre) mais pas très loin de ce niveau », a pour sa part affirmé Lou Jiwei lors de sa conférence de presse.

« Bien évidemment, ce ne serait pas un problème majeur pour nous si nous enregistrions (en 2013) une croissance de 7% ou de 6,5% », a encore ajouté le ministre des Finances chinois. 

Moins d’investissements, moins d’exportations

Principale raison pour expliquer cette chute : la baisse des exportations. L’économie mondiale étant en berne, il est difficile pour l’usine du monde d’exporter ses produit. De plus, la consommation intérieure chinoise n’est pas encore en mesure de compenser le ralentissement de ces exportations.

Or la consommation intérieure, c’est le nouveau pari des autorités chinoises qui ont ainsi mis l’accent sur le soutien de l’économie intérieure plutôt que dans le renforcement des exportations ou des investissements, qui font traditionnellement la richesse de l’économie chinoise.

C’est la deuxième année consécutive que le Produit Intérieur Brut (PIB) est en dessous des 10 points. Il avait passé cette barre symbolique en 2011 avec une croissance de seulement 9,3%. Elle était encore de 10,4% en 2010. La troisième année est déjà bien entamée et il est désormais improbable que la Chine relève assez son économie pour sortir de cette période.

Troisième année de décroissance en Chine

Cette nouvelle est-elle surprenante ? Pas tant que ça. La croissance chinoise avait déjà ralenti durant sept trimestres consécutifs pour tomber à 7,4 % l’été dernier, avant de se redresser pour atteindre 7,9 % pour la période octobre-décembre 2012, selon les chiffres du gouvernement annoncés en janvier dernier.

Malgré un léger rebond survenu au quatrième trimestre 2012, et qui devrait permettre au développement de la Chine de s’accélérer en 2013, cette perspective positive, assuraient alors les spécialistes, ne devait pas durer longtemps.

En Chine comme ailleurs, dirigeants et spécialistes voyaient en l’année 2013, dans le pire des cas, une stagnation de l’économie. D’autres, plus optimistes, garantissaient une hausse de 0,5% de la croissance chinoise en 2013 pour que celle-ci atteigne 8,3%. Des prévisions qui n’ont pas duré longtemps.

La décroissance chinoise était prévue depuis longtemps

La décroissance chinoise est intimement liée à notre propre ralentissement économique. Mais si la croissance chinoise est moindre, les prévisions demeurent tout de même entre 7% et 7,5%. Cette décroissance était anticipée et la Chine a tout fait pour que l’atterrissage ne soit pas brutal. Elle était calculée par les dirigeants depuis longtemps. Désormais, ce ralentissement de la croissance fait également partie de la nouvelle politique chinoise. Les autorités n’hésitent pas à prôner une croissance plus équilibrée qui prendra en compte la réduction des inégalités sociales dans le pays, l’écologie, etc.

« Il est donc normal que cette croissance ralentisse, un pays ne peut pas, pendant plus de 20 ans, tenir une croissance à plus de 10%. La Chine emprunte aujourd’hui un virage entre deux modèles économiques », explique ainsi Fabienne Clérot, spécialiste de la question à l’Institut des relations internationales et stratégiques.

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