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Cyclisme: la parité hommes-femmes sur le Tour de France?

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Un Tour rétrograde

Course strictement réservée aux hommes depuis un siècle, le Tour de France n’a toujours laissé que peu de place à la gente féminine, si ce n’est des hôtesses dans la caravane et sur le podium. Le cyclisme est un sport où la parité semble être un gros mot. L’année de son centenaire, la Grande Boucle commence à tomber sous les feux des critiques, qui le jugent vieux jeu. Révoltées, quatre grandes championnes de cyclisme ont adressé un courrier au directeur du Tour, Christian Prudhomme, afin de réformer la compétition et l’ouvrir aux femmes.

Une pétition soutenue

Pour appuyer leur demande, elles ont également publié une pétition en ligne, qui, au moment où sont écrites ces lignes, trouve une résonnance populaire, puisque près de 40 000 personnes ont signé la requête en guise de soutien. Une initiative lancée par des ambassadrices de premier ordre, comme en témoigne leur palmarès : Emma Pooley (championne du monde de contre-la-montre en 2010), la cinéaste, journaliste et cycliste Kathryn Bertine, Marianne Vos (championne olympique sur route en 2012), et Chrissie Wellington (quadruple championne du monde de triathlon formule « Ironman »).

Des sponsors réticents

« Depuis 100 ans, le Tour de France a été l’événement phare des sports d’endurance, regardé par et inspirant des millions de gens. Et pendant 100 ans, ça a été une course exclusivement masculine. Après un siècle, il est temps que les femmes soient autorisées elles aussi à courir le Tour de France », réclament dans un premier temps les quatre cyclistes, dénonçant une mise à l’écart difficile à vivre pour des professionnelles : « Moins d’opportunités de courir, pas de couverture télévisée, des distances plus courtes et par conséquent des inégalités en termes de salaires et de prix remportés. »

Chacun de son côté

Les signataires précisent néanmoins qu’elles veulent participer au Tour dès l’an prochain, mais dans une compétition parallèle, sans se mélanger avec les hommes : « Nous ne cherchons pas à courir contre les hommes, mais à avoir notre propre domaine professionnel fonctionnant en conjonction avec l’événement des hommes, en même temps, sur les mêmes distances, les mêmes jours, avec des modifications dans les heures de départ et d’arrivée de la course pour que les coureurs d’un sexe n’interfèrent pas avec ceux de l’autre. »

Des règles strictes

Si les organisateurs bottent pour le moment en touche, expliquant qu’effectuer deux organisations en simultané demande une logistique trop importante, ce sont surtout les règles de l’Union cycliste internationale (UCI) qui empêchent pour le moment, sur des critères physiologiques, les femmes de courir les mêmes distances que les hommes. En effet, selon le règlement, les hommes peuvent courir une moyenne maximale de 180 kilomètres par jour, avec au maximum de deux courses de plus de 240 kilomètres lors d’épreuves de dix jours ou plus, tandis que chez les femmes, la limite est de seulement 100 kilomètres de moyenne maximale et d’une seule course de 150 kilomètres.

Plusieurs courses sont déjà mixtes

Des limitations qui n’ont plus leur place au XXIe siècle selon les coureuses, qui balaient la question physique en prenant exemple sur d’autres sports, tout aussi endurants : « À la fin des années 1960, on supposait que les femmes ne pouvaient pas courir le marathon. Trente ans après, nous pouvons regarder en arrière et voir à quel point c’était faux. » Comme elles le rappellent dans leur pétition, de nombreuses autres courses ont appliqué l’égalité des sexes, comme le Tour de Flandres ou la Flèche Wallonne.

À quand la parité ?

D’ailleurs, durant les années 80, un Tour de France féminin était couru en lever de rideau de l’épreuve masculine. Après avoir changé plusieurs fois de nom, le terme Tour étant sous propriété, cette Grande Boucle s’est arrêtée en 2010, faute de soutien. Reconnue par l’UCI, la Route de France féminine a été créée en 2006, mais n’emprunte pas les mêmes tracés que le Tour masculin. Reste désormais à voir si cette demande d’égalité trouvera écho auprès d’organisateurs régis par les sponsors et les diffuseurs. Le débat est ouvert.

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