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Delphine Batho limogée, elle n’est pas la première…

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« Sur proposition du Premier ministre, le président de la République a mis fin aux fonctions de Madame Delphine Batho et a nommé Monsieur Philippe Martin, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie », indiquait mardi un communiqué adressé à 18h par l’Elysée. Delphine Batho avait qualifié mardi matin sur RTL de « mauvais » le budget préparé par le gouvernement pour 2014, qui fait du ministère de l’Écologie l’un des plus sévèrement touchés par les économies prévues avec une baisse de 7% des crédits. Quels ministres avant elle avaient connu le même sort ?

Jean-Pierre Chevènement en 1983,1991 et 2000

Ministre de la Recherche et de la technologie puis de la Recherche et de l’industrie des deux premiers gouvernements de Pierre Mauroy (1981-1983), il refuse de participer au troisième gouvernement du Premier ministre pour s’opposer à sa politique de rigueur. C’est alors qu’il aurait prononcé cette célèbre phrase : « Un ministre, ça ferme sa gueule. S’il l’ouvre, il quitte le gouvernement. » Phrase qu’il n’hésitera pas à s’appliquer à lui-même deux fois encore.

Le 29 janvier 1991, alors ministre de la Défense de Michel Rocard (1988-1991), il démissionne pour s’opposer à l’engagement de la France dans la guerre du Golfe et le 29 août 2000, ministre de l’Intérieur du gouvernement de Lionel Jospin, il démissionne pour s’opposer au processus de Matignon visant à donner le pouvoir législatif à la Corse.

Philippe de Villiers en 1887

En 186, Philippe de Villiers est nommé secrétaire d’État sans attribution auprès de François Léotard, ministre de la Culture et de la communication, dans le gouvernement Jacques Chirac. Mais le décès de Vincent Ansquer, député de la Vendée et ancien ministre RPR, donne à Philippe de Villiers, toujours suppléant, la possibilité d’entrer à l’Assemblée nationale. Il démissionne alors du gouvernement pointant du doigt les désaccords avec son ministre de tutelle : « Je pars, car je ne veux pas être l’ombre portée de quelqu’un qui est lui-même une ombre ».

Le Pr Léon Schwartzenberg en 1988

Il aura été le ministre le plus rapidement écarté du pouvoir après sa nomination en 1988 au ministère de la Santé. Le professeur Léon Schwartzenberg, un éminent cancérologue, qui était déjà connu pour ses positions de défense active de l’euthanasie, n’a pas hésité à se prononcer pour un dépistage systématique du sida chez les femmes enceintes et aussi en faveur d’une légalisation des drogues, pour lutter contre les trafiquants et mieux contrôler la consommation. Michel Rocard demande immédiatement la démission de son ministre, face au tollé déclenché par ses déclarations. Léon Schwartzenberg aura été ministre neuf jours, du 29 juin au 7 juillet 1988.

Alain Madelin en 1995

Le 25 août 1995, le ministre de l’Economie et des finances Alain Madelin, numéro trois du gouvernement, présentait sa démission au Premier ministre Alain Juppé. Le ministre avait déclaré vouloir remettre en cause « certains avantages acquis ». Propos qui avaient provoqué un tollé dans les milieux syndicaux et à gauche.

« Les déclarations du ministre de l’Economie et des Finances contrarient la volonté réformatrice du gouvernement fondée sur une politique de justice sociale et fiscale et sur une méthode de concertation large et responsable. Dans ce contexte, Alain Madelin m’a présenté sa démission et je l’ai acceptée », avait alors déclaré Alain Juppé. Une déclaration qui ressemble de près aux raisons qui a poussé le chef du gouvernement actuel à limoger Delphine Batho.

Delphine Batho va « tout » dire

Delphine Batho, limogée mardi de son poste de ministre de l’Écologie et de l’Énergie, a assuré mercredi qu’elle dirait « tout » jeudi sur les circonstances de son « limogeage », lors de la passation de pouvoirs avec son successeur Philippe Martin. « Je souhaite à Philippe Martin bonne chance dans ses fonctions. En ce qui concerne les circonstances de ce limogeage et ses conséquences, je dirai tout dans une conférence de presse demain à 15 heures », a déclaré Delphine Batho. Il est en effet intéressant de constater que, dans son cas à elle, Matignon ne lui a pas laissé le temps de présenter sa démission. Un limogeage bien expéditif…

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