Réflexions sur une information erronée diffusée par France 2 dans le journal de 20 heures concernant l’acquisition de drones par le Ministère de la Défense
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Il y a deux jours, je regardais le journal de vingt heures sur France 2 et David Pujadas y annonçait un sujet concernant l’acquisition de drones américains par le Ministère de la Défense Français.
Cette acquisition ne peut que me réjouir car depuis de nombreuses années notre dispositif de défense présente une grave lacune dans ce domaine, lacune que j’ai dénoncée il y a plus de deux ans par une publication sur ce site.
Le sujet de mon intervention d’aujourd’hui n’est pas de disserter sur le bien fondé d’une telle décision, qu’une nouvelle fois j’approuve pleinement, mais de pointer la façon dont France 2 a présenté ce sujet.
Il y est en effet affirmé que c’est l’Armée de l’Air qui s’est pendant de nombreuses années opposée au projet de développement industriel, ou d’acquisition de drones, laissant entendre par là que c’étaient les pilotes de chasse qui craignant de perdre leur raison d’être s’étaient mis en travers de cette évolution inéluctable ; aussi pour bien appuyer cette supposition, le journaliste interrogeait-il un ancien député, monsieur Pascalon qui a affirmé haut et clair que l’Armée de l’Air était responsable de cet échec et ce par corporatisme.
On serait en droit d’attendre d’une chaine comme F2 un peu plus de professionnalisme en diffusant des informations fausses à une heure de grande écoute, et en publiant les témoignages erronés de personnes qui n’ont jamais approché le dossier.
Si le journaliste concerné s’était tourné vers les responsables qui ont œuvré sur le sujet, ces derniers auraient pu leur décrire les raisons qui ont fait que notre pays a été incapable de se doter de ces moyens indispensables dans la conduite des opérations et la prévention des crises.
Il aurait pu dire dans sont sujet que cette carence était le fruit de l’échec combiné des militaires, des industriels et des politiques qui pour ce qui les concerne n’ont pas su décider et surtout imposer car ils avaient tous les éléments pour le faire.
Le mythe du pilote de chasse est toujours vivace dans l’Armée de l’Air et anime l’enthousiasme de très nombreux jeunes gens qui choisissent ce métier, mais l’Armée de l’Air a bien compris aussi, car depuis de nombreuses années elle est engagée dans des opérations complexes que ce soit à l’intérieur de coalitions ou seule comme au Mali, que les opérations modernes mettent en œuvre de nombreuses composantes complémentaires les unes des autres et les drones y ont évidement leur place.
Ces quelques éléments auraient pu en quelques secondes être développés et permette à nos compatriotes d’être mieux informés.
Comme quoi nul n’est infaillible et l’honneur de tous est de reconnaître ses erreurs.
Général d’Armée Aérienne Vincent Lanata
Ancien Chef d’Etat Major de l’Armée de l’Air
9 juillet 2013