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Envie de partir en Corse? Voici un livre réjouissant et indispensable…

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Pour les Corses, les amis de la Corse et tous les autres, voilà un livre réjouissant et indispensable. Car sont-ils vraiment fous, ces Corses ? D’aucuns les jugent paradoxaux, paresseux, hostiles, bref dignes de leur réputation. Clichés ! S’exclament les autres, inconditionnels au contraire de l’Île de Beauté, parant de toutes les vertus ce qu’ils tiennent pour le dernier refuge de l’authenticité et de la liberté. Rien de moins !

Robert Colonna d’Istria, en familier des rivages de la Méditerranée, recadre le débat. Ils sont fous ces Corses ? Oui et non ! S’appuyant sur mille faits de la vie quotidienne, se fondant sur l’histoire, les croyances, les traditions et la vie politique insulaires, il réussit, à force de bienveillance et d’impertinente lucidité, à faire entendre un ensemble polyphonique, celui de la Corse d’aujourd’hui – sans évacuer aucun sujet, si explosif soit-il.

Après Astérix en Corse ou L’Enquête corse, cet essai plein d’humour et de sagesse permet à l’initié comme au profane de s’instruire en s’amusant. Destiné à être lu sur la plage, Ils sont fous ces Corses ! Peut aussi être savouré toute l’année. À moins que cet ouvrage ne vous serve à préparer votre prochain séjour dans l’île…

Extraits de Ils sont fous ces corses ! de Robert Colonna d’Istria (Editions du Moment)

Longtemps, pour désigner les voyous corses, on a parlé de « milieu », et réservé le mot « mafia » à ce qu’elle était à l’origine, une société criminelle basée en Sicile. Le mot mafia est désormais employé – improprement, assurent les puristes – pour désigner les criminels corses.

Le mot fait référence aux activités criminelles, mais surtout à la présence admise, universelle, discrète, acceptée, des voyous au milieu de la société, à la bienveillance dont ils sont l’objet. Dès que « mafia » est prononcée, il se trouve toujours de bonnes âmes, en Corse, pour expliquer que le phénomène voyoucratique corse n’a rien à voir avec le sicilien, par exemple. Que le crime, ici, est beaucoup moins organisé que là-bas, plus brouillon.

[image:2,s]Qu’il n’y a, en Corse, qu’une juxtaposition de bandes, qui ne tiennent que par la personnalité de leur chef ; sitôt celui-ci disparu, le groupe s’égaille, se livre à des guerres de succession, des rivaux veulent s’emparer de ses dépouilles, etc. Et rien, aucune structure supérieure, n’est prévu pour apaiser tout ce petit monde et le mettre au pas. Certes. Mais enfin, guerres de succession, rivalités, règlements de compte sévissent aussi en Sicile, dans les yakusas ou dans la mafia turque.

Et la corruption de certains tenants du pouvoir aussi. Non, ce qui signe une mafia – même si le mot peut être discuté –, c’est la préparation des esprits : les Corses admettent le phénomène. Il ne les révolte pas. Les voyous font partie du fonctionnement habituel de la société…

Plusieurs, du reste, sont élus le plus démocratiquement du monde – personnellement ou par épouse, fils, fille, beau-frère ou cousin interposés – à la tête de municipalités, voire au conseil général ou à l’assemblée territoriale. Beaucoup, qui se cachent à peine de leurs activités délictueuses, occupent des situations parfaitement officielles… On peut toujours se consoler en se souvenant qu’il en est ainsi dans le monde entier, y compris chez les plus prompts, sur tous les plans, à distribuer des leçons de morale ; mais le phénomène, en Corse, est particulièrement développé.

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Familier des rivages de la Méditerranée, Robert Colonna d’Istria, historien et écrivain, a publié de nombreux livres, récits de voyage ou reportages. La Corse demeure un de ses sujets de prédilection avec une quinzaine d’ouvrages.

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