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Espagne: le troc, une alternative pour faire face à la crise

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Le troc, un rempart contre la crise

Tous les deux mois à Valence, se déroule un évènement qu’attendent de nombreux habitants avec impatience. Le troc de vêtements baptisé « Entre deux armoires », d’abord lancé sur Internet, prend place dans le monde bien réel depuis mai 2012, dans différents espaces de la ville. 

Avec un taux de chômage de 27%, l’achat de vêtements est devenu un luxe en Espagne. Ces échanges d’habits permettent donc aux Espagnols de renouveller leur garde-robe sans dépenser un sou. C’est également l’occasion de participer à une expérience collective, dans une période de crise où lien social est fragilisé et a tendance à être déconstruit. JOL Press a posé quelques questions à Mariola Marcet sur l’histoire de cette initiative.  

JOL Press : Comment avez-vous eu l’idée de créer « Entre deux armoires » ?  
 

Mariola Marcet:  Je possédais des vêtements pratiquement neufs dans mon armoire, et j’avais des remords lorsqu’il m’arrivait de dépenser de l’argent pour de nouveaux habits, surtout par les temps qui courent. Qui n’a jamais gardé des années dans ses placards un vêtement avec une étiquette sans jamais le porter ? J’étais certaine de ne pas être la seule dans cette situation. J’ai donc décidé de lancer des trocs de vêtements au mois de mai 2012. Plus qu’un simple échange d’habits, c’est l’occasion de passer un non moment, de créer des liens avec des personnes en écoutant de la musique autour d’un verre de vin.

A chaque rendez-vous, il y a de plus en plus de monde, notamment grâce à l’écho dont nous bénéficions dans les médias, mais aussi grâce au bouche à oreille. Pour beaucoup, cette initiative apparaît comme originale et bien menée. De Armario a Armario est également un formidable tremplin pour les nouveaux talents. Des photographes, des stylistes, des illustrateurs mais aussi des dessinateurs profitent de la popularité des trocs pour s’y produire dans l’espoir de se faire connaître. 

JOL Press: Qui sont les gens qui participent à ce troc de vêtements ?

Mariola Marcet: Lorsque nous avons lancé « De Armario a Armario », ce sont les jeunes entre 20-40 ans qui étaient les plus présents, en raison notamment de la circulation de l’information sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, nous avons un peu plus de visibilité dans la presse, à la télévision et à la radio, nous avons atteint un public plus âgé, qui a moins accès aux réseaux sociaux. Cette audience varie de 40 à 65 ans. Mais il y a aussi des enfants et des adolescents.

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JOL Press: Y-a-t-il d’autres exemples d’initiatives citoyennes qui ont emergées pendant la crise ?  
 

Mariola Marcet: Oui, des marchés écologiques ont vu le jour: des gens vendent des légumes qu’ils cultivent eux-mêmes. Depuis le début de la crise, il y a eu une floraison de marchés, des trocs divers et variés: allant des meubles aux disques en passant par les vêtements. La population espagnole est consciente de la gravité de la situation dans laquelle se trouve le pays. Elle sait que cela va durer longtemps. Nous avons ont donc décidé de lancer nos propres initiatives pour mieux supporter la crise.

JOL Press: Pensez-vous que la crise provoque un élan de solidarité entre les gens ?

Mariola Marcet: Je pense que nous sommes plus solidaires qu’avant, surtout avec les personnes vulnérables et défavorisées: parce que désormais nous savons que cela peut nous arriver. Mais plus que de la solidarité, je préfère parler d’instinct de survie. Je crois que les gens se sont rendus compte de l’ampleur de la crise, et font leur possible pour vivre en dépensant le moins possible, parce qu’on ne sait pas ce qui peut arriver demain.

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